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Julie Le Breton a vécu deux baptêmes professionnels à quelques semaines d’intervalle.

D’abord en travaillant avec l’acteur et réalisateur Xavier Dolan pour la première fois. Elle a terminé l’année 2021 avec le tournage de la série La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé. Et puis en défendant son premier solo au théâtre, Les dix commandements de Dorothy Dix, une création de Stéphanie Jasmin, sous la direction de Denis Marleau, qui prend l’affiche ce mardi. Une première collaboration entre la lumineuse actrice et le metteur en scène du Théâtre Ubu.

En entrevue avec La Presse, la vedette des Beaux malaises dit avoir hésité avant d’accepter de jouer ce solo présenté à l’Espace Go pour la réouverture des salles. « Je suis quelqu’un de solitaire dans la vie, mais de très grégaire dans le travail. Pour moi, le théâtre est un lieu de rencontre avec le public, mais c’est aussi une affaire de gang. »

C’est exigeant, un show de théâtre, ça demande beaucoup de discipline. J’ai l’impression que c’est plus facile à faire quand tu peux partager tes doutes avec tes camarades.

Julie Le Breton

Julie Le Breton a demandé conseil à des actrices qui ont déjà joué des solos – dont Sophie Cadieux. « Je voulais, entre autres, savoir comment, sans aucun interlocuteur, un interprète peut se relancer durant la représentation. L’acteur devient comme son propre moteur pour avancer et se propulser sur la scène. »

Le travail a été de longue haleine. Il s’est amorcé bien avant les semaines de répétitions prévues en janvier. « J’ai eu la chance [dans la malchance du confinement] d’avoir accès à la salle et au décor durant un mois, l’an dernier, dit-elle. Avec Denis Marleau et Stéphanie Jasmin, on a fait des laboratoires de création. Ensuite, j’ai travaillé mon texte de mon côté, et j’ai eu d’autres rencontres avec la production. Ça m’a permis d’arrimer mon jeu avec la théâtralité marquante d’Ubu. Depuis 40 ans, cette compagnie a une façon particulière, très cohérente, d’approcher la dramaturgie. »

Amoureuse du texte

Le personnage de ce monologue de 47 pages (la pièce est publiée aux Éditions Somme toute) est inspiré de la grand-mère de Stéphanie Jasmin, qui a vécu passé l’âge de 100 ans – et des conversations qu’elle a eues avec elle. C’est aussi la quête d’une femme « heureuse par accident, par hasard », qui a longtemps cherché la paix pour avancer dans la vie.

C’est une ode à la joie, à cette force qui nous permet de toucher, même un peu, au bonheur. À écouter cette voix du dedans qui cherche du sens pour continuer la route.

Julie Le Breton

Une autre raison qui a poussé l’actrice à accepter le rôle de Dorothy Dix [qui devait être joué par Christiane Pasquier avant la pandémie], c’est la puissance d’évocation de cette parole d’une femme qui a traversé le XXe siècle. Et qui plonge dans le film de sa vie : « Je suis tombée en amour avec ce texte, dit Julie Le Breton. La voix de cette femme centenaire qui nous donne accès à son intimité, sa psyché. »

Cette femme se raconte dans la pièce en se référant aux Dix commandements pour être heureuse de la journaliste américaine Dorothy Dix. « Elle s’est donné des règles, un cadre, qui lui ont servi de guide tout au long de sa vie. C’est aussi un hommage à la beauté de l’art à travers la rencontre entre une grand-mère et une petite-fille. »

Après Montréal, la production sera présentée au Centre National des Arts, à Ottawa, en mars. Elle s’envolera à Paris en juin, au Théâtre de la Colline. Ce sera aussi un baptême des planches de Julie Le Breton à Paris.

Tourner avec Dolan

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le réalisateur Xavier Dolan

On a demandé à la comédienne de nous parler de son expérience sur le plateau de la série La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, qu’elle a terminé avant les Fêtes. « Le tournage a été formidable ! C’est la première fois que je travaillais avec Xavier [Dolan]. Je réalise un vieux rêve. J’ai eu un genre de master class en réalisation en le regardant travailler avec André Turpin [le directeur photo] ; en l’observant transposer l’histoire dans son langage cinématographique, à chercher le sens, l’intelligence, pour chacune des scènes, pour chaque plan… Le peu que j’ai vu, c’est assez fulgurant ! J’ai vraiment hâte de voir le résultat final. »

La série en cinq épisodes adaptée de la pièce de Michel Marc Bouchard, créée au TNM en 2019, met aussi en vedette Éric Bruneau, Patrick Hivon et Magalie Lépine-Blondeau. Actuellement en montage, elle sera offerte sur Club illico probablement l’automne prochain.

