Le dramaturge Drew Hayden Taylor maîtrise sans conteste l’art de rendre risible tout ce qui peut l’être, sans épargner qui que ce soit.

Dans sa pièce alterIndiens, comédie grinçante présentée à compter de mardi à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier, l’auteur ontarien d’origine ojibwée égratigne autochtones et allochtones avec la même joie féroce.

« Tout le monde s’enfarge dans ses lacets dans alterIndiens », lance Charles Bender, traducteur de la pièce, mais aussi un de ses interprètes. « Drew Hayden Taylor ne tombe jamais dans les clichés. Au contraire, il joue avec ces a priori qu’on a tous pour mieux les déchirer. Il présente une vision très contemporaine de la perspective autochtone, tout en étant souvent baveux ! »

Personnage central de la pièce, Gabriel (Étienne Thibeault) incarne bien cette réalité autochtone du XXIsiècle. Auteur en devenir, il rêve d’écrire de la science-fiction. Sa compagne – une enseignante de littérature autochtone d’origine juive (interprétée par Violette Chauveau) – préférerait le voir tremper sa plume dans ses racines autochtones. Un soir, cette dernière invite les amis de Gabriel à partager un repas d’orignal. Pour ce groupe dépareillé, composé à la fois de militants radicaux et de vétérinaires végétaliens, la soirée sera l’occasion d’exposer au grand jour les nombreuses contradictions de chacun.

Dans ce spectacle, on a la permission de rire de tout, de rire de tous. C’est une vraie catharsis et un véritable scénario de sitcom à l’américaine.

Charles Bender

« Il n’y a rien de moralisateur, ajoute le metteur en scène Xavier Huard. Quand j’ai lu le texte la première fois, j’ai eu l’impression de découvrir un bijou précieux. Drew Hayden Taylor manipule l’humour avec un talent extraordinaire, tout en posant un regard très incisif sur notre société. La pièce traite des rapports qu’entretiennent les autochtones et les allochtones, mais surtout de tous les quiproquos que ces relations suscitent. Je n’ai jamais vu une dramaturgie semblable. Et c’est la toute première fois que ce texte est traduit et présenté au Québec. »

Dynamiter les préjugés

Cette œuvre où autochtones et allochtones se réunissent autour d’une table colle parfaitement à la vision de la compagnie de théâtre Menuentakuan, qui produit le spectacle. Ses trois fondateurs, Marco Collin, Xavier Huard et Charles Bender, se sont donné pour mission de présenter des spectacles réunissant comédiens et artisans autochtones comme allochtones, dans l’espoir, notamment, de « dynamiter les préjugés ».

« On veut créer un espace de collectivité, faire cohabiter toutes ces visions, pour qu’ensemble on avance », indique Xavier Huard. « Notre désir est d’aborder différents enjeux d’un point de vue autochtone », dit Charles Bender. « C’est l’angle de vision, la lentille qu’on a choisie, mais cela étant dit, comme citoyens du monde, les autochtones peuvent être touchés par n’importe quels enjeux. »

Dans alterIndiens, Charles Bender, d’origine wendat, incarne Dave, « un gars un peu bonasse, ex-carnivore devenu végétalien… qui s’abstient en comptant les jours ! ». Le rôle de sa femme est défendu par Marie-Josée Bastien. Lesly Vélazquez et Charles Buckell-Robertson complètent la distribution.

alterIndiens, du 7 au 27 septembre, à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier.

Consultez le site du Théâtre Denise-Pelletier