La première impression est souvent déterminante pour la suite d’une relation. C’est vrai en amour comme au théâtre.

C’est pour offrir aux adolescents une première expérience théâtrale qui leur ressemble davantage (et qui fera peut-être d’eux des passionnés de l’art vivant) que Gabrielle Côté et Laurence Régnier ont imaginé le spectacle Le sexe des pigeons, présenté jusqu’au 22 avril à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier.

Les deux créatrices planchent sur ce projet depuis cinq ans déjà. « L’idée est venue un soir où on s’interrogeait sur le premier contact qu’ont les adolescents avec le théâtre, explique Gabrielle Côté. On a eu envie de réfléchir à une expérience théâtrale qui serait plus en phase avec cette période de la vie où on n’a pas envie de se taire, pas envie de s’asseoir. »

À l’époque, la co-metteuse en scène venait de plus de voir, à New York, le spectacle Sleep No More, qui se déroule sur cinq étages distincts d’un même bâtiment. « Comme tout se passe en simultané, tu es obligé de faire des choix. L’idée nous plaisait… »

Pour toucher les adolescents, Gabrielle Côté et Laurence Régnier ont eu l’idée de mettre à profit l’une des technologies les plus accessibles en cette ère numérique : celle du téléphone intelligent. « Au lieu de demander d’éteindre le téléphone, cet appareil qui a été si fédérateur pour les adolescents pendant la pandémie, on veut s’en servir comme point de départ d’une nouvelle expérience théâtrale, ajoute Laurence Régnier. Pour nous, c’est aussi une façon de décloisonner les codes autoritaires qui régissent le théâtre. »

Dans ce spectacle déambulatoire où la scène se partage en trois espaces scéniques, le public est donc invité à suivre sur son téléphone les interactions de trois adolescents par l’entremise du réseau social (fictif) de leur école secondaire. Billy, Léo et Derek ont tous trois séché leurs cours ce jour-là, mais chacun pour des raisons différentes. Lorsqu’un évènement inattendu survient à l’école, un lien se tisse entre ces élèves qui ont bien peu en commun.

Chaque personnage a son point de vue sur ce qui se passe à l’école. Le public le découvrira en consultant le réseau social de l’école, mais aussi en passant d’un espace scénique à l’autre, au gré de ses envies.

Dans chaque espace évoluera un comédien en chair et en os, qui livrera un texte écrit par un des trois auteurs du spectacle : Frédéric Blanchette, Véronique Côté et Marianne Dansereau.

Dans chaque cas, l’auteur a usé de sa plume particulière pour donner vie à ces adolescents tantôt pleins d’humour ou de poésie, tantôt rongés par la culpabilité ou cherchant leur identité dans un monde qui les dépasse parfois.

Les créatrices espèrent humblement que cette production hors norme trouve écho chez un public que plusieurs redoutent. « C’est vrai que les adolescents sont bouillants, mais on prend le risque de leur donner une plus grande responsabilité face à leur expérience, sans les infantiliser », dit Gabrielle Côté.

« Le théâtre est un miroir de la société et l’humain est très connecté en 2022, ajoute Laurence Régnier. Les adolescents qui ont vu le spectacle ont dit qu’ils s’y reconnaissaient. Si le spectacle était une caricature, les adolescents n’adhéreraient pas. Or, si le premier contact d’un adolescent avec le théâtre est positif, ça peut changer sa vie. Sinon, ça peut le rebuter au point qu’il ne voudra plus assister à du théâtre… Notre espoir est de créer une petite faille chez l’adolescent… » Une faille pour que le théâtre puisse s’immiscer en chacun et s’y ancrer pour de bon.

Les représentations grand public du Sexe des pigeons sont prévues les 15, 16 et 22 avril.

