L’univers de Marcel Gamache nous parle d’un temps révolu. Le scénariste, mort en 1995, a écrit Cré Basile, Symphorien, Les Brillant… Des séries télé à grand succès. Des sitcoms portées par un humour populaire, bon enfant, presque improvisé. Avec ses blagues de belle-mère, très loin des gags et des comiques d’aujourd’hui qui surfent sur la polémique.

Autres temps, autres mœurs. Alors, pourquoi produire Symphorien au théâtre en 2022 ? Tout simplement pour le plaisir de la nostalgie, celle d’une époque où le rire était synonyme d’insouciance. Et où l’on pouvait rire de n’importe quoi avec n’importe qui. Si on ne vaut pas une risée, on ne vaut pas grand-chose, dit le proverbe.

Voilà pourquoi le retour de Symphorien en 2022, orchestré par Pierre Huet et Louis Saïa, « d’après les personnages, l’imaginaire et les scénarios de Marcel Gamache », est une entreprise assez réussie. Bien sûr, la production à l’affiche du Théâtre du Vieux-Terrebonne, avant une tournée au Québec, s’adresse à un public ciblé… Et très uniforme.

PHOTO LAURENCE LABAT, FOURNIE PAR COMÉDIHA ! ET PRODUCTIONS MARTIN LECLERC

Une partie de la distribution de Symphorien. La pièce de théâtre au Théâtre du Vieux-Terrebonne

Dès le lever du rideau, les spectateurs découvrent avec joie le décor de Jean Bard. Le concepteur a recréé telle quelle la pension de la série télé, avec l’escalier en bois, la porte d’entrée au centre, les vitraux aux fenêtres, etc. Les costumes et les accessoires (du sac de Steinberg au téléphone mural) nous transportent aussi au tout début des années 1980, là où la série télé prenait fin.

Les personnages sont aussi identiques que le décor : le bon concierge père de 14 enfants, Symphorien, avec sa petite moustache ; son frère niais Éphrem, avec ses nombreuses questions et ses blagues ratées ; Madame Sylvain, avec ses rondeurs et sa pingrerie ; Berthe L’Espérance, la vieille fille aux ardeurs aussi promptes que sa mauvaise foi. Rien n’a changé !

Le succès de l’entreprise repose donc sur le talent des interprètes qui défendent des personnages teintés à jamais par le souvenir d’acteurs mythiques. Les Gilles Latulippe, Juliette Huot, Jean-Louis Millette, Denis Drouin… Or, et voilà l’exploit, la plupart d’entre eux arrivent à s’approprier leur rôle… sans nous faire oublier les acteurs de la sitcom d’antan.

François Chénier est renversant en Symphorien ! Martin Héroux, Éphrem, est aussi incroyablement ressemblant à celui de Fernand Gignac. La scène où les deux frérots vont faire du jogging est mémorable !

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Le comédien François Chénier, confondant de justesse dans la peau de Symphorien

Aussi en grande forme, Nathalie Mallette, Michelle Labonté et Anne-Marie Binette proposent un mémorable party de filles bien arrosé. Stephan Côté incarne avec justesse quatre personnages secondaires, dont un jouissif curé libidineux. Par contre, le talentueux Patrice Coquereau, qui joue l’inénarrable Oscar Bellemare, entre autres, nous a semblé nerveux et hésitant, le soir de la première médiatique.

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François Chénier, Patrice Coquereau et Michelle Labonté dans Symphorien

La pièce, mise en scène un peu mollement par Pierre Séguin et Saïa, se situe quelque part entre l’hommage et la proposition nouvelle. C’est une production à voir, si vous aimez rire de bon cœur… Et vous rappeler le temps d’avant.

Symphorien

Symphorien

D’après l’œuvre de Marcel Gamache

Théâtre du Vieux-Terrebonne, jusqu’au 14 août, puis en tournée québécoise dès le 10 septembre

7/10

Consultez le site de la pièce Symphorien