Le premier est grincheux autant que le second est lumineux. Les deux hommes que tout semble opposer se croisent par hasard dans les dédales du cyberespace. Entre eux naît une amitié improbable par écrans interposés, sur fond de confinement et de rencontres virtuelles.

Bienvenue dans l’univers de Virus et de Versa, les deux personnages clownesques imaginés par le Théâtre Harpagon et son cofondateur, le dramaturge Claude Paiement, pour une série théâtrale présentée en ligne à compter de vendredi.

« Virus et Versa est vraiment le résultat de la pandémie », lance le comédien Sylvain Marcel, qui interprète le colérique du tandem, tandis que Frédéric Desager endosse le rôle du tendre. « On devait présenter une pièce de théâtre qui s’intitulait La dernière allumette quand le confinement est arrivé. On s’est tourné les pouces jusqu’à ce qu’on se dise que ce serait une bonne idée de plonger nos deux personnages dans le contexte actuel. »

Claude Paiement s’est donc remis à l’écriture pour imaginer de nouvelles aventures à son clown blanc et son clown rouge. « Je les ai plongés dans le No Man’s Land d’internet, explique l’auteur, en les faisait évoluer dans la situation qui nous est actuellement imposée. » Situation qui apporte son lot d’absurdités, ajoute-t-il.

« J’ai voulu faire un objet théâtral qui soit à la fois drôle et poétique et philosophique avec ces deux personnages universels. Je voulais aussi que le spectacle ait un esprit circassien… », dit Claude Paiement, qui devait d’ailleurs partager la mise en scène du spectacle original avec Patrick Léonard, des 7 Doigts.

J’aime beaucoup les personnages clownesques à la Beckett ou à la Sol et Gobelet : ils ont une folie, une liberté complète qui m’inspirent dans le théâtre que je fais.

Claude Paiement, dramaturge

Pour cette nouvelle mouture numérique, Claude Paiement a écrit 15 courtes histoires d’une dizaine de minutes chacune. Il en a testé trois l’été dernier, lors de diffusions en direct sur Facebook. Pour la série de spectacles qui se met en branle le 15 janvier, chaque représentation est composée de trois sketches suivis d’une discussion avec l’auteur et les acteurs. « Les histoires peuvent se comprendre indépendamment les unes des autres, mais il y a tout de même une progression dramatique. »

Tout est présenté en direct, avec les risques de pépins techniques que cela comporte. « On ne voit pas le public, mais on sait qu’il est là. On ne sait pas ce qui va se passer chaque soir. Pour les acteurs, la nervosité est la même qu’au théâtre », dit Claude Paiement.

Sylvain Marcel confirme. « J’ai le trac comme avant une première au théâtre. Je suis vraiment excité. La façon de jouer est toutefois différente du théâtre : il a fallu diminuer un peu notre jeu, projeter moins que dans une salle de spectacles. On est plus dans un plan serré de cinéma, et le spectateur peut déceler des microémotions dans le visage des acteurs. Il voit vraiment tout ! »

Le spectacle Virus et Versa est présenté chaque vendredi de 19 h à 20 h jusqu’au 16 avril. Chaque épisode est présenté trois vendredis de suite. Prix par spectacle : 11,50 $, taxes incluses.

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