Quatre filles, de Louisa May Alcott, adaptation de Julie-Anne Ranger-Beauregard, mise en scène de Louis-Karl Tremblay. Avec Rose-Anne Déry, Laetitia Isambert et Mattis Savard-Verhoeven. Trois étoiles et demie.

Elles se prénomment Meg, Jo, Amy et Beth. Depuis plus de 150 ans, les quatre filles du docteur March sont là pour nous rappeler le pouvoir libérateur des arts et la force inaltérable de la sororité. Pour la pièce Quatre filles, présentée au Théâtre Denise-Pelletier, ces héroïnes de la littérature américaine prennent vie dans une production on ne peut plus réjouissante.

Imaginés par Louisa May Alcott en 1868 dans son roman Les quatre filles du DMarch, ces personnages d’encre et de papier ont été maintes fois transposés à l’écran ou sur scène. Les revoici, dans une adaptation fort réussie de Julie-Anne Ranger-Beauregard, qui a su trouver les mots justes pour raconter avec tendresse et humour les aspirations de ces quatre femmes pleines de sève, qui doivent se battre pour obtenir une place dans une société machiste.

Dans le rôle de Jo, l’aspirante écrivaine qui fait fi de toutes les conventions, Rose-Anne Déry est lumineuse. Frondeuse, enjouée, le regard fier et le pas décidé, elle porte ce personnage jusque dans ses moindres fibres. De son côté, Sarah Anne Parent est très émouvante dans le rôle de la douce et fragile Beth, tandis que le rôle de Meg la romantique est tenu avec une belle fougue par Clara Prévost.

PHOTO GUNTHER GAMPER, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

Rose-Anne Déry est lumineuse dans le rôle de Jo March.

Laetitia Isambert s’en tire aussi très bien avec la partition plus complexe d'Amy : orgueilleuse et jalouse par moments, Amy est celle qui fera trembler les fondements de cette fratrie entièrement féminine. Cette comédienne démontre ici qu’elle possède un talent pour la comédie qu’on ne lui connaissait pas…

En se glissant dans les habits de tante March, Dominique Quesnel est absolument succulente. Chaque réplique de cette vieille corneille aigrie fait mouche.

Ses incantations déprimantes au possible tranchent avec la joie de vivre de Jo pour créer un effet des plus comiques. Seul homme de la distribution, Mattis Savard-Verhoeven est juste, mais reste un peu pâle devant les incarnations colorées des quatre comédiennes.

À la mise en scène, Louis-Karl Tremblay réussit à créer des tableaux d’une grande beauté, notamment avec l’utilisation récurrente de la neige. Les costumes de Linda Brunelle sont tout aussi splendides. Toutefois, la scénographie de Karine Galarneau reste un peu froide et clinique pour cette pièce tout en émotions. Les panneaux verts (une couleur qui semble avaler la lumière) que les personnages doivent pousser à répétition n’arrivent pas à créer l’effet de cocon ni de doux foyer où les quatre sœurs peuvent se réfugier.

Malgré ce bémol, cette production réchauffe le cœur dans ce printemps difficile. Elle nous rappelle que la musique, le théâtre, la peinture et l’écriture (les quatre passions des sœurs March) resteront toujours de formidables antidotes à la folie des hommes.

Au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 9 avril.

Consultez le site du Théâtre Denise-Pelletier