Plus forts ensemble. Cela semble être la réalité de bien des couples médiatiques, si on se fie aux propos de personnalités artistiques comme Marie-Ève Janvier, Sébastien Diaz ou Maripier Morin. Le chef-vedette Martin Juneau et l'animatrice Valérie Roberts, en couple depuis 2015 et tous deux à la barre de l'émission web Amuse-bouches, font le même constat.

«Chacun de notre côté, nous n'étions pas les personnes les plus connues. Mais d'être ensemble, ça nous a aidés: elle a plus d'exposure pour sa carrière, alors que je cherche plus de visibilité pour mes restaurants. Ç'a vraiment été utile d'un point de vue professionnel», dit Martin Juneau, propriétaire de quatre commerces de Rosemont-La Petite-Patrie, dont Pastaga et Cul-sec.

Sur les réseaux sociaux, le couple est loin de se cacher. «Tu es le plus beau.» «Tu me fais capoter.» «Je t'adore.» Un commentaire du type n'attend pas l'autre. Une photo rigolote par-ci, une photo de voyage par-là. Leur amour est exposé. Un amour glamour, comme le prouve ce cliché pris en novembre dernier par Martin Juneau.

«On m'a beaucoup parlé de cette photo», avoue sa femme, que nous voyons sur la photo à New York avec des sacs de designers, dont Dior. Une publication Instagram qui a récolté près de 4500 mentions «J'aime» sur leurs deux comptes.

«Les gens ont tendance à admirer les couples qui s'entendent bien. C'est quelque chose de positif dans l'opinion publique», confirme le psychologue André Surprenant.

Le public aime les couples

Le couple fait vendre. Un des bons exemples au Québec est le couple formé par Véronique Cloutier et Louis Morissette, qui avait offert l'exclusivité de la couverture de son mariage à ELLE Québec. Avec ce numéro datant du mois d'août 2012, le magazine avait réalisé des ventes records, écoulant plus du double du nombre d'exemplaires habituellement mis sur le marché. Une réimpression avait même été commandée pour répondre à la demande.

Martin Juneau et Valérie Roberts, qui se sont mariés deux fois en deux ans, disent avoir reçu des offres de la majorité des magazines québécois pour couvrir leur grande journée. 

«Nous ne voulions pas savoir combien ils pouvaient nous offrir, car nous ne voulions pas être tentés par une offre financière. Comme vous le savez, c'est cher, un mariage. Donc, si un magazine t'offre 20 000 $, tu peux être tenté», affirme Martin Juneau.

Quant à Sébastien Diaz, il affirme que sa femme Bianca Gervais et lui ont reçu plusieurs propositions au cours des dernières années. En échange de photos, les magazines leur offraient un voyage dans le Sud pour l'enterrement de vie de fille de Bianca, un voyage en hélicoptère pour leur mariage et l'organisation d'une fête prénatale pour la venue de leur premier enfant. Les coanimateurs de Format familial ont toujours refusé.

«Nous avons toujours dit non à ce genre de demande. Nous ne voulons pas jouer cette carte-là», explique l'animateur de Formule Diaz.

«Le "power couple" est fort dans l'imaginaire. Si je pense à Patricia Paquin et Louis-François Marcotte, je suis sûr que ça a servi la carrière de chacun d'être ensemble. Ou Maripier Morin... Est-ce qu'elle aurait la carrière qu'elle a si elle n'avait pas été en couple avec Brandon Prust?», demande Marie-Annick Boisvert, présidente de la boîte de relations publiques Marianik, qui engage beaucoup de personnalités pour ses événements.

Interrogée à ce sujet, l'animatrice Maripier Morin est la première à affirmer que sa relation avec le joueur de hockey l'a aidée, du moins au début.

«Quand Brandon est arrivé à Montréal, notre couple a donné un petit kick à ma carrière.»

Aujourd'hui, Maripier Morin et Brandon Prust ont une aura de «power couple» aussi bien au Québec qu'au Canada anglais, grâce entre autres à la téléréalité Hockey Wives. L'animatrice a même décidé de créer son propre site, qui porte son nom et qui mélange articles, vidéos et photos. Une websérie, Maripier + Brandon, sera consacrée à leur mariage, qui a été célébré l'an dernier. 

Même si elle a reçu bien des offres pour s'associer à des médias, elle a préféré faire les choses de son côté. «Nous avons créé notre propre média. Puisque notre portée est plus grande que la leur, ç'aurait été niaiseux de s'associer avec quiconque. En ce moment, les chiffres nous prouvent que nous sommes autosuffisants», dit Maripier Morin, dont le mari collabore au site.

Cercle vertueux

L'agent de Sébastien Diaz et de Valérie Roberts, Martin Béliveau, décrit le cercle vertueux qui s'enclenche souvent pour ces couples affichés: «Je pense qu'il y a toujours un engouement pour un couple connu, entre autres parce que les gens aiment ça, les gens heureux. Alors après, les médias veulent leur parler et les producteurs se disent: "OK, il y a un buzz autour d'eux, on les engage et on les veut dans tel ou tel projet."»

Pour le publicitaire François Forget, il n'y a aucun doute que les couples sont aimés au Québec et que les gens aiment les voir ensemble. Alors pourquoi retrouve-t-on si peu de couples connus dans des publicités? Pour des raisons financières, explique le vice-président exécutif de l'agence Sid Lee. Il avance qu'un porte-parole peut coûter jusqu'à 500 000 $ par an à une marque.

