Gros chantier cet été dans les locaux du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui (CTD’A), rue Saint-Denis.

Des rénovations sont en effet prévues pour reconfigurer et moderniser le hall d’entrée, la façade et une large partie de l’équipement scénique. Résultat : la direction du théâtre a dû retrancher un spectacle de sa salle principale pour la saison 2019-2020, qui va s’amorcer à la mi-novembre plutôt qu’à la fin de septembre.

Après avoir célébré avec succès le 50e anniversaire de l’institution théâtrale — pas moins de 30 000 personnes ont fréquenté les deux salles du CTD’A la saison dernière —, le codirecteur général et directeur artistique Sylvain Bélanger propose une saison 2019-2020 sous le signe de l’humilité et de l’autre, « cet autre dont on a besoin pour raconter une histoire », dit-il.

Salle principale

Constituons !, l’ambitieux projet de Christian Lapointe qui ouvre la saison, est un des exemples les plus probants de ce fil rouge qui parcourt toute la programmation. Le concepteur a sillonné le Québec avec 42 citoyens pour écrire une Constitution du Québec d’aujourd’hui.

« Il nous rappelle qu’une Constitution ne devrait pas être laissée aux seuls juristes, mais que c’est un exercice démocratique qui nous appartient à tous. D’ailleurs, je me suis reconnu dans chaque phrase que j’ai entendue », explique Sylvain Bélanger, codirecteur général et directeur artistique, au sujet du travail de Christian Lapointe.

Suivra, en janvier, Corps célestes, du dramaturge et poète Dany Boudreault, dont les mots seront repris pour la première fois sur la scène principale du CTD’A. « Dans une langue très forte, Dany nous présente un adolescent prêt à entendre toutes les révélations qui soient, tant sur le monde que sur lui-même. »

En mars, c’est l’auteure Rébecca Déraspe qui a rendez-vous pour la première fois dans la salle principale avec son texte Ceux qui se sont évaporés, porté par une distribution de huit acteurs. « Le texte part d’un phénomène troublant au Japon, où 100 000 personnes disparaissent volontairement chaque année au moyen d’agences spécialisées. Rébecca imagine une femme qui a préparé ainsi sa propre disparition ; elle nous présente ceux qui sont restés derrière et qui ne peuvent plus que fabuler sur ce que cette femme est devenue. »

La saison se clôt, dans la salle principale du moins, avec Pas perdus, un documentaire scénique signé Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier, présenté en avril. « Anaïs a passé un an et demi à se promener avec son micro pour enregistrer des témoignages. Émile a tout le matériel audio en main pour tisser une trame qui va relier l’histoire de ces gens. » Sur scène se retrouveront une dizaine de non-acteurs, dont plusieurs sont issus de minorités culturelles. Ce qui les unit tous ? Sylvain Bélanger refuse de le dévoiler…

Salle Jean-Claude-Germain

Cinq spectacles se succéderont à la salle Jean-Claude-Germain, mettant en scène tantôt la vie d’un couple sur fond de chambardement social et médiatique, tantôt une famille dysfonctionnelle qui s’entredéchire un certain soir d’Halloween 1995, tantôt encore trois mères aux sexualités distinctes, portées par la langue âpre et sans compromis de la poète Marjolaine Beauchamp. Anne-Marie Olivier y interprétera Maurice, un fonctionnaire atteint d’aphasie, tandis qu’Évelyne de la Chenelière prêtera son talent d’interprète au rôle d’un dramaturge (appelons-le Guillaume Corbeil !) en plein road trip sur les traces de Jeffrey Alan Lash, cet Américain qui se prétendait mi-homme, mi-extraterrestre…