Le rappeur Orelsan, poursuivi devant le tribunal correctionnel de Paris pour «provocation au crime» après la polémique suscitée par son vidéoclip Sale pute en 2009, a été relâché mardi.

Cette décision est conforme aux réquisitions du parquet.

Lors du procès, le 7 mai dernier, le chanteur, âgé de 29 ans, avait défendu la liberté de création. La polémique lui avait valu d'être déprogrammé de plusieurs scènes et festivals en 2009. Poursuivi par le mouvement féministe Ni putes ni soumises, il avait affirmé que son clip était une «fiction».

Son avocat, Me Simon Tahar, s'est réjoui de cette décision qui consacre «la liberté d'expression» et «la liberté de création». Orelsan, de son vrai nom Aurélien Cotentin, a été «boycotté, bâillonné», a-t-il déclaré à l'Associated Press. Ce jugement «va lui permettre de retrouver toute la confiance, et cette conscience de n'avoir jamais voulu porter le moins du monde atteinte aux droits des femmes», a-t-il ajouté.

L'artiste avait mis la vidéo en ligne en 2006 avant de la retirer en 2008. Elle avait refait son apparition sur deux sites Internet en février 2009, à l'initiative de deux jeunes qui ont depuis été relaxés par le tribunal pour enfants dans cette affaire.

Les images du clip, qui avait été diffusé à l'audience, montrent un jeune homme trompé qui boit et menace son ancienne petite amie de sévices en tous genres, notamment de l'«avorter à l'Opinel», le tout entrecoupé de «Je t'aimais et tu m'as trompé».

Pour l'artiste, son titre ne contient «aucune provocation» et «aucune incitation» à agresser les femmes. «J'ai fait cette chanson comme j'aurais fait n'importe quelle autre chanson», pour «montrer à quel point, avec la jalousie, on peut devenir un espèce de monstre», avait-il expliqué à la barre.

Pour le mouvement Ni putes, ni soumises, cette chanson était «vraiment un appel à la haine». Son avocate, Me Samia Meghouche, avait rappelé qu'une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. L'association avait demandé l'interdiction de diffuser cette chanson et 30 000 euros (38 500 $ CAN) de dommages et intérêts.

Évoquant la «triple peine» subie par son client, Me Tahar a souligné qu'Orelsan avait toujours assumé son clip. «Mais il s'est lui-même censuré, ce qui est véritablement une vraie souffrance.»

Le rappeur a remporté deux Victoires de la musique début mars: «artiste révélation du public» et «album de musiques urbaines», pour son dernier opus, «Le chant des sirènes».