«Ce sont des cachets assez substantiels. Pour un couple, ce serait 1 million de dollars. Il n'y a pas beaucoup d'annonceurs qui ont ça.»

Il lève son chapeau à Chevrolet, qui a repêché Mariloup Wolfe comme porte-parole, alors que son ex-conjoint, Guillaume Lemay-Thivierge, est celui de Hyundai: «C'est un clin d'oeil très, très habile de Chevrolet. Une belle manière de répondre à son concurrent, puisqu'ils ont inscrit leur rivalité dans une trame réelle», explique François Forget.

Photo tirée du compte Instagram de Valérie Roberts

Valérie Roberts a publié cette photo sur Instagram en novembre dernier. Elle y pose avec des sacs de designers dans une rue de New York.

Mélanger travail et amour

Martin Juneau et Valérie Roberts n'avaient pas l'intention de travailler ensemble, jusqu'à ce qu'ils reçoivent carte blanche de la société de production Trio Orange pour créer une émission web destinée principalement au réseau social Facebook. Le producteur cherchait activement un couple qui accepterait de s'exposer.

«Je crois que les vrais couples fascinent et ont un fort potentiel de réussite à l'écran. C'est un excellent terroir pour raconter des histoires», indique Carlos Soldevila, président de Trio Orange.

Le couple a créé Amuse-bouches, une émission qu'il anime et qui est axée sur ses passions et son quotidien. Carlos Soldevila affirme que «les vidéos qui ont eu le plus de succès sur Facebook sont celles qui mettent en scène des moments de la vie intime de Valérie et Martin».

Le psychologue André Surprenant, dont la clinique Objectif-couple se spécialise dans l'intervention conjugale, voit plusieurs effets bénéfiques à ce que des amoureux travaillent ensemble: «Ça peut être excessivement énergisant de trouver son bras droit pour réaliser ses projets. C'est comme si on trouvait notre associé et notre conjoint dans la même personne. Ce sont deux sources de gratification. C'est énorme.»

Mitsou est tout à fait d'accord avec cette affirmation. Sa relation d'affaires avec son mari Iohann Martin permet de conserver la flamme amoureuse depuis 21 ans.

«Encore hier soir, nous avions un souper d'affaires et je trouvais que sa vision était très claire. Je l'admirais, je le trouvais bon. Mais encore faut-il être compatible en affaires», dit l'entrepreneure, qui détient le Groupe Dazmo avec son mari et leur associé Andrew Lapierre.

Quand ça casse

Ce ne sont pas tous les couples qui réussissent le pari de conjuguer amour et travail. Andrée Watters et Sylvain Cossette se sont séparés l'an dernier parce qu'ils n'étaient «plus un couple». «Nous étions devenus des associés», dit la chanteuse.

«J'aimerais vous dire que nous sommes Céline et René, mais nous, ça n'a pas fonctionné! On a tout essayé, mais ce n'est pas pour nous.»

Après quelques mois de séparation, les deux artistes ont décidé de se redonner une chance, amoureusement. Par contre, ils ont chacun leur société de production et n'ont plus l'intention de travailler ensemble.

Tout comme eux, Marilou confie qu'au fil du temps, elle s'est aperçue qu'Alexandre Champagne et elle étaient plus des partenaires qu'un couple. Ils venaient à peine de se rencontrer lorsqu'ils ont eu l'idée du site de recettes, devenu livre et émission de télé 3 fois par jour. La business a fini par prendre toute la place dans leur relation.

«Lorsque tu travailles avec l'autre, il n'y a aucune cachette. Il connaît chaque parcelle de toi. Oui, tu vois et admires ses accomplissements, mais tu vois aussi le pire de l'autre», confie celle dont l'entreprise compte une trentaine d'employés.

Lorsque le couple a annoncé qu'il se séparait, Marilou n'a pas eu peur que 3 fois par jour en souffre, puisqu'ils se sont laissés en bons termes et continuent d'être de bons amis. D'ailleurs, ils sont toujours mariés, et Alexandre a encore des parts dans l'entreprise. «Nous ne sommes pas stressés et nous n'avons pas encore pris le temps de signer les papiers», dit Marilou en riant.

Pour ce qui est de l'image de sa marque, la femme d'affaires affirme qu'il n'y a pas eu de baisse dans les ventes ni dans la fréquentation du site web depuis la rupture.

«Les gens continuent à manger même si Alex et Marilou ne sont plus ensemble. Je pense que ce qui est au coeur de 3 fois par jour, ce sont nos recettes. Nous avons beau être cute, si on avait des recettes de marde, ils arrêteraient d'acheter nos livres et magazines.»

Valérie Roberts n'ose même pas imaginer comment elle vivrait sa séparation, elle qui est bien consciente qu'elle expose son bonheur au grand jour. En fait, si, elle le sait. Elle assumerait.

«À partir du moment où tu décides de partager ta vie amoureuse, tu ne peux pas reculer. Si tu te sépares, tu dois faire face à tout ça. Tu ne peux pas dire: "Je ne parlerai pas de ma rupture." Parce que là, le public va te le dire clairement: "Ça fait 15 ans que tu m'énerves avec ton couple, je veux savoir pourquoi vous vous séparez"», conclut Valérie Roberts.

image fournie par l'éditeur

Elle Québec a réalisé des ventes records avec son numéro sur le mariage de Véronique Cloutier et de Louis Morissette, en 2012.