Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

Olivier Kemeid, directeur artistique du Théâtre de Quat’Sous, a dévoilé hier les titres de la saison 2019-2020. Le fil rouge entre toutes les pièces présentées : la mutation. « C’est dans l’air du temps, avec tout ce qu’on vit comme changements. » Il a souhaité réunir des spectacles qui viennent bousculer l’ordre des choses et les idées reçues, en plus de permettre « un dialogue entre les époques ».

La saison s’ouvre sur L’Énéide, d’après un texte écrit par Kemeid il y a plus de 10 ans. Inspiré par Virgile et par l’émigration de son grand-père d’Égypte, ce texte aborde une question brûlante d’actualité : la crise migratoire et tous les bouleversements qu’elle apporte.

Suit, en octobre, Le ravissement, d’Étienne Lepage, mis en scène par Claude Poissant. « Cette pièce reste très sociale et politique, même si elle est plus intime. On y découvre une jeune femme qui, à l’aube de sa majorité, décide, par besoin ou par provocation, de sortir des ornières qui lui sont prédestinées. » C’est à Marie Brassard qu’Olivier Kemeid a confié la création du premier spectacle de 2020. « Marie est un électron libre, qui arrive toujours avec des propositions radicales. » Elle s’intéressera aux femmes – oubliées – qui ont marqué la Beat Generation dans la pièce Éclipse.

En mars, Alexandre Castonguay et Patrice Dubois proposent un « road trip théâtral » baptisé Courir l’Amérique et inspiré des livres de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque. Parmi les questions soulevées ici : qui sont ceux qui font l’Amérique d’aujourd’hui ?

Finalement, À quelle heure on meurt ?, ce collage de textes de Réjean Ducharme signé par Martin Faucher en 1988. Frédéric Dubois proposera un éclairage différent en confiant les rôles principaux non pas à de jeunes interprètes qu’on croirait sortis tout droit des Enfantômes, mais plutôt à des acteurs d’âge mûr : le couple formé par Louise Turcot et Gilles Renaud. Le Quat’Sous reprendra aussi deux spectacles :  Le tigre bleu de l’Euphrate (fin novembre) et Hidden Paradise (en mai).

On a vu… Variation sur La mouette

PHOTO FOURNIE PAR LA LICORNE

Dans Cr#%# d’oiseau cave, Danielle Proulx (détestable à souhait) tire bien son épingle du jeu. Ici avec Robert Lalonde.

Depuis sa création, en 1896, à quelle sauce n’a-t-on pas cuisiné La mouette, pièce phare de l’œuvre d’Anton Tchekhov ? Ces jours-ci, l’oiseau est servi sous une bonne couche d’humour à La Licorne. Le titre du texte de l’auteur américain Aaron Posner, traduit par Benjamin Pradet et mis en scène par Michel-Maxime Legault, est, en soi, très révélateur : Cr#%# d’oiseau cave.

Sur une scène vide, les personnages imaginés jadis par Tchekhov se trouvent ici réduits à leur plus simple expression – Macha-la-déprimée, Emma-l’égocentrique, Nina-l’affamée-des-projecteurs… Dans cette formule un brin simpliste, Roxane Bourdages (lumineuse dans sa noirceur) et Danielle Proulx (détestable à souhait) tirent le mieux leur épingle du jeu.

De fait, ce ne sont plus tant les liens entre cette galerie de personnages imparfaits qui importent, mais plutôt le regard pour le moins critique qu’ils portent tous sur l’art en général et la célébrité en particulier. Une relecture sans complexe, où les jurons surpassent parfois l’émotion, et où les rires (et surtout les sourires) sont fréquents.

En reprise

PHOTO FOURNIE PAR LE THÉÂTRE PROSPERO

Écoutez nos défaites, d’après l’oeuvre Laurent Gaudé, avec le jeu renversant de Gabriel Arcand et Thibault Vinçon

Dernière chance de voir la pièce Écoutez nos défaites, d’après l’œuvre de Laurent Gaudé, avec le jeu renversant de Gabriel Arcand et de Thibault Vinçon, dans une mise en scène époustouflante de Roland Auzet. Après sa création à Montréal en septembre dernier, cette coproduction du Groupe de la Veillée et de la Cie Act-Opus a fait l’objet d’une tournée en France et en Suisse. «  La langue de Laurent Gaudé est percutante, presque épique  », avait écrit, l’an passé, l’ex-collègue Mario Cloutier.

