Depuis 30 ans, l’organisme Les artistes pour la paix honore des artistes dont « l’art et les actions favorisent la paix et la justice sociale ». Cette année, le comité des artistes pour la paix (APLP), composé de six personnes, dont Judi Richards et André Michel, a choisi de remettre le prix Artiste pour la paix à l’homme de théâtre Robert Lepage. La directrice du Musée des beaux-arts de Montréal, Nathalie Bondil, et le musicien, poète et militant Raôul Duguay sont aussi honorés.

Est-ce pour répondre aux détracteurs des spectacles SLĀV et Kanata, qui furent au centre de controverse l’été dernier, que les APLP ont tiré leur chapeau à Robert Lepage ?

« Je ne veux pas parler de ça, explique le président des APLP, André Michel. J’ai dit à tout le monde que je ne voulais pas entendre les mots SLĀV et Kanata, même si j’ai beaucoup de respect pour les gens qui contestaient. Ils avaient leurs raisons. Moi, je regarde en avant. Et je pense que Robert a donné et qu’il a encore beaucoup à donner. »

« Nous ne sommes pas intéressés à relancer un débat qui a été fait. Kanata est encore dans les médias, il y a toujours des gens qui s’y intéressent et qui font des états de la situation, mais ce n’est pas dans cet état d’esprit-là que nous lui avons donné le prix. »

André Michel est un artiste peintre qui s’intéresse depuis près de 50 ans à l’univers autochtone. Il a notamment créé le Musée régional de la Côte-Nord, qui rassemble beaucoup d’objets d’art autochtone, ainsi que le Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire et la Maison amérindienne. L’été dernier, il a exposé à l’Écomusée du fier monde des peintures de membres des Premières Nations en situation d’itinérance.

Pendant toutes ces décennies, il a régulièrement échangé et collaboré avec le créateur d’Ex Machina, qui s’est entre autres intéressé aux Premières Nations du Canada dans Kanata. « Je me dis que l’image qui a été donnée de Robert Lepage ne correspond pas à ce qu’il est », explique André Michel.

« Positivisme »

Les lauréats du prix Artiste pour la paix sont souvent honorés pour l’ensemble de leur œuvre et leurs actions sociales. Pour Robert Lepage, André Michel se souvient d’avoir applaudi Le moulin à images à Québec et une adaptation de La tempête de Shakespeare, qui mettait en scène des acteurs autochtones et non autochtones, présentée à Wendake.

« Nous honorons quelqu’un qui fait d’excellentes choses et nous souhaitons qu’il en fasse encore des meilleures. Et c’est pareil pour les autres que nous honorons, Nathalie Bondil et Raôul Duguay, dit le président de l’organisme. Nous sommes dans le positivisme et non dans le chialage inutile qui n’apporte rien. »

La cérémonie des prix APLP a lieu ce matin dans l’Atrium de l’édifice Gaston-Miron.

André Michel sur les autres lauréats…

PHOTO NINON PEDNAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Raôul Duguay

Raôul Duguay, membre honoraire des APLP

« Raôul est un des premiers militants, au milieu des années 80, à avoir mis en place Les artistes pour la paix. C’est quelqu’un d’important. Il a passé sa vie à lutter et, alors qu’il a 80 ans, il vient de s’engager à protéger l’esker à Saint-Mathieu-Berry, où il y a apparemment la meilleure eau du monde. Il est toujours très actif malgré son âge vénérable. »

Nathalie Bondil, Prix Amie pour la paix 2019

« La directrice du Musée des beaux-arts de Montréal est nommée pour plusieurs raisons. Elle a fait énormément de choses ces dernières années : l’exposition ¡Cuba! Art et histoire, de 1868 à nos jours, la ballade pour la paix de John et Yoko, l’inauguration du pavillon pour la paix Michal et Renata Hornstein, le kilomètre d’art public La balade pour la paix, etc. Elle a en plus une approche assez particulière avec les moins bien nantis pour qu’ils aient accès au musée et à ses activités. C’est une personnalité à part. »

Pauline Julien, Prix Hommage posthume

« Pauline Julien a toujours été impliquée socialement et je pense que, politiquement, elle a fait sa part à une époque. Pas juste avec ses chansons, mais aussi avec sa personnalité. Son engagement social méritait qu’on l’honore et, en plus, ça faisait 20 ans qu’elle nous avait quittés, l’an dernier. Sa fille Pascale Galipeau lira le poème Les gens de mon pays. »