L'ancien bassiste des Pink Floyd, Roger Waters, a lancé mardi un plaidoyer contre le mur de séparation dressé par Israël en Cisjordanie, alors qu'il visitait le camp palestinien de réfugiés d'Aïda.

Le rocker britannique, coauteur-compositeur de The Wall en 1979, a souhaité que «cette chose affreuse soit détruite bientôt». Âgé de 65 ans, Roger Waters a confié que le mur construit en Cisjordanie n'était pas sorti de son esprit depuis qu'il l'avait vu pour la première fois en 2006, après un concert en Israël.

«Les gens qui n'ont pas vu ça, ce qui se passe ici, ne peuvent en vérité imaginer le sentiment que l'on éprouve au plus profond de son coeur quand on voit ça, à quel point c'est déprimant», a-t-il déclaré à l'Associated Press.

Israël a commencé à construire le mur en béton dans les zones urbaines, et à dresser des barrières entourées de barbelés dans les zones rurales à partir de 2002, suite à des attentats et des attaques visant des civils israéliens. L'Etat hébreu affirme qu'il s'agit d'une mesure de sécurité temporaire.

Situé juste au nord de Bethléem, le camp d'Aïda abrite 5000 Palestiniens, le long du mur. Roger Waters a estimé que le mur «n'est pas là pour empêcher les Israéliens d'exploser dans les bus». Si c'était la seule raison, a-t-il poursuivi, «qu'est ce qu'il fait dans les territoires occupés, entourant des colonies et coupant les agriculteurs (palestiniens) de leurs oliviers et ainsi de suite? C'est un acte de colonialisme», a-t-il jugé.

Le porte-parole du gouvernement israélien, Mark Regev, citant les célèbres paroles de The Wall, a rétorqué: «nous n'avons besoin d'aucun enseignement ('we don't need no education') sur les kamikazes venant en Israël et tuant des gens innocents, et sur la manière dont la barrière de sécurité a empêché cela à plus de 95 %».

Mais pour Roger Waters, l'édification du mur n'est pas défendable. «Quand vous vous tenez face à une construction comme celle-là, que ce soit ici ou dans un bidonville d'Afrique du Sud, ou dans le ghetto de Varsovie durant la Seconde guerre mondiale, ou à Berlin dans les années 1960 et 1970, c'est quelque chose dont vous sentez instinctivement que c'est néfaste. C'est une mauvaise chose», a-t-il expliqué. «Cela ne peut pas exister pour toujours».

Si le mur est abattu, a-t-il ajouté, il viendra faire un concert sur le site, comme il l'avait fait en 1990 à l'endroit où le mur de Berlin était tombé, juste un an auparavant.

Roger Waters a précisé qu'il envisageait de monter sur scène en Cisjordanie, peut-être dans la ville de Ramallah, mais qu'aucun projet ferme n'était arrêté.

Quand il avait joué en Israël en 2006, le membre fondateur des Pink Floyd avait été critiqué par les défenseurs de la cause palestinienne, qui souhaitaient organiser un boycott culturel d'Israël. Roger Waters a admis qu'il éprouvait désormais un sentiment ambivalent vis-à-vis de ce concert.

Le bassiste, qui a quitté les Pink Floyd en 1985, a joué avec le groupe pour la dernière fois en juillet 2005 à Londres, à l'occasion d'un concert exceptionnel.