Le directeur du Conseil des Arts du Canada, Simon Brault, explique le refus de son organisme d’accorder, pour une septième fois en 10 ans, l’attribution d’une subvention de base au Rideau Vert, par un « processus rigoureux » d’évaluation demandé par les artistes eux-mêmes.

La décision du CAC de ne pas accorder une aide de 300 000 $ par année pour quatre ans (une subvention « au fonctionnement » dans le jargon administratif) au Rideau Vert a soulevé l’indignation de sa directrice artistique Denise Filiatrault, lundi, dans une lettre ouverte signée par 200 représentants du milieu théâtral. « Je trouve cela injuste et je conçois difficilement les raisons qui perpétuent un tel refus à nous octroyer les fonds essentiels au maintien de l’excellence artistique », écrit entre autres Mme Filiatrault.

Or, le directeur et chef de la direction du Conseil des Arts du Canada estime que, même si la situation est désolante pour le Rideau Vert, il ne peut aucunement intervenir : « La loi au CAC, c’est que le jury décide », explique, M. Brault. « Et je suis le gardien de ce processus très rigoureux pour lequel bien d’autres avant moi se sont battus. Je comprends que le Rideau Vert soit déçu, mais je ne peux pas renverser une décision de jury ; ce serait une hérésie et le début de la fin pour l’évaluation par les pairs à laquelle tiennent tous les artistes et organisations culturelles. »

Selon M. Brault, la « discussion » doit se tenir entre la direction du Rideau Vert et les responsables des programmes. « Au bout du compte, ce sont les pairs en théâtre qu’ils doivent convaincre. » Il explique aussi que les membres des jurys évaluent les demandes d’environ 2000 compagnies au Canada selon trois critères principaux : le mérite artistique, l’engagement et la résilience (les états financiers font partie de ce critère). « Les membres du jury exercent un jugement comparatif selon la contribution d’un théâtre dans un écosystème culturel, par ailleurs très jaloux de ses mandats et choix esthétiques. »

« Le Rideau Vert est définitivement une institution au pays, conclut Simon Brault. Ce théâtre peut prétendre à une subvention de base, hélas non accordée une fois de plus. Cela dit, la compagnie est admissible à des subventions aux projets. On les invitera à soumettre des demandes. »