Avec Le schpountz, le Rideau Vert clôt sa saison automne-hiver sous un air d’été. Cette comédie légère et satirique, bien menée par Rémi-Pierre Paquin dans le rôle principal, arrive tôt dans la routine d’un critique de théâtre… Or, le public y trouve son plaisir. Et pour paraphraser Denise Filiatrault : le public a toujours raison.

La directrice du Rideau Vert signe d’ailleurs la mise en scène — pas la plus inspirée de sa vénérable carrière, disons brièvement — de cette pièce coproduite avec Encore Spectacles ; elle ira en tournée l’automne prochain.

L’histoire débute dans un village de la Côte-Nord. Théo (Rémi-Pierre Paquin), un jeune commis malheureux de son travail à l’épicerie de son oncle, rêve de célébrité en feuilletant un magazine de vedettes. Il se voit déjà en haut de l’affiche, adulé du public et des critiques. Au grand dam de son oncle bourru, propriétaire de l’épicerie, qui a élevé Théo et son frère. Si le jeune homme est persuadé d’avoir un talent d’acteur, son entourage le perçoit plutôt comme un rêveur paresseux et profiteur. Sa quête de gloire nous semble aussi vaine qu’inaccessible.

Lorsqu’une équipe de cinéma débarque dans le village pour un tournage, Théo y voit un signe du destin. Il se présente tout de go à l’équipe pour auditionner et décrocher un rôle. Sournoisement, pour se moquer de lui, la réalisatrice et ses collaborateurs font signer un (faux) contrat à Théo, avec la promesse d’un rôle « dramatique » dans un autre film, Le schpountz, qu’ils projettent de tourner prochainement à Montréal…

Ce qui devait rester une mauvaise blague deviendra une catastrophe, alors que Théo débarque dans les bureaux de la maison de production à Montréal. Bonjour le quiproquo !

Appelez mon agent

Par son personnage naïf et attachant, bête et risible, cette adaptation théâtrale d’un vieux film français rappelle Le dîner de cons. Avec la tendresse et l’humanité de Marcel Pagnol en prime. Toutefois, l’adaptation d’Emmanuel Reichenbach, avec moult références à nos vedettes locales, hésite entre la critique du milieu artistique et les bons sentiments à la sauce Pagnol.

Il y a un décalage entre ces deux univers, comme si César, Marius et Fanny étaient téléportés dans les bureaux de la série Appelez mon agent, ou plutôt sa version québécoise, Les invisibles.

Du côté de la distribution, Rémi-Pierre Paquin, Raymond Bouchard et Linda Sorgini (en productrice redoutable) sont tous les trois très drôles et fort convaincants. Malheureusement, il y a des carences sur le plan du jeu des interprètes secondaires. Entre autres, quand l’aide-réalisatrice retourne à l’épicerie familiale à l’acte final, Alexandra Cyr semble se demander ce qu’elle fait sur scène durant de longues minutes…

Tout est bien qui finit bien, dans le théâtre de Pagnol comme dans la comédie de Shakespeare. Théo ne sera pas éternellement dupe ni naïf. Sans rien divulgâcher, on peut dire qu’il tombera amoureux pour profiter de sa nouvelle vie en couple. « Le succès, c’est bien beau, mais tu ne peux pas le serrer dans tes bras », disait Neil Simon, un autre comique, et pas malgré lui.

Consultez le site web du Théâtre du Rideau vert.