Lorsqu’en 2015, Érika Soucy a dit à son père qu’elle voulait écrire un recueil de poésie sur sa vie de chantier à La Romaine, elle ignorait qu’un roman et une pièce de théâtre verraient aussi le jour. Après avoir été créée avec succès au Périscope à Québec, en 2019, Les murailles prend maintenant l’affiche de La Licorne, avant d’effectuer une petite tournée en province.
Dans ce texte, Érika Soucy raconte sa visite au campement du barrage d’Hydro-Québec, où travaille son père. S’appuyant sur une démarche documentaire, prisée par bien des auteurs de fiction de sa génération, elle a voulu en apprendre plus sur la réalité des grands chantiers nordiques. « Le fly in, fly out est une expression qui décrit la réalité de bien des hommes en région », note Érika Soucy, originaire de Portneuf-sur-Mer, sur la Côte-Nord.
Elle avait surtout besoin d’en apprendre plus sur son père. Un homme qu’elle connaissait mal, puisqu’il était absent plusieurs mois par année pour bosser loin de sa famille, et donc rarement à la maison. « Mon père a cessé de travailler aujourd’hui, après avoir eu un accident qui l’a rendu invalide. Il a donné sa vie à Hydro-Québec », illustre l’autrice.
Les murs des préjugés
L’artiste raconte avoir changé de point de vue sur son paternel après son séjour à La Romaine. « À cause de mon bagage familial, de mon enfance, j’avais déformé la réalité de son milieu de travail. Quand je le voyais à la maison, il était brisé, malheureux. Je pensais qu’il souffrait à cause de son travail, que sa vie de chantier était un sacrifice. Or, sur place, j’ai eu un choc ! Car j’ai vu qu’il était heureux, de bonne humeur et drôle avec son entourage. J’ai compris que sa vraie vie était là. »
L’autrice a rencontré des gens fiers. Elle a découvert de la beauté dans cette difficile vie de chantier.
Les murailles, ce sont des rencontres plus grandes que nature, c’est une pièce sur l’héritage, celui qu’on porte, celui qu’on veut transmettre.
Érika Soucy, autrice de la pièce Les murailles
« Ces ouvriers gagnent mieux leur vie sur les grands chantiers qu’avec des jobs de l’économie locale, précaire et saisonnière, et ses petits salaires. Mais c’est un cercle vicieux, car les gens en région sont dépendants de ces grands projets pour gagner leur vie. »
De la poésie à la télé
Depuis peu, Érika Soucy est devenue scénariste à temps plein. « Mon premier métier est désormais scénariste, dit-elle. J’ai coécrit quatre saisons de Léo, avec Fabien Cloutier. En ce moment, je travaille sur ma série signature, Les perles, dont le tournage débutera l’été prochain. Elle sera diffusée en 2023 sur Club Illico. »
Avec cette comédie dramatique, Soucy s’éloigne du monde des hommes et des chantiers pour plonger dans « un univers féminin et féministe ». « C’est l’histoire de Stéphanie, une jeune femme chef de famille monoparentale qui vit en région avec ses deux filles de 9 et 16 ans. La maman de 32 ans en a lourd sur ses épaules, mais elle est entourée de femmes fortes, drôles, aimantes », résume la scénariste.
Érik Soucy dit écrire pour briser les murs qui se dressent entre les groupes et les individus dans nos sociétés. « J’espère que mes histoires vont permettre de nous ouvrir à d’autres réalités, de favoriser le dialogue entre les gens de divers horizons. Il faut cesser de prêcher les convertis. »
Les murailles d’Érika Soucy. Mise en scène Maxime Carbonneau Avec Philippe Cousineau, Gabriel Cloutier Tremblay, Claude Despins, Marie-Ève Pelletier et Érika Soucy. À La Licorne. Du 8 mars au 2 avril.
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Violence
Marie Brassard revient sur la scène de l’Usine C pour reprendre sa plus récente création, Violence. Cette pièce pour une interprète (Brassard elle-même) et un musicien (Alexander MacSween) a reçu les éloges de la critique lors de sa présentation au Festival TransAmériques en 2021. Dans cette œuvre à la fois onirique et anxiogène, beauté et horreur cohabitent au gré des explorations visuelles, sonores et dramatiques de la créatrice québécoise qu’aucune petite case ne pourrait contenir.
Du 10 au 20 mars
Consultez la page de la pièceLe mois de la Pire Espèce
En mars, le Théâtre de la Pire Espèce, qui a fait du théâtre d’objets sa spécialité, propose pas moins de quatre spectacles différents Aux Écuries. L’histoire à finir de Jimmy Jones et de son camion céleste sera pour la première fois présentée dans sa version longue. Campée dans les années 1950, la pièce raconte la quête d’affranchissement d’un garçon vivant au milieu des champs. De leur côté, Les contes zen du potager et Léon, le nul seront de retour dans des versions remaniées. La Pire Espèce propose aussi une reprise de sa pièce Persée.
Du 9 au 26 mars
Consultez la page du mois de la Pire EspèceGenderf*cker
Après avoir secoué les planches lors de ses différents passages (notamment au Festival TransAmériques de 2019), cette création de Pascale Drevillon (mise en scène par Geoffrey Gaquère) est désormais offerte en webdiffusion par l’Espace Libre. Dans cette œuvre en constante évolution, l’artiste explore la constellation des genres possibles en abordant des sujets tels que le queer, la fluidité et la libre détermination des identités. Pascale Drevillon s’attaque ainsi aux archétypes masculins et féminins pour les incarner d’abord, puis pour les déconstruire.
Offerte jusqu’au 30 juin
Consultez la page de la pièceJe suis mixte
Cette comédie signée Mathieu Quesnel (texte et mise en scène) raconte avec un humour délicieusement décalé la quête identitaire de François, homme exemplaire à plusieurs égards, mais dont la vie va basculer lors d’un voyage d’affaires en Allemagne. Yves Jacques, Benoit Mauffette et le musicien Navet Confit partagent la scène dans cette pièce qui a ravi le public montréalais et qui s’amène désormais au Théâtre Périscope de Québec.
Du 8 au 13 mars
Consultez la page de la pièceNightlight
Le danseur et chorégraphe queer montréalais Georges Stamos explore la vulnérabilité des rituels nocturnes avec sa création Nightlight. Alors que la pandémie a eu des répercussions indéniables sur le monde de la nuit, Stamos rappelle que le corps est aussi social et sensoriel, et pose la question : comment une danse peut-elle dépasser l’anxiété collective des rassemblements et inspirer l’espoir ? Avec la complicité du batteur Rémy Saminadin et en collaboration avec le créateur de mode Antonio Ortega, il nous invite à le suivre à la faveur d’une nuit féconde.
Présenté en webdiffusion par l’Agora de la danse, du 11 au 20 mars
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