L'ex-Beatle Paul McCartney et l'expert mondial du climat Rajendra Pachauri ont de nouveau appelé jeudi les Européens, juste avant la conférence de Copenhague, à «un jour sans viande» pour lutter contre le réchauffement de la planète, au grand dam des éleveurs.

Le chanteur et le président du Groupe d'experts intergouvernemental sur le changement climatique (Giec), tous deux végétariens, se sont livrés à un réquisitoire contre l'élevage lors d'un débat au Parlement européen à Bruxelles.

«Dégradation des sols, pénuries en eau, impact énorme sur le changement du climat, pollution de l'atmosphère, pertes de biodiversité: l'élevage est l'un des deux ou trois plus grands contributeurs aux problèmes environnementaux», a souligné le docteur Pachauri citant un rapport de la FAO, l'organisation des Nations Unies pour l'agriculture.

«L'agriculture contribue pour 18 % des émissions de gaz à effet de serre, contre 13 % pour les transports, et 25 % des émissions de l'agriculture viennent de l'élevage», a-t-il précisé.

Son impact est encore plus important lorsqu'on ajoute les conséquences de la déforestation pour créer des pâturages ou des terres arables, selon lui.

«Une journée sans viande est une mesure efficace à court terme. Elle permettra de réduire les émissions de l'élevage de 5,6 voire 8 %», a-t-il soutenu.

«Un jour sans viande représente une réduction des émissions de CO2 équivalente à un voyage de 1700 km en voiture», a pour sa part affirmé Sir Paul.

«C'est un premier pas pour permettre aux gens de s'y faire», a-t-il plaidé. «Il ne s'agit pas d'interdire, mais d'aider les gens à adapter leurs comportements», a-t-il précisé un peu plus tard au cours d'une conférence de presse.

«Enfant, à l'école, on ne mangeait pas de viande à l'école. Je n'ai jamais compris pourquoi. On m'a dit que c'était une règle imposée par l'Église. J'ai accepté cette habitude et c'est devenu un style de vie. Mais maintenant, il y a une raison cruciale à avoir un jour sans viande», a-t-il expliqué.

La démarche de la star n'a toutefois pas fait l'unanimité au Parlement européen.

Si le président de la Commission environnement, le socialiste Allemand Jo Leinen, a souscrit avec enthousiasme à l'initiative, la présidente de la Commission agriculture, la conservatrice Mairead McGuiness l'a rejetée.

«Je ne pense pas que ce soit la solution», a-t-elle affirmé à la tribune. «L'agriculture est un problème pour le climat, mais la solution ne se trouvera pas seulement dans l'agriculture», a-t-elle soutenu.

«Ceux qui travaillent la terre, les éleveurs, ne doivent pas devenir des laissés pour compte», a-t-elle insisté.

Les représentants des syndicats agricoles et de la filière bovine en Europe sont également intervenus pour défendre l'élevage.

«Les prairies et les pâturages sont d'énormes puits à carbone. Si ces terres deviennent cultivables, alors elles libéreront du CO2 lorsqu'elles seront labourées», a averti le président du principal syndical agricole européen (Copa-Cogeca), Padraig Walshe.

Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a clos le débat en annonçant un compromis: «Aujourd'hui, la moitié des plats servis à la cantine sont sans viande». «C'est déjà un début», a commenté l'eurodéputé conservateur britannique Edward McMillan-Scott, animateur du débat.