Après presque 10 ans de développement, la fameuse Harley-Davidson électrique, produite pour 2020, offre un véritable choc culturel.
Redressement majeur
Portland, Oregon. Harley-Davidson a beau être la marque de moto la plus connue du cosmos, il reste que sa situation actuelle est précaire.
En effet, même si ses mythiques customs affichent une meilleure qualité et sont plus avancés que jamais, la demande, elle, baisse constamment. D’ailleurs, la plupart des constructeurs rivaux qui, eux, offrent plusieurs autres types de motos ont maintenant carrément abandonné la catégorie. La solution envisagée par Harley-Davidson est un redressement majeur, puisque dès 2020, la marque sortira de son cocon traditionnel et commencera la commercialisation d’un modèle électrique appelé LiveWire. Il s’agit du pari le plus osé de l’industrie de la moto actuelle.
Une première
Bien que le virage électrique soit entamé depuis plusieurs années du côté de l’automobile, chez les grands constructeurs de motos, on n’a même pas encore mis l’orteil à l’eau.
BMW offre un gros scooter électrique depuis l’an dernier – la marque allemande a d’ailleurs pigé dans sa technologie auto pour s’aider –, mais en ce qui concerne la moto, la LiveWire passera à l’histoire en devenant la première monture de grande production électrique. Comme du côté des voitures, elle doit faire face à deux obstacles, l’autonomie et le prix. Harley annonce environ 235 km de ville, 113 km d’autoroute, 152 km combinés et une facture de 37 250 $.
Rien à voir avec les customs
La LiveWire est une moto de classe standard de proportions moyennes n’ayant rien à voir avec les customs traditionnels de Harley-Davidson.
Refroidie par air, sa batterie de 15,5 kWh est située suffisamment haut dans le châssis en aluminium pour que le moteur en forme d’obus puisse être logé longitudinalement sous la moto. Une transmission à une vitesse baigne dans l’huile et achemine les 105 ch et 86 lb-pi de couple à la roue arrière par une courroie crantée. Le plein d’électricité peut être fait avec un chargeur de Niveau 1 en 12,5 heures ou de Niveau 3 en 1 heure. La recharge de Niveau 2 n’est pas offerte.
Contact
On met la LiveWire en marche facilement grâce à des commandes presque identiques à celles d’une Harley à essence.
L’instrumentation à écran de 4,3 pouces affiche les données essentielles dont la charge restante, la vitesse et lequel des sept modes de conduite est sélectionné. Il n’y a pas d’embrayage et lorsqu’on enroule l’accélérateur, l’arrivée de la puissance se fait en douceur et en silence. L’intensité de l’accélération peut être considérablement limitée en choisissant le mode Rain, ou pleine si Sport est sélectionné. La technologie embarquée est supérieure à celle de n’importe quelle Harley-Davidson précédente et inclut le contrôle de traction, l’ABS et même un module mesurant l’inertie (IMU).
« Woooch »
L’aspect le plus impressionnant de la LiveWire est son accélération. Harley-Davidson annonce un 0-100 km/h en 3 secondes, soit l’équivalent d’une routière de forte cylindrée.
En selle, on découvre toutefois qu’il est très difficile de faire ces comparaisons tellement les performances sont livrées différemment de celles d’une moto à essence. Au lieu d’un moteur qui hurle en grimpant en régime chaque fois qu’un nouveau rapport est engagé, le pilote ressent plutôt une force douce et constante le poussant de manière remarquablement forte vers l’avant dans un « woooch » composé du bruit du vent et du sifflement aigu du moteur électrique. En pleine accélération, la LiveWire est décidément amusante.
Un comportement correct
Physiquement, la LiveWire a les proportions générales d’un gros modèle standard à essence, mais est plus mince et plus lourde.
Sans qu’il affiche de défauts majeurs, le comportement de la Harley électrique n’est toutefois pas d’aussi bonne qualité en pilotage sportif, puisqu’on ressent une certaine résistance en entrée de virage et un poids qui n’est pas tout à fait géré aussi naturellement que sur une bonne routière à combustion. Cela dit, en utilisation urbaine, la LiveWire propose une belle maniabilité et une agréable facilité d’utilisation. Outre des suspensions un peu sèches (l’occasion de les ajuster ne s’est pas présentée durant le lancement), le reste de la partie cycle fonctionne sans reproche.
Conclusion
La LiveWire représente une très impressionnante réalisation technique pour Harley-Davidson qui entame courageusement une nouvelle étape de sa longue histoire.
Le constructeur la décrit comme le plus haut échelon d’une grande famille électrique à venir et, en selle, on se sent bel et bien aux commandes d’une monture aboutie, raffinée, avancée et performante. Mais elle coûte 37 250 $, elle oblige son pilote à s’adapter à la vie avec un véhicule devant être rechargé et, émotionnellement, elle propose le même silence/sifflement qu’offrirait une quelconque prochaine moto électrique. La LiveWire est l’incarnation d’un choc culturel majeur pour Harley-Davidson et sa clientèle, choc dont personne n’a la moindre idée des répercussions.
* Bertrand Gahel est l’auteur du Guide de la moto. Les frais de transport et d’hébergement ont été payés par Harley-Davidson.
FICHE TECHNIQUE
Marque : Harley-Davidson
Modèle : LiveWire
Prix : 37 250 $
Garantie : 2 ans/kilométrage illimité (batterie : 5 ans/kilométrage illimité)
Moteur : aimant interne permanent, refroidi par liquide
Transmission : automatique à 1 rapport, entraînement final par courroie
Poids en ordre de marche : 249 kg
Frein avant : 2 disques avec étriers à 4 pistons et ABS
Frein arrière : 1 disque avec étrier à 2 pistons et ABS
Pneu avant : 120/70 ZR17
Pneu arrière : 180/55 ZR17