Dramaturge, improvisatrice à la LNI et coscénariste de séries télé. Actrice, adjointe à la direction artistique du théâtre La Licorne… et bientôt scénariste de film. Depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Québec, en 2014, Pascale Renaud-Hébert accumule les titres et multiplie les projets. Son plus récent : Hope Town.

Bien connue à Québec – ses pièces ont été présentées dans les théâtres institutionnels de la capitale –, Pascale Renaud-Hébert arrive sur la scène théâtrale montréalaise avec sa création Hope Town, présentée à La Licorne dès mardi dans une mise en scène de Marie-Hélène Gendreau.

La jeune femme de 31 ans y interprète Isabelle, jeune femme qui, lors d’un voyage en Gaspésie, se retrouve par hasard devant son frère Olivier, disparu depuis cinq ans. Qu’est-ce qui a poussé le jeune homme à quitter sa famille et à la laisser sans nouvelles aussi longtemps ? Et une fois la cassure faite, est-il possible de revenir en arrière pour recoller ce qu’il reste de morceaux ?

Pour sa troisième création en solo, Pascale Renaud-Hébert s’est inspirée d’une anecdote racontée par une amie. « Elle travaillait dans une station de télévision où l’on diffusait des avis de recherche. Un jour, un homme a appelé la station pour dire d’arrêter de diffuser sa photo, qu’il n’était pas disparu : il était parti et ne voulait jamais que sa famille le retrouve… »

Pour moi, Hope Town est une histoire d’amour filial, pas un drame familial. Elle parle des liens familiaux qui, parfois, n’existent simplement pas. Ce n’est pas simple de comprendre les motivations d’Olivier. J’ai beaucoup travaillé pour humaniser les personnages du frère, mais aussi de la sœur, qui veut protéger ses parents coûte que coûte.

Pascale Renaud-Hébert, créatrice de Hope Town

« Or, jusqu’où peut-on aller pour protéger ceux qu’on aime ? poursuit la scénariste. J’avais envie que les spectateurs se questionnent. »

Après la présentation de la pièce en novembre dernier, au théâtre La Bordée, à Québec, la dramaturge s’est rendu compte que, oui, les spectateurs étaient interpellés par les questions soulevées dans le texte, mais aussi qu’ils s’identifiaient beaucoup à Olivier, le frère fugueur. Comme s’ils comprenaient que rompre avec le clan familial puisse parfois devenir une question de survie… « Je ne pensais pas que les gens se reconnaîtraient autant dans ce personnage. C’est difficile à imaginer pour moi, qui suis très proche de ma famille… »

L’année des 1000 projets

Depuis l’an dernier, Pascale Renaud-Hébert a un agenda chargé. Très chargé. Outre Hope Town, La Bordée a présenté une autre de ses pièces, Sauver des vies, dont elle s’est chargée elle-même de la mise en scène. Sa pièce pour adolescents, Princesses de personne, est partie en tournée. Elle a collaboré à la réinterprétation dramatique d’Antigone, mise en scène par Olivier Arteau.

Dialoguiste d’une féroce efficacité, elle est de plus coscénariste depuis deux saisons de la populaire série télévisée M’entends-tu ?, présentée à Télé-Québec ; elle y tient en parallèle le rôle de la cousine de Carolanne, Karine. 

« La série aborde des sujets durs et dépeint des réalités difficiles, mais elle offre aussi une tribune à ceux qu’on n’entend pas. Ce n’est pas vrai que tous les trentenaires vivent dans des condos tout blancs ! Avec Florence [Longpré, l’initiatrice du projet], on essaie d’être les plus justes et les plus respectueuses possible, car nous ne venons pas de ce milieu, ni l’une ni l’autre. On fait un immense travail de recherche avant d’écrire. On a réalisé des heures d’entrevues avec des intervenants ou des victimes de violence conjugale, par exemple, pour comprendre comment ça fonctionne dans leur cœur et dans leur tête. »

Florence Longpré et Pascale Renaud-Hébert planchent déjà sur une potentielle troisième saison, « même si nous n’avons eu aucune confirmation du producteur ». Elle s’est aussi jointe à l’équipe de scénaristes pour la deuxième saison de la série Pour toujours, plus un jour, diffusée sur Crave.

Elle pourra désormais se frotter à la scénarisation cinématographique puisque sa pièce Sauver des vies a reçu une aide financière à la scénarisation de la part de la SODEC. Il y est question de deux femmes, qui, se sachant atteintes d’une maladie grave, font face à l’adversité de façons diamétralement opposées. L’une agit comme si de rien n’était, pour préserver son fils, l’autre fonce dans la vie avec lucidité.

Une autre histoire inspirée, dit-elle, d’une histoire vraie…

Hope Town, à La Licorne, du 25 février au 7 mars