Après avoir présenté un superbe Songe d’une nuit d’été au Théâtre Denise-Pelletier en 2018, Frédéric Bélanger s’attaque à La nuit des rois de Shakespeare, au TNM. Le metteur en scène a travaillé à la traduction et à l’adaptation de la pièce avec la dramaturge Rébecca Déraspe. Il table sur une distribution étincelante et sur son esprit imaginatif dans cette comédie qui aborde, entre autres, la question fort actuelle des genres. La Presse a assisté à une répétition.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Pour la première fois au TNM, Clara Prévost (Quatre filles à Denise-Pelletier au printemps dernier) joue l’un des rôles principaux, Viola, une jeune femme qui doit se faire passer pour un garçon afin d’assurer sa survie. « J’ai eu plein de beaux rôles ailleurs, mais Viola est un personnage magnifique. Elle porte le drame, dans le fond. Chez Shakespeare, les femmes agissent souvent en second plan. Viola, elle, fait des déclarations d’amour, elle est intense, intègre, fonceuse. »

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En amour, personne n’est une île. Suivant ce constat, Frédéric Bélanger utilise le personnage de Feste, joué par Benoît McGinnis, pour en faire « le metteur en scène ou marionnettiste de cette nuit-là. Pour aimer, il faut s’aimer soi-même et Feste s’assume totalement dans ce qu’il est. Il devient le libérateur des autres personnages et il est donc présent tout le long du spectacle. On peut même se demander si chaque personnage ne serait pas une facette de lui-même ».

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L’impressionnante scénographie, signée Francis Farley-Lemieux, comprend un écran géant vidéo et un mur mi-rochers verticaux, mi-orgue à tuyaux avec une plage au premier plan. « Je voulais quelque chose d’organique, raconte Frédéric Bélanger. Quand j’ai vu le film Dune de Denis Villeneuve, la scène où Timothée Chalamet marche sur la plage, j’ai su que c’est ce que je cherchais. L’histoire se passe entre les palais d’Olivia et d’Orsino devant l’immensité de la mer. »

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Sarah Balleux a réalisé les costumes qui rappellent l’époque élisabéthaine sans toutefois la copier. « C’est comme une collection de haute couture, un peu comme du Alexander McQueen avec des pantalons bouffants à plis, précise Frédéric Bélanger, dans une palette de couleurs serrée : gris, noir, argent et doré. » Sur la photo, Olivia (Marie-Pier Labrecque) et Maria (Kathleen Fortin).

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La musique est importante dans cette version de La nuit des rois. Trois musiciens-comédiens — Guido Del Fabbro (Curio), Adrien Bletton (Valentin) et Jean-Philippe Perras (Orsino) — jouent en direct sur scène. « Je viens de la culture pop, souligne Frédéric Bélanger. Ma mère écoutait Dalida et Céline Dion à la maison. J’ai grandi avec ça. C’est un boys band comme les Jonas Brothers qu’on a créé et Orsino en est la vedette. »

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Frédéric Bélanger n’en est pas à son premier barbecue sur une vaste scène de théâtre comme celle du TNM. « J’ai monté mon premier show à 26 ans par erreur, c’est pour ça que ma compagnie s’appelle Advienne que pourra. Je devais jouer dans le spectacle Le dépit amoureux de Molière, mais on a perdu le metteur en scène. Benoît McGinnis, qui était dans la même cohorte que moi à l’École nationale de théâtre, m’a proposé de le faire. Et j’ai continué. »