Expérience immersive aux Écuries : Balado-théâtre enregistré devant public

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le comédien Dany Boudreault fait partie de la distribution du balado-théâtre Néon Boréal

Le Théâtre Aux Écuries présente le balado-théâtre Néon boréal, une création mariant le théâtre à la radio sous la plume de Louis-Philippe Roy et de Josianne T Lavoie. À raison d’un épisode différent chaque soir, les spectateurs sont invités à suivre une trame sonore en direct. Les acteurs Sabrina Bisson, Dany Boudreault, Alexandre-David Gagnon et Ines Talbi prêtent leurs voix aux récits des deux auteurs exilés aux États-Unis, et séparés à 5000 km de distance, des fontaines du Bellagio, à Vegas, aux aurores boréales de l’Alaska. Sur fond de divertissement, cette expérience dramaturgique veut de plus mettre en lumière une vision différente du pays de l’Oncle Sam. Les trois épisodes, d’environ 70 minutes chacun, seront ensuite offerts sur les applications web et la plateforme de diffusion de Transistor Média.

Du 16 au 18 mai, au Théâtre Aux Écuries.

À Québec : Capitale de la scène 

PHOTO FOURNIE PAR LE CARREFOUR DE THÉÂTRE DE QUÉBEC

Le fabuleux Hidden Paradise, de et avec Marc Béland et Alix Dufresne, sera repris au Carrefour de théâtre de Québec les 5 et 6 juin.

Le 20e Carrefour international de théâtre a dévoilé sa programmation la semaine dernière. À la fin de mai et au début de juin, à l’instar de Montréal et son FTA, la Vieille Capitale battra aussi au rythme des arts vivants et de la création contemporaine. Au menu, une douzaine de spectacles d’ici et d’ailleurs, un déambulatoire aux abords de la rivière Saint-Charles (Où tu vas quand tu dors en marchant ?), ainsi que des activés satellites et «  en chantier  ». Parmi les titres à ne pas manquer, mentionnons Pinocchio du Français Joël Pommerat ; le fabuleux duo Hidden Paradise, de et avec Marc Béland et Alix Dufresne ; Post humains de Dominique Leclerc, co-mise en scène avec Édith Patenaude. Créé à l’automne 2017 au théâtre Espace libre, ce spectacle aborde avec brio l’univers du transhumanisme et des limites naturelles du corps et du cerveau.

En région : Les étoiles du Nord 

PHOTO MATT BARNES, FOURNIE PAR LE FESTIVAL DES ARTS DE SAINT-SAUVEUR

La nouvelle création de Guillaume Côté, Crypto, sera présentée en primeur au Festival des Arts de Saint-Sauveur.

Encore l’été prochain, des artistes de renommée internationale seront au programme du Festival des Arts de Saint-Sauveur (FASS), dès le 25 juillet. On présentera en primeur la création du directeur artistique du FASS, Guillaume Côté, Crypto, une œuvre amalgamant danse classique et contemporaine, théâtre et technologie. Cette année, les femmes chorégraphes seront à l’honneur. Le FASS s’amorce avec la grande danseuse Michelle Dorrance et sa compagnie new-yorkaise qui réinventent la danse à claquettes. Suivra un programme spécial avec Anne Plamondon, Gioconda Barbuto et Hanna Kiel. « Trois femmes, trois chorégraphes d’ici réunies dans une même soirée, trois approches de la danse pour interpréter une Danse à trois temps », résume le programme du festival en soulignant les parcours impressionnants de ces trois danseuses d’exception. Dwight Rhoden et sa compagnie Complexions Contemporary Ballet seront de retour à Saint-Sauveur avec From Bach to Bowie, et la compagnie autochtone Red Sky Performance, dirigée par Sandra Laronde, présentera Trace, une pièce inspirée de la cosmologie et du ciel étoilé. Finalement, la soirée de clôture propose un concert avec l’Orchestre métropolitain, sous la direction de Yannick Nézet-Séguin.