Les dix commandements de Dorothy Dix, du 8 au 27 février

Consultez le site de l’Espace Go

Aussi à l’affiche

That Moment – Le pays des cons

PHOTO SUZANE O’NEILL, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE DE L’OPSIS

La pièce That Moment – Le pays des cons offre des partitions très physiques aux acteurs.

Le Théâtre de l’Opsis reprend à la Salle Fred Barry du Théâtre Denise-Pelletier That Moment – Le pays des cons, spectacle passé en coup de vent en 2020. Nous avions assisté à la première avec grand plaisir : cette pièce grinçante à souhait, signée par la Moldave Nicoleta Esinencu, est une véritable charge contre la surconsommation et la corruption, dans une société tourmentée où tout se marchande. Le jeu très physique des cinq acteurs, habilement dirigés par Luce Pelletier, culmine sur une chorégraphie quasi apocalyptique de Sylvain Émard. Un spectacle qu’on reçoit comme un coup au plexus. Du 17 février au 12 mars.

Consultez le site du Théâtre Denise-Pelletier

Les trois sœurs

PHOTO YVES RENAUD, FOURNIE PAR LE TNM

Émilie Bibeau et Guillaume Cyr dans la pièce Les trois sœurs

Le Théâtre du Nouveau Monde reprend le classique Les trois sœurs d’Anton Tchekhov, dans une mise en scène de René Richard Cyr. Marie-Pier Labrecque, Jean-Philippe Perras et Jean-François Casabonne s’ajoutent à la distribution, qui compte 11 interprètes, dont Émilie Bibeau, Rebecca Vachon et Noémie Godin-Vigneau. À noter : la pièce a remporté le Prix de la meilleure mise en scène pour la saison 2019-2010, remis par l’Association québécoise des critiques de théâtre. En mars et avril, le spectacle visitera aussi neuf villes du Québec, dont Gatineau, Sherbrooke et Trois-Rivières. Du 17 février au 5 mars.

Consultez le site du Théâtre du Nouveau Monde

Intérieur

PHOTO ANGELO BARSETTI, FOURNIE PAR L’USINE C

Jennyfer Desbiens fait partie du chœur dans le spectacle Intérieur présenté à l’Usine C.

Le concepteur d’éclairages, scénographe et metteur en scène Cédric Delorme-Bouchard s’est inspiré de l’œuvre du maître du symbolisme Maurice Maeterlinck pour son nouveau spectacle, une « installation-chorale » intitulée Intérieur. Présentée en première mondiale à l’Usine C, cette courte pièce de 60 minutes rassemble sur scène pas moins de 25 personnes, dont 8 comédiens (Lise Roy, Paul Ahmarani et Gabrielle Lessard, notamment) et un chœur dirigé par la chanteuse Noémi Lira. Une œuvre qui, dit-on, « se déploie tel un requiem contemplatif sur la fragilité de l’expérience humaine ». Du 15 au 18 février.

Consultez le site de l’Usine C

Limbo

PHOTO DAVID OSPINA, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE AUX ÉCURIES

Raphaëlle Lalande, Olivier Morin et Karine Gonthier-Hyndman sont les interprètes de la « comédie existentielle » Limbo.

Le Théâtre Aux Écuries présente la plus récente création de la dramaturge et metteure en scène Amélie Dallaire. Le titre de cette « comédie existentielle » : Limbo. Dans une salle de conférence, trois personnages (interprétés par Karine Gonthier-Hyndman, Raphaëlle Lalande et Olivier Morin) se présentent au public. Rapidement, leurs interventions se transforment en digressions et le chaos qui en ressort « devient le point de départ d’une pulsion constructive et créatrice pour les trois personnages, hantés par la mystérieuse chaise vide qu’une quatrième personne occupait avant sa disparition… » Du 17 février au 1er mars.

Consultez le site du Théâtre Aux Écuries

Le nœud

PHOTO CHLOÉ ELLEGÉ, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE LA LICORNE

Édith Paquet et Marie-Joanne Boucher partagent la scène dans la pièce Le nœud.

La Licorne présente la pièce Le nœud, de l’Américaine Johnna Adams, traduite pour la première fois en français par Maryse Warda. Dans ce huis clos troublant exclusivement féminin, la mère d’un garçon de 11 ans et l’enseignante de ce dernier se retrouvent face à face pour tenter de comprendre l’indicible : le suicide de l’enfant. Marie-Joanne Boucher et Édith Paquet partagent ici la scène, dirigées par Guillermina Kerwin. La pièce est présentée dans la salle intime du théâtre de la rue Papineau. Du 14 février au 11 mars.

Consultez le site de La Licorne