Cet hiver, un réalisateur et un bédéiste voient leur rêve de faire du théâtre se réaliser à la compagnie Duceppe.

Pandémie oblige, Duceppe a concocté une saison alternative où se croisent des créateurs de toutes les disciplines pour mieux faire rayonner le théâtre. Tandis que le réalisateur Stéphane Lapointe (Fait divers, Les maîtres du suspense) signe la captation de L’amour est un dumpling, Samuel Cantin salue l’adaptation de sa bédé, Whitehorse, par des artistes de théâtre, sous la direction de Simon Lacroix.

Quatre ans après sa création en formule 5 à 7, dans la salle de répétition de La Licorne, L’amour est un dumpling, sympathique comédie romantique de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar, fait l’objet d’une « recréation ». En attendant le feu vert des autorités pour présenter le spectacle dans leur théâtre à Montréal, Duceppe offrira sur le web une captation de la pièce, dirigée par le réalisateur chevronné Stéphane Lapointe.

« Ce sont deux objets proches, mais différents, la pièce et la captation, affirme le coauteur et metteur en scène Mathieu Quesnel. Car le travail de Stéphane [Lapointe] rend la proposition plus proche du cinéma. Toutefois, L’amour est un dumpling se prête bien au jeu, car le ton est réaliste. Personnellement, j’écris mes pièces de théâtre avec en tête l’idée qu’on pourra un jour en faire un scénario de film. »

De son côté, Stéphane Lapointe se réjouit que Duceppe lui ait demandé, avant les Fêtes, de réaliser la captation. Le réalisateur de Tout sur moi est aussi un grand amateur de théâtre.

À mon avis, le théâtre et la webdiffusion peuvent coexister. Par exemple, à la fin d’une série de représentations en salle, la captation permet de donner une nouvelle vie à une pièce ; elle peut rejoindre un autre public. J’ai toujours adoré mélanger les genres et les talents dans mon travail.

Stéphane Lapointe, réalisateur

L’amour est un dumpling met en scène un ex-couple de jeunes trentenaires (Nathalie Doummar et Simon Lacroix) qui se retrouvent dans un restaurant chinois. Sur un ton à la fois grave et léger, ils se remémorent leurs rêves de jeunesse, des voyages en Asie, et puis les compromis que la vie adulte force à faire.

Depuis sa création, les auteurs ont ajouté des révélations et un épilogue dans le récit des deux (ex-)amoureux. La production propose aussi des intermèdes musicaux et de la vidéo. Stéphane Lapointe affirme avoir créé un « nouvel objet hybride », en respectant le rythme et le jeu théâtral, et sans avoir « trop découpé » dans les dialogues (et les overlaps) au montage.

Nathalie Doummar souligne aussi que le réalisateur a conservé la théâtralité de la comédie romantique : « Les productions théâtrales ne se prêtent pas toutes bien à une captation, mais la situation et le ton réaliste de L’amour… sont cinématographiques. Stéphane [Lapointe] n’a pas demandé aux acteurs de jouer différemment, de penser à la caméra, de réduire notre volume. Au contraire, il a voulu garder nos envolées, parce que ça fait partie de la beauté du jeu théâtral. »

Après deux journées de plus de 10 heures de tournage, l’équipe de L’amour est un dumpling est enchantée de l’expérience. Ses artisans sont persuadés que le public retrouvera l’essence de la pièce, en plus de la signature esthétique du réalisateur. « Stéphane nous amène ailleurs, mais on retrouve la même vivacité des personnages, le même équilibre entre comédie et mélodrame », concluent les deux auteurs, durant une pause de l’enregistrement de leur œuvre à la Place des Arts.

Whitehorse

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le bédéiste Samuel Cantin

Outre cette rencontre entre le cinéma et le théâtre, Duceppe propose en mars une autre rencontre entre deux disciplines : celle entre le théâtre la bédé. Avec Whitehorse, Duceppe fait une incursion dans l’univers de Samuel Cantin, bédéiste qui « a toujours voulu écrire pour le théâtre ».

Son rêve se réalisera bientôt, puisque Simon Lacroix signera l’adaptation de Whitehorse la saison prochaine chez Duceppe. En attendant la création, la compagnie présente les fruits d’un laboratoire de 20 heures de travail avec les comédiens en répétition. Le tout culminant avec la captation pour le web d’une mise en lecture de Whitehorse, bonifiée par les dessins de Cantin en rotoscopie.

Je suis un fan invétéré de Samuel Cantin. Il a un cerveau très allumé, un humour vif, aiguisé… Et aussi, je trouve qu’il y a un côté très théâtral dans son écriture, ses dialogues.

Simon Lacroix, metteur en scène

Selon Simon Lacroix, le défi de la transposition scénique, c’est surtout de faire respecter des règles, une courbe dramatique, qui sont plus strictes au théâtre.

La bédé de Cantin, qui avait charmé le critique de La Presse à sa publication, raconte la quête de Henri, qui part reconquérir sa flamme, une actrice, sur un tournage dans la capitale du Yukon. Le plateau est dirigé par un réalisateur à la fois inconnu et « frimeur », Sylvain Pastrami, qui terrorise tout le monde sur le plateau de tournage.

Pour l’adaptation de Whitehorse, l’auteur Samuel Cantin a collaboré avec Sébastien Tessier et Guillaume Laurin ; ces derniers font également partie de la distribution aux côtés de Charlotte Aubin, de Joey Bélanger, d’Éric Bernier, de Marie Brassard, de Sonia Cordeau et d’Étienne Lou. Enfin, soulignons que la captation, qui a nécessité sept caméras, est une réalisation de Léa Dumoulin et une production de la jeune entreprise multimédia Couronne Nord.

Whitehorse (mise en lecture). Sur le site de Duceppe du 15 au 20 mars.

L’amour est un dumpling. Spectacle en salle reporté, nouvelles dates à venir selon les annonces de la Santé publique. Webdiffusion dès le 22 mars.

> Consultez le site de Duceppe