Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

On a vu: 21

Le théâtre résonne toujours mieux lorsqu’on y entend la voix des laissés-pour-compte. Comme dans 21, la deuxième pièce de Rachel Graton, créée la semaine dernière au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Deux ans après La nuit du 4 au 5, la comédienne et autrice prouve qu’elle mérite sa place parmi les voix importantes de la nouvelle dramaturgie québécoise.

Par ses thèmes autant que par sa forme d’écriture, 21, qui est aussi le nom d’un jeu de basketball, est une pièce actuelle et essentielle. Graton y dépeint l’éprouvante rencontre entre deux solitudes, deux femmes de générations et de milieux différents, mais qui portent en elles une terrible blessure.

La scène s’ouvre sur une musique hip-hop (Alaclair Ensemble) et se passe dans le gymnase d’un centre d’accueil pour jeunes en difficulté. Zoé (Marine Johnson, sidérante de vérité et de justesse dans son jeu !) est une adolescente de 15 ans terrée dans son mutisme et sa révolte. Sara (Isabelle Roy, touchante dans un rôle moins bien défini) est une travailleuse célibataire qui masque sa faille au moyen de l’alcool et d’amants de passage. Peu à peu, elles vont apprendre à se parler et à se faire confiance.

La mise en scène d’Alexia Bürger est sobre et efficace. Si la fin est brusque et que certains revirements restent mal expliqués, le destin de Sara et de Zoé, surtout, risque de vous ébranler et de vous habiter longtemps.

Adaptation: plus authentique que jamais

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Jacob Wren, codirecteur artistique de la compagnie PME-ART

La compagnie PME-ART fêtait son 20e anniversaire en 2018 avec, entre autres, la sortie du livre Authenticity Is a Feeling : My Life in PMR-ART. Voici que la version « scénique », on ne peut plus intimiste, de l’ouvrage est présentée à La Chapelle. Seul devant le public, Jacob Wren revient – en anglais – sur un parcours artistique sans compromis. Réflexions et extraits sont rythmés par le tourne-disque, qui reprend des chansons ayant appartenu à d’autres (anti)spectacles, comme Le génie des autres/ Unrehearsed Beauty, La famille se crée en copulant, la série « Hospitalité », etc. Celui qui a passé les 20 dernières années à créer des œuvres où ses collaborateurs pouvaient (voire devaient) « être eux-mêmes sur scène » démontre ici que l’authenticité est peut-être l’une des plus grandes formes de génie.

En première: en quête de liberté

PHOTO FOURNIE PAR L’USINE C

La troupe Raoul Collectif présente Le signal du promeneur

Première nord-américaine cette semaine à l’Usine C avec la présentation de la pièce Le signal du promeneur, par la troupe belge Raoul Collectif. Ce spectacle, déjà présenté en Europe, met en scène un groupe de cinq individus en quête de liberté, qui sondent, autour d’un piano déglingué, les profondeurs de l’existence et les dysfonctionnements de la société. Le spectacle choral s’inspire en large partie de faits réels, comme l’histoire de Christopher McCandless (héros du film de Sean Penn Into the Wild) ou celle de l’aventurier Mike Horn. Au programme de cette pièce qu’on dit férocement politique : citations philosophiques, détours comiques et interludes musicaux.

Bientôt à l'affiche: l’aura des vedettes

PHOTO JULIE RIVARD, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE LA LICORNE

Danielle Proulx et Robert Lalonde jouent dans Cr#%# d’oiseau cave

Le metteur en scène Michel-Maxime Legault est fort occupé cette saison. Son prochain rendez-vous ? La pièce Cr#%# d’oiseau cave, qui sera présentée au Théâtre La Licorne du 30 avril au 25 mai. Ce texte de l’Américain Aaron Posner s’inspire de La mouette de Tchekhov. La question au cœur de l’œuvre : « Dans notre société, accorde-t-on plus d’importance au talent ou à la notoriété d’un artiste ? » À travers l’histoire d’amour de Macha, Nina, Trigorine et les autres personnages tchékhoviens, l’auteur – qui a aussi adapté Oncle Vania et Les trois sœurs – mène une réflexion sur le vedettariat et ses répercussions. Michel-Maxime Legault dirigera Danielle Proulx, Robert Lalonde, Roxane Bourdages, François-Xavier Dufour, Catherine Lavoie, Sasha Samar et Richard Thériault. Une pièce libre et déjantée qui fera sans doute jaser, en cette ère de vedettes médiatiques.

Hors Montréal: la nouvelle saison du CNA

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Mani Soleymanlou signe la création Zéro

À Ottawa, le Centre national des Arts (CNA) a annoncé la programmation 2019-2020 de ses différents volets. Cela signifie plus de 300 nouveaux spectacles de théâtre, de musique et de danse. Du côté du Théâtre français du CNA, on pourra voir des pièces québécoises à succès, comme Bonne retraite, Jocelyne, de Fabien Cloutier ; L’Iliade, d’après Homère, adaptée et mise en scène par Marc Beaupré ; J’aime Hydro, de (et avec) Christine Beaulieu ; mais aussi une création de Mani Soleymanlou, intitulée Zéro. Le prolifique acteur et créateur revient donc au solo pour mieux replonger dans « le grand vide, et tenter de remonter à l’origine de lui-même, en puisant aux sources de son travail de création », écrit-on sur le site du CNA.

Jeunesse: écrire « en gang »

PHOTO FOURNIE PAR LE THÉÂTRE LE CLOU

Le Théâtre Le Clou présente Le Scriptarium 2019

Le Théâtre Le Clou présente Le Scriptarium 2019, son projet d’écriture collectif annuel entre adolescents et artistes professionnels autour d’un thème précis. Cette année, Didier Lucien a proposé aux jeunes le thème du rêve. Après des ateliers d’écriture en classe, 24 jeunes ont été choisis pour participer à un stage de création et écrire un texte. Puis, l’auteur Mathieu Gosselin est parti avec tous leurs textes pour écrire une œuvre qui reprendra, entre autres, leurs personnages et leurs intrigues, dans le but de créer un spectacle unique mis en scène par Sylvain Scott.