Ils voient des spectacles depuis des années. Ils sont fidèles, de véritables passionnés. À l’occasion de la rentrée culturelle, La Presse vous présente des portraits d’abonnés qui vivent une véritable histoire d’amour avec l’institution qu’ils côtoient.

Deux enfants en pyjama, qui inventent des univers en transformant un parapluie en hélicoptère ou une chaussure en voiture de course. Voilà l’essence de Pigiami (pyjamas, en italien), un classique du théâtre jeunesse, récompensé par de nombreux prix.

En 1987, Arduina Alonzo a vu Pigiami à la Maison Théâtre de Montréal avec son fils Olivier, 8 ans. En janvier dernier, l’histoire s’est répétée : Arduina Alonzo et son fils ont vu la dernière mouture de Pigiami, toujours à la Maison Théâtre. Une troisième génération – formée de Simon, 8 ans, et de Raphaël, 10 ans, les garçons d’Olivier – les accompagnait, pour le bonheur de tous.

« Ce que j’aimais – et que j’aime toujours – de la Maison Théâtre, c’est qu’ils vont chercher des pièces du Québec et d’ailleurs, dit Arduina Alonzo, rencontrée autour d’un cappuccino bien fort, sur la terrasse de sa maison de l’île Bigras. Ils ouvrent les esprits vers d’autres horizons. »

« On a notre rituel »

Longtemps enseignante d’art dramatique et de danse au secondaire, Arduina Alonzo fréquente la Maison Théâtre, un diffuseur spécialisé en théâtre pour la jeunesse, depuis 1984.

J’y allais au tout début avec mes élèves. On a tellement eu de belles expériences !

Arduina Alonzo

En plus d’assister à une ou deux pièces par année avec des groupes scolaires, Arduina Alonzo a toujours initié les enfants de sa famille au théâtre. D’abord son fils Olivier, puis ses neveux, et enfin ses quatre petits-fils, qui l’accompagnent au théâtre plusieurs fois par an.

« On a notre rituel, témoigne-t-elle. Quand on fait une sortie au théâtre, ils viennent passer la journée avec moi. On va à Montréal en train et on marche de la gare à la Maison Théâtre, même s’il fait froid. »

« Dis-moi quelque chose ! »

Arduina Alonzo choisit avec soin les pièces qui conviennent à l’âge – et à la sensibilité – de ses jeunes partenaires. « Je suis de la vieille école, fait-elle valoir. Quand je vais au théâtre, il faut que je vibre ! » La spectatrice aime le mélange des genres – marionnettes, acrobaties, cirque et théâtre –, à condition qu’il soit doublé d’un propos. « Dis-moi quelque chose ! », implore-t-elle en faisant briller ses yeux verts.

Elle a vu d’innombrables productions, dont Le bain, Wigwam ou Baobab à plusieurs reprises au fil des ans. « Elles ont gardé tout leur charme », assure-t-elle. D’autres spectacles ont été moins marquants, évidemment.

C’est comme pour n’importe quoi : quand on va voir une pièce, elle peut nous plaire ou pas.

Arduina Alonzo

Emmener les jeunes au théâtre est néanmoins essentiel, selon Arduina Alonzo. « On leur apprend une façon de s’exprimer, dit-elle. Et de se comporter : on ne mange pas de popcorn au théâtre, on ne parle pas ! »

Avec la fin du service de train vers le centre-ville prévu en 2020, Arduina Alonzo se résout à bientôt aller à la Maison Théâtre en voiture. Bien que modifié, le rituel perdurera. « J’ai le goût que les enfants réfléchissent, fait-elle valoir. On peut tout passer, avec tendresse. »

Une pièce qui l’a marquée

Pigiami, vue en 1987 et en 2019. « C’est universel, dit Arduina Alonzo. Un vrai monde d’enfants ! »

Des acteurs fétiches

« Une troupe travaille beaucoup ensemble, souligne-t-elle. Le travail d’équipe est de mise. » André Robitaille, vu en 1990 dans Je n’t’abandonnerai jamais, l’a néanmoins touchée. « Il était allé chercher mes étudiants », se souvient-elle.

Un metteur en scène marquant

Hélène Ducharme, qui a signé le texte et la mise en scène de Baobab, vue à plusieurs reprises. « Quand on arrivait dans la salle, ils jouaient déjà de la musique, raconte Arduina Alonzo. On entrait dans le monde du théâtre. »

Une pièce attendue de la programmation 2019-2020

Plusieurs, notamment Les idées lumières et Les trois petits vieux qui ne voulaient pas mourir pour ses petits-fils de 8 et 10 ans, ainsi que Fils de quoi ? et Ceux qui n’existent pas pour ses petits-fils de 16 ans.