Toutes les semaines, La Presse discute avec un artisan d'une pièce de théâtre d'été... le temps d'un cornet. Pour briser la glace: André Robitaille, qui met en scène deux pièces, l'une à L'Assomption, l'autre à Drummondville.

André Robitaille produit et signe la mise en scène de deux pièces de théâtre qui seront à l'affiche durant l'été. Il présente Boeing Boeing au Théâtre Hector-Charland de L'Assomption, qui met notamment en vedette Pauline Martin, Bernard Fortin et Martine Francke. À la Maison des arts de Drummondville, il propose Sylvia avec Pierrette Robitaille, Marcel Leboeuf, Claude Prégent et Sonia Cordeau. 

Le concept de l'entrevue est simple: je te pose des questions jusqu'à ce que tu aies fini de manger ta crème glacée. Que feras-tu de ton été?

Le 11 juin, j'aurai terminé Les enfants de la télé, Entrée principale et mes deux mises en scène. Je serai donc en congé. Mais je suis un metteur en scène présent, assez fatigant, donc je vais quand même aller voir les productions. Et là, j'arrive au punch de mon histoire: je pars en voyage seul avec mes deux enfants, mon gars de 22 ans et ma fille de 14 ans. 

Où allez-vous? 

Tu es la première à qui je le dis, puisque j'ai toujours peur d'avoir l'air d'un maudit prétentieux. On s'en va en Tanzanie. Nous sommes bien excités ! Étant donné leur différence d'âge, c'est une