Le dramaturge québécois Normand Chaurette s’est éteint mercredi à l’âge de 68 ans, a confirmé à La Presse son agence, Goodwin.

« Je ne peux pas croire que cette personne-là n’existe plus sur Terre. Je lui avais souhaité bonne fête le 9 juillet. Il n’avait que 68 ans », laisse tomber l’acteur, metteur en scène et réalisateur québécois Yves Desgagnés, qui collaborait avec Normand Chaurette depuis 1982.

C’est un gars extrêmement important dans la dramaturgie québécoise et surtout un des spécialistes mondiaux de Shakespeare. C’était une sorte de poète de la langue française.

Yves Desgagnés

Normand Chaurette est l’auteur de 12 pièces publiées depuis 1980. Il a été quatre fois lauréat du prix littéraire du Gouverneur général, pour Le passage de l’Indiana, Le petit Köchel, Ce qui meurt en dernier et son essai Comment tuer Shakespeare. Il est aussi l’auteur d’un roman, Scènes d’enfants, et de quelques nouvelles publiées pour la plupart chez Leméac Éditeur. Il a également traduit et adapté plusieurs pièces de Shakespeare pour des productions québécoises.

Les reines a été la première pièce canadienne jouée à la Comédie-Française. Plusieurs de ses pièces ont également connu un succès à l’étranger, comme La société de Métis, jouée en Italie, tandis que Le passage de l’Indiana et Le petit Köchel ont été créés au festival d’Avignon dans une mise en scène de Denis Marleau.

Yves Desgagnés se souviendra de Normand Chaurette comme d’un amoureux des acteurs et du théâtre, d'un « être d’une grande culture » et d'un « grand pédagogue ». M. Chaurette enseignait encore tout récemment dans la section d’écriture dramatique de l’École nationale de théâtre. « Il a formé beaucoup d’élèves en dramaturgie », dit-il.

Un dernier hommage

« Je suis désarçonnée devant cette disparition tellement subite, confie la directrice artistique et générale du Théâtre du Nouveau Monde (TNM), Lorraine Pintal. C’est une triste, triste nouvelle. » Le TNM avait présenté en novembre dernier sa pièce Les reines, dans une mise en scène de Denis Marleau.

La grande chance que nous avons eue, sans le savoir, était de lui rendre un hommage par le biais de ce chef-d’œuvre, ne sachant pas qu’il allait disparaître au cours des prochains mois.

Lorraine Pintal, directrice du TNM

M. Chaurette avait assisté à la pièce et aux lectures à plusieurs reprises. « Il était très éclairant dans ses propos », dit Mme Pintal, qui le décrit comme un homme « secret », « plutôt timide » et « qui ne cherchait pas du tout la lumière ».

Se souvenir de son œuvre

Afin d’honorer sa mémoire, Yves Desgagnés invite la population « à lire ou à relire tout le travail de Normand Chaurette ».

Lorraine Pintal est du même avis. « Le devoir des artistes est de remonter Normand Chaurette et de faire réentendre sa parole. Il y a beaucoup de ses pièces qui ne sont pas jouées depuis longtemps, comme Le petit Köchel. »

Elle souhaite que l’œuvre de Normand Chaurette soit étudiée dans les écoles. « Il faut qu’il soit lu par les jeunes, parce que c’est un théâtre qui est accessible. Il faut que les écoles de théâtre le jouent. C’est comme ça qu’on va se souvenir de lui, sinon l’œuvre va mourir », conclut-elle.