(Berlin) Le dramaturge et écrivain allemand Rolf Hochhuth, qui avait dénoncé le silence du pape Pie XII face à l’Holocauste dans son Vicaire, est mort mercredi à l’âge de 89 ans, a annoncé son éditeur jeudi.

Il est décédé subitement à son domicile à Berlin, a indiqué sa maison d’édition Rowohlt. La cause du décès n’a pas été précisée.

M. Hochhuth s’était fait connaître en 1963 en dénonçant dans le Vicaire le silence de Pie XII au sujet des crimes du nazisme.

Le gouvernement allemand a salué la mémoire d’un écrivain engagé qui n’a jamais eu « peur des débats controversés » et qui a influencé le discours culturel et sociopolitique de l’Allemagne pendant des décennies.

Le Conseil central des Juifs en Allemagne l’a de son côté qualifié de « courageux briseur de tabou » pour avoir « éclairé le rôle de l’Église pendant la période nazie » et lancé ainsi un débat sur le sujet dans le pays.

Né le 1er avril 1931, M. Hochhuth a grandi en Hesse, dans le centre de l’Allemagne, sous le régime d’Adolf Hitler. Il avait été embrigadé dans les Jeunesses hitlériennes. Les crimes nazis étaient devenus le centre de son œuvre. « L’Holocauste ne pourra jamais être pardonné ou oublié », selon lui.

La pièce, qui avait inspiré en 2002 le film Amen de Costa-Gavras, avait suscité des manifestations devant les théâtres où il était représenté.

Dans les années 70, il publie le roman Un amour en Allemagne qui décrit l’histoire d’amour entre une Allemande et un prisonnier de guerre polonais durant la Seconde Guerre mondiale.

Le livre avait entraîné en 1978 la démission du ministre — président du Bade-Wurtemberg Hans Filbinger à la suite de révélations sur son rôle, en tant que juriste puis juge dans la Marine, dans une condamnation à mort prononcée à la toute fin du conflit mondial.

Deux ans à peine après la réunification, l’écrivain avait aussi dénoncé « l’annexion » de l’ex-RDA par l’Allemagne de l’Ouest avec Wessis in Weimar (Des Allemands de l’Ouest à Weimar).

En 2004, M. Hochhuth avait fait à nouveau scandale avec une pièce de théâtre, McKinsey arrive, qui prend les patrons en ligne de mire et cherche, selon des organisations patronales, à cautionner l’assassinat comme moyen d’action politique.

En cinq actes, l’écrivain s’attaquait à la « dictature de l’économie mondiale » et aux licenciements de masse dans le cadre des « restructurations » préconisées aux grands patrons par les puissants consultants privés, d’où le titre inspiré de la multinationale de conseil en entreprise McKinsey.