L’idée est bonne. Se jouer de la mort. Lui faire un pied de nez. Bref, en rire. À travers de petites histoires. C’est le défi que se sont donné Laurent Paquin et Simon Boudreault dans leur nouvelle comédie à sketches, On va tous mourir, qui a démarré, on dira « en grande pompe », hier soir au théâtre Le National.

Résultat : une série de vignettes assez inégales, dominées par un humour absurde puéril, un peu godiche.

Un homme reçoit cinq messages vocaux d’un infirmier d’hôpital qui lui annonce d’abord que ses parents sont morts, puis qu’il s’est trompé de personne, qu’il cherchait un autre M. Côté, et de nouveau que ce sont bel et bien ses parents, que l’autre Côté était son frère, mais qu’ils sont juste blessés, et enfin, que finalement, oui, ils sont morts.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Laurent Paquin et Simon Boudreault dans On va tous mourir

Dans une autre saynète, un médecin cherche une façon d’annoncer à son patient qu’il va mourir. Il essaie toutes les approches, les unes plus bêtes que les autres. C’est finalement grâce à la technique de la psychologie inversée que le médecin réussit, déplorant qu’il a « perdu » un autre patient… Et le patient de le consoler : il y en aura d’autres…

On nous parle aussi de la mort d’un cochon d’Inde appelé François Legault… Ou encore de deux rescapés d’un accident d’avion qui se retrouvent seuls dans les montagnes enneigées (les décors étaient projetés sur un écran) et qui se demandent quelle partie de leur corps ils mangeraient si l’un d’eux devait mourir….

Voyez ? C’est gras, ça manque de subtilité, et pour dire vrai, ce n’est pas vraiment drôle. La plupart des numéros nous ont laissé froid (voyez, votre humble serviteur peut aussi faire des jeux de mots douteux).

Dommage, parce que Laurent Paquin et Simon Boudreault offrent une excellente prestation. Ils ont une aisance toute naturelle sur scène, un sens inné de la répartie, un talent évident pour l’improvisation, ils jouent très bien en fait. Et ils sont plutôt bien dirigés par le metteur en scène Serge Denoncourt.

C’est le contenu qui, en général, est faible. On s’attendait à un peu plus de ces auteurs et comédiens aguerris.

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Laurent Paquin et Simon Boudreault dans On va tous mourir

Matière à rire

Heureusement, quelques histoires se démarquent du lot et sauvent en partie la mise. On pense, par exemple, au sketch de cet empereur qui dicte à son serviteur des phrases signifiantes en prévision de sa disparition. Pour être sûr qu’on se souvienne de sa brillance. Ou encore l’absurdité d’un duel entre deux hommes qui résulte d’un quiproquo… Il y avait matière à rire.

Idem pour le numéro de la fin, où deux fœtus arrivés à maturité (et donc à la fin de leur vie) se confient l’un à l’autre. C’était drôle, et même touchant. Autre bon coup, les transitions entre les sketches étaient plutôt amusantes. De petites animations où les deux comédiens apparaissaient en format miniature sur des musiques très à propos (Mourir sur scène, de Dalida ; Mourir pour des idées, de Brassens, etc.).

Bref, si l’idée est bonne, et que quelques-unes des histoires font mouche, il y a donc de l’espoir. Un tri serait de mise. Le gars qui vient de réaliser qu’il va mourir « un jour » ne devrait pas figurer sur la courte liste. Pour un sujet aussi chargé (et délicat) que la mort, oui, il faut creuser un peu (mais pas sa tombe).

Avec Laurent Paquin et Simon Boudreault, mise en scène de Serge Denoncourt, au théâtre Le National, jusqu’au 27 juillet.