Avec Showtime, une grosse pièce de théâtre, le collectif Projet Bocal transporte son univers déjanté sur la scène de chez Duceppe. Les fondateurs, Simon Lacroix, Raphaëlle Lalande et Sonia Cordeau, décortiquent pour nous cette comédie satirique en quatre mots-clés.

Écriture

Après avoir tenté pendant un an d’écrire une histoire « avec un début et une fin » — une atrocité qui ressemblait à du mauvais théâtre d’été, selon Simon Lacroix –, la bande de Projet Bocal s’est rendue à l’évidence. Elle s’était perdue en cours de route.

Pour retrouver leur chemin (et leur essence), les trois dramaturges et acteurs ont décidé de se « lâcher lousse », dixit Sonia Cordeau. Résultat : ils ont développé un concept décalé qui leur ressemble davantage.

Alors comment décrire Showtime ?

Dans la pièce, il y a des chats, une fourchette, une dinde, une rivière et une morsure au mollet.

Simon Lacroix

Raphaëlle Lalande tente une autre description : « C’est l’histoire de Sonia, Simon et Raphaëlle qui présentent un spectacle sur la scène de Duceppe. Ça a l’air plate comme ça, je sais. »

Mais avec Projet Bocal, rien n’est jamais comme il paraît et l’humour arrive aux moments les plus saugrenus et dans les habits les plus étranges. Et Showtime ne fait pas exception. « Au fond, c’est une création qui tourne en dérision les spectacles à grand déploiement, raconte Sonia Cordeau. On parle de l’argent des commanditaires, on rit aussi du Théâtre Duceppe. On est baveux. »

Et personne n’est épargné. « Nos personnages sont tellement inoffensifs et dans le champ ; on peut se le permettre », croit Raphaëlle Lalande.

Humour

Raphaëlle Lalande et Simon Lacroix se connaissent depuis l’enfance : ils ont fait du théâtre ensemble à Gatineau à 9 ans ! Mais c’est lors de leurs études au Conservatoire qu’ils ont rencontré Sonia Cordeau et que les trois acteurs se sont véritablement liés d’amitié. La glu de leur collaboration qui s’étend depuis plus de 10 ans : une « connivence d’humour », que certains pourraient qualifier d’humour absurde. « Dans Showtime, on n’est pas dans l’absurde, estime toutefois Sonia Cordeau. On est davantage dans l’éclaté, le farfelu. »

Elle poursuit : « Avec nous, pas besoin de creuser pour trouver le vécu du personnage. C’est le rythme qui compte, comme dans toute comédie. Et ce qui est particulier avec Showtime, c’est qu’il y a plusieurs rythmes, plusieurs musicalités à trouver. »

« On a envie que les gens pensent que le spectacle se limite à un seul univers, alors que c’est tout le contraire, explique Raphaëlle Lalande. Cette comédie est construite sur des surprises. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Raphaëlle Lalande, Simon Lacroix et Sonia Cordeau

Conventions

« L’un de nos plus grands plaisirs est d’installer les conventions théâtrales pour mieux les faire voler en éclats et déjouer le spectateur. Quand ce dernier pense qu’il a tout compris, on bouscule tout », raconte Simon Lacroix.

Ce n’est pas d’hier que la bande de Projet Bocal triture, voire défigure, les conventions théâtrales. Déjà, au Conservatoire, les trois compères en ont fait leur marque de commerce. « Avec les cours de diction et de tragédie, il y avait tout ce qu’il fallait pour nous donner le goût de niaiser avec le théâtre ! », ajoute Simon Lacroix.

Artisanat

« Dans la pièce, on a intégré une scène avec des chats : c’est un petit rêve qu’on voulait réaliser et c’est vraiment jouissif », explique Sonia Cordeau, sans vouloir en dire davantage, si ce n’est ceci : « On a profité des moyens offerts par Duceppe pour aller au bout de certaines idées qu’on ne pouvait pas avoir ailleurs. » Pensez à des effets spéciaux parfois douteux. Et à une distribution de 10 acteurs, ce qui n’est pas dans les habitudes du Projet Bocal, surtout que pour la première fois, le trio sévit aussi à la mise en scène.

Tout le monde a vite compris le niveau de notre texte et a embarqué dans notre univers.

Raphaëlle Lalande

Projet Bocal a aussi fait appel à des concepteurs de haut niveau, dont Odile Gamache à la scénographie et Elen Ewing aux costumes. « C’est fou de voir tous ces artistes se mettre totalement au service de notre texte par moments très nono, dit Sonia Cordeau. Il faut dire qu’on peut être très précis dans nos niaiseries. »

Simon Lacroix conclut : « Malgré les moyens mis à notre disposition par Duceppe, on a voulu rester broche à foin et garder ce côté artisanal mis de l’avant dans nos autres créations. »

En bref, ceux qui les connaissent déjà seront en terrain connu. Et les autres pourraient bien être conquis.

Showtime, une grosse pièce de théâtre, du 16 novembre au 17 décembre chez Duceppe.

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