Consultez le site du Théâtre Denise-Pelletier

Aussi à l’affiche

À toi, je peux tout dire

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Le jeune comédien Maxime Isabelle (à l’avant) en compagnie de Frédérike Bédard, Linda Laplante et Isabelle Drainville

Au Prospero, dans la salle intime, le Théâtre du Réel, dont le mandat est de produire des œuvres inspirées de faits vécus, présente À toi, je peux tout dire. Cette pièce d’Hugo Turgeon est « une déclaration d’amour » de l’auteur à sa mère et aux femmes qui ont façonné sa vie. Celles-ci seront défendues sur la scène par Frédérike Bédard, Isabelle Drainville et Linda Laplante. Le jeune comédien Maxime Isabelle (Caméra Café) complète la distribution. La mise en scène est assurée par Gill Champagne.

Du 5 au 23 avril

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Le Théâtre du Futur

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Les fondateurs du Théâtre du Futur : Guillaume Tremblay, Olivier Morin et Navet Confit

L’arrivée du printemps annonce le retour du Théâtre du Futur dans sa résidence Aux Écuries, avec son nouveau spectacle, La grosse noirceur, « une lumineuse légende futuriste », librement inspiré de la prémisse de La Colère des Doux, son précédent opus qui avait été réalisé et diffusé sur le web durant « les heures les plus sombres de la pandémie ». Sur scène, les codirecteurs artistiques du Théâtre du Futur : Olivier Morin, Guillaume Tremblay et Navet Confit. Ce trio créatif nous promet un « road trip délirant où l’éclectisme musical, la satire et la divination seront au rendez-vous ».

Du 12 au 30 avril

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Manque, de Sarah Kane

PHOTO MAXIME CORMIER, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

La pièce Manque sera présentée à l’Usine C

« Tout art digne de ce nom est subversif par sa forme ou son contenu », a dit Sarah Kane. Et cette production de La Fratrie promet au public de vivre « l’intensité crue et obsédante » de cette pièce de l’autrice britannique culte. Rarement montée au Québec, Manque est l’un de ses derniers textes écrits juste avant sa mort tragique à 28 ans. « Quatre voix anonymes s’entrelacent et relatent à mots couverts les séquelles de violences irréparables et extrêmes : viol, inceste, toxicomanie, pédophilie, meurtre, suicide. Un devoir de confrontation d’une criante actualité. » La traduction est signée Philippe Ducros, et la mise en scène, Alexa-Jeanne Dubé et Patrick R. Lacharité.

Du 5 au 9 avril, à l’Usine C

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Les employés

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le metteur en scène et scénographe Cédric Delorme-Bouchard

« Lorsque de mystérieux objets sont ramenés à bord du six millième vaisseau d’une puissante corporation d’exploration spatiale, la fragile cohabitation de ses employés humains et ressemblants se lézarde et sombre dans la violence. » C’est la prémisse de l’adaptation pour la scène du roman Les employés, de l’autrice danoise Olga Ravn. Une œuvre contemporaine, envoûtante et onirique, qui forme une matière brute pour le metteur en scène et concepteur Cédric Delorme-Bouchard.

Du 7 au 12 avril, au Théâtre La Chapelle

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Le retour du public à l’École nationale

PHOTO MAXIME CÔTÉ, FOURNIE PAR L’ÉCOLE NATIONALE DE THÉÂTRE DU CANADA

Des finissants en interprétation (2022) de l’École nationale de théâtre du Canada en répétitions

Pour la première fois depuis deux ans, les finissants de l’École nationale de théâtre du Canada donneront un spectacle devant public, à la salle Ludger-Duvernay du Monument-National. La jeune troupe de comédiens, concepteurs et techniciens monte Ivanov, sous la direction de Martin Faucher. Cette œuvre de jeunesse de Tchekhov a été créée en 1887, alors que la société russe vivait de profonds bouleversements, « en espérant un monde meilleur ». « Avec l’ouverture complète des salles, les élèves vont enfin pouvoir présenter au public tout le bagage acquis lors de leur passage entre nos murs », dit Frédéric Dubois, directeur artistique de la section française et directeur du programme d’interprétation de l’École.

Du 12 au 16 avril, au Monument-National

Consultez le site de l’École nationale de théâtre du Canada