Immense succès au grand écran il y a presque 20 ans déjà, La grande séduction renaît sous une forme nouvelle. En effet, une version théâtrale du film de Ken Scott sera présentée tout l’été au Théâtre Gilles-Vigneault de Saint-Jérôme sous le titre de Sainte-Marie-la-Mauderne.

Pour incarner le groupe d’insulaires désireux de sauver leur patelin de l’effacement, la production a rassemblé une distribution étonnante, dominée par la présence du chanteur Michel Rivard et de l’animateur Normand Brathwaite.

Ce dernier n’a pas joué dans une œuvre théâtrale depuis l’époque de la célèbre comédie musicale Pied de poule, créée au début des années 1980.

Duo complice

Ce qui l’a décidé à sauter dans cette aventure ? « La présence de mon ami Michel Rivard. Lui et moi, on a touché au théâtre ensemble à la Ligue nationale d’improvisation. Je me suis dit : il y en a un de ma gang qui va être là ! »

Normand Brathwaite, qui a étudié à l’option théâtre du cégep Lionel-Groulx, incarnera Yvon Brunet, l’ami bourru de Germain Lesage (interprété par Michel Rivard). « Yvon, il chiale du début à la fin. Je pense que je n’ai pas une réplique sympathique, sauf lors d’une scène plus tendre avec mon ami Germain. D’ailleurs, quand j’ai vu que le personnage disait trois fois la réplique “on est dans la merde”, j’ai voulu faire le rôle ! »

De son côté, Michel Rivard campera Germain Lesage, celui par qui toutes les magouilles arrivent. C’est lui qui va user de mille stratagèmes pour séduire le DChristopher Lewis (incarné par Fayolle Jean Jr) et le convaincre de s’établir à Sainte-Marie-la-Mauderne. Car sans médecin dans l’île, impossible d’obtenir l’usine de recyclage de plastique qui assurerait la survie de la petite communauté.

Ce rôle de « ratoureux », Michel Rivard n’a pas mis longtemps à l’accepter. « En incluant l’écriture et la tournée, j’ai passé les six dernières années à travailler en solo sur L’origine de mes espèces. J’avais besoin de vivre un projet en équipe. Et comme beaucoup de Québécois, le film m’avait beaucoup marqué. D’ailleurs, la première chose que j’ai faite quand j’ai accepté le rôle a été de ne pas regarder le film de nouveau ! »

  • Normand Brathwaite retrouve « son vieux chum » pour ce projet. Les deux ont notamment œuvré côte à côte il y a plusieurs années dans la Ligue nationale d’improvisation.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Normand Brathwaite retrouve « son vieux chum » pour ce projet. Les deux ont notamment œuvré côte à côte il y a plusieurs années dans la Ligue nationale d’improvisation.

  • En répétition : Normand Brathwaite, Simon Beaulé-Bulman et Michel Rivard

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    En répétition : Normand Brathwaite, Simon Beaulé-Bulman et Michel Rivard

  • Le metteur en scène de Sainte-Marie-la-Mauderne, Frédéric Blanchette

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Le metteur en scène de Sainte-Marie-la-Mauderne, Frédéric Blanchette

  • Fayolle Jean Jr, au centre, incarne le Dr Christopher Lewis : c’est sur ses épaules que repose la survie de la communauté de Sainte-Marie-la-Mauderne.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Fayolle Jean Jr, au centre, incarne le Dr Christopher Lewis : c’est sur ses épaules que repose la survie de la communauté de Sainte-Marie-la-Mauderne.

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Michel Rivard a fait quelques incursions sur scène dans sa carrière, notamment avec la pièce Variations énigmatiques présentée au TNM en 2001, où il partageait la scène avec Guy Nadon. Mais il faut remonter à ses débuts pour trouver un projet où il partage les planches avec une distribution d’une dizaine de comédiens.

Je suis un acteur occasionnel, mais c’est quelque chose que j’aime depuis que je suis petit. Je suis heureux de renouer avec le métier de mon père... Et à 70 ans, je suis content d’incarner un personnage plus jeune que moi, un quinquagénaire !

Michel Rivard

Fayolle Jean Jr, quant à lui, a été ravi de constater que sa différence – il est d’origine haïtienne – ne soit pas du tout soulignée dans le texte. Son personnage de médecin est un nouveau venu dans l’île, ce qui provoque son lot de situations cocasses, mais la couleur de sa peau n’est jamais relevée. « Ce n’est pas un personnage qui a été créé pour un Noir, ce n’est pas un facteur. Et c’est le fun. C’est signe que les mentalités changent petit à petit. »

De la pellicule aux planches

Transposer sur scène un film comme La grande séduction n’est pas une affaire aisée. L’action a beau se passer dans une île, on est loin d’un huis clos.

Emmanuel Reichenbach, qui s’est chargé de l’adaptation, explique : « Le texte de théâtre prend forcément une autre couleur que le film. On retombe en amour avec l’histoire de façon différente. Au théâtre, le rythme est différent : la courbe dramatique reste la même, mais on change de souffle. J’ai gardé les répliques signatures du film, mais j’en ai ajouté d’autres. Les personnages ont du temps pour parler davantage. Leurs couleurs ressortent autrement. »

Le metteur en scène Frédéric Blanchette devra quant à lui user d’imagination pour recréer certaines scènes mythiques, dont la fameuse partie de criquet ! « C’est prévu qu’elle y soit », dit Emmanuel Reichenbach.

« Frédéric Blanchette propose une mise en scène ludique, mais on n’est pas à Broadway, prévient Michel Rivard. Il n’y aura pas de gros changements de décor. Tout va se faire à la mitaine, à l’huile de coude. Il y a d’ailleurs un côté bande dessinée dans le décor. On espère qu’avec ce spectacle, les gens vont oublier le film : pas pour toujours, mais pour deux heures au moins ! »

Sainte-Marie-la-Mauderne est présentée du 23 juin au 13 août au Théâtre Gilles-Vigneault.

Consultez le site du Théâtre Gilles-Vigneault