Après l’aventure de District 31, Vincent-Guillaume Otis avait besoin de retrouver son « métier premier ». Au théâtre. L’offre de René Richard Cyr est donc arrivée à point nommé. L’artiste concrétisera son retour sur les planches dans Le fils, de Florian Zeller, dont l’adaptation cinématographique est prévue en novembre.

Vincent-Guillaume Otis parle d’un retour « nécessaire » au théâtre après avoir incarné pendant six ans le sergent-détective Patrick Bissonnette dans la quotidienne District 31. « Nécessaire, parce que ça me permet de retourner vers mes bases, mes premiers outils, mon premier amour », détaille le comédien, qu’on a aussi vu dans Norbourg (tourné entre les saisons 5 et 6 de District). « De retourner aux sources. »

M’enfermer dans une salle de répétition, travailler un texte, le réfléchir, le répéter. Prendre le temps. Pour moi, c’était comme d’aller à une borne pour me recharger.

Vincent-Guillaume Otis

La dernière fois qu’on a vu Vincent-Guillaume Otis au théâtre, c’était dans L’orangeraie, de Larry Tremblay (en 2015).

Quand René Richard Cyr l’a contacté – durant la sixième et dernière saison de District 31 –, il avait déjà avisé les producteurs de son intention de quitter la série ; le projet s’est donc naturellement inséré dans son horaire. « Je connaissais Florian Zeller parce que j’avais vu Le père au cinéma [en 2021, avec Anthony Hopkins] et ça m’avait bouleversé, donc je connaissais son univers. »

En fait, le dramaturge français a écrit trois pièces dans les années 2010 – La mère, Le père et Le fils, qui sont interdépendantes et qui font partie d’un triptyque sur la famille. Le père a fait l’objet d’un film réalisé par Zeller lui-même, l’an dernier ; Le fils, également réalisé par Zeller, a été présenté à Venise il y a quelques semaines ; il doit sortir en salle au Québec le 18 novembre.

Le récit de Zeller aborde les thèmes de la parentalité, du divorce, de la famille reconstituée, de l’adolescence et de la dépression. Le fils en question s’appelle Nicolas, il a 17 ans et souffre de la séparation de ses parents, Pierre (Otis) et Anne (Sylvie de Morais-Nogueira), autant que de la remise en ménage de son père avec Sofia (Stéphanie Arav). Petit à petit, Nicolas s’enfonce dans une profonde dépression.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Vincent-Guillaume Otis

J’aime dans ce texte l’efficacité et la vérité qu’il y a dans ce qui est dit autant que dans ce qui n’est pas dit. Il y a un équilibre parfait entre les deux.

Vincent-Guillaume Otis

Zeller ne précise pas par contre le mal-être du fils – mis à part la séparation de ses parents, qui est une sorte d’élément déclencheur. Cette absence de cause peut nous laisser sur notre faim…

Vincent-Guillaume Otis ne partage pas cette réserve. « Au contraire, nous dit-il, ça montre notre incapacité de gérer quelque chose qui nous dépasse. Je pense que c’est volontairement opaque. On voudrait nommer son mal, mais on n’a pas de réponse. On cherche tout le temps à nommer les choses, mais parfois on n’a pas de réponse. C’est propre à l’adolescent d’avoir mal et de ne pas savoir pourquoi. »

Le comédien, qui a trois enfants, dont deux qui entrent dans l’adolescence, poursuit sur sa lancée : « C’est une pièce sur la communication, mais aussi sur l’écoute. On n’a pas toujours à être en mode solution. Elle est où, l’écoute ? Parfois, il faut juste être là. »

Sus aux zones de confort

Le rôle du fils sera défendu par un nouveau venu, Émile Ouellette, fraîchement émoulu de l’École nationale de théâtre. « Les jeunes acteurs sont très inspirants, estime Otis. Ils ont une passion brûlante et une énergie qui me donne beaucoup de force. Émile a baigné dans le monde du théâtre et ça paraît, il a une assurance, en même temps qu’une grande ouverture et un rapport naturel avec les autres acteurs. »

Malgré son solide bagage d’acteur, Vincent-Guillaume Otis est encore à l’affût des moindres directives de son metteur en scène.

Il y a des metteurs en scène qui laissent aller les comédiens d’expérience… Mais plus on vieillit, plus on a besoin d’être dirigé, sinon on tombe dans nos zones de confort et on reproduit de vieux patterns. René Richard prépare chaque intention, chaque réplique, il nous ramène tout le temps à l’essentiel.

Vincent-Guillaume Otis

Qu’est-ce qui attend l’acteur après Le fils ? « Après, je veux disparaître un peu, répond-il. Pour le bien des personnages qu’on joue, juste prendre un peu de recul. Puis, en mai prochain, je commence à tourner dans une nouvelle série télé, dont je ne peux malheureusement pas encore parler… Mais c’est un très beau projet. »

En attendant, gageons que de nombreux spectateurs qui ne fréquentent pas les théâtres avec assiduité iront voir Vincent-Guillaume Otis. Un scénario qui réjouit l’acteur. « Tant mieux, conclut-il. C’est comme pour Norbourg, beaucoup de gens sont venus voir le film et ne seraient pas venus s’ils n’avaient pas suivi District à la télé. C’est comme ça… »

Le fils, du 27 septembre au 29 octobre au Rideau Vert.

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