Après un long silence, la rappeuse française Diam's revient, dans une autobiographie à paraître jeudi, sur sa conversion à l'Islam et sa décision de porter le voile, en racontant comment, grâce à sa foi, elle s'est sortie de l'enfer de la dépression et de la «prison dorée» du succès.

Novembre 2009. Paris-Match publie un long reportage sur Diam's, photographiée voilée et sortant d'une mosquée en compagnie de son mari.

En plein débat sur l'interdiction du voile intégral dans les lieux publics, ces clichés volés provoquent un scandale.

Avec son album Dans ma bulle (2006), écoulé à un million d'exemplaires, la rappeuse était devenue pour beaucoup une porte-parole et un modèle pour les filles des banlieues.

Le malaise est d'autant plus grand que Diam's refuse de s'exprimer dans les médias, renvoyant aux textes de son album S.O.S, qui paraît en décembre 2009.

Trois ans plus tard, la jeune femme de 32 ans, mère d'une petite Maryam de quatre mois, rompt son silence avec une autobiographie, intitulée Diam's, autobiographie (Éditions Don Quichotte).

Enfant d'un couple franco-chypriote, Mélanie Georgiades y raconte son enfance marquée par l'absence du père, son mal-être adolescent qui l'a conduite à une première tentative de suicide à 15 ans et sa découverte du rap.

Au sommet de sa gloire, Diam's côtoie Snoop Dogg et Jamel Debbouze, gère trois sociétés, découvre le plaisir d'être adulée du public et vit «à mille à l'heure».

Mais la chute est brutale.

Le 8 mars 2008, elle joue en direct du Zénith de Paris pour les Victoires de la musique. Peu de gens savent alors qu'elle vient juste de sortir d'une clinique psychiatrique et qu'elle en reprendra le chemin quelques jours plus tard.

«Intrusion»

Abrutie de médicaments, ne parvenant pas à trouver d'aide auprès des psychiatres, la chanteuse sombre dans la dépression jusqu'à une «overdose de somnifères».

Catholique sans avoir eu de véritable éducation religieuse, la chanteuse dit avoir trouvé le salut d'abord dans la prière, puis dans la lecture du Coran lors d'un voyage à l'île Maurice en décembre 2008.

Là-bas, elle se convertit seule à l'islam et décide de porter le voile.

Elle prend aussi la décision de publier un nouvel album sans s'exprimer dans les médias et de créer une fondation pour les orphelins.

«Je sentais bien qu'il m'était difficile de parler de religion à des gens qui, pour la plupart n'étaient même pas croyants. Tout ce que je voulais dire serait contenu dans mon disque. Le reste, je le garderais pour moi, comme un jardin secret», écrit-elle.

Son plan est bouleversé par les clichés de Paris-Match, «un vol, une intrusion» dans une affaire «intime», dit-elle.

Avouant avoir été «dépassée par la situation», Diam's estime que «ce n'est pas tant (sa) conversion qui a gêné que (son) voile».

«Ma décision de porter le voile est le fruit d'une réflexion personnelle, intime et mûrie, le fruit de mes lectures et de mes convictions. Jamais une personne dans mon entourage ne m'a dicté telle ou telle conduite à suivre», affirme-t-elle.

La jeune femme, qui vient de relancer son association pour les orphelins africains, reste évasive sur son avenir dans la musique.

«Je suis consciente de m'être échappée d'une prison dorée», écrit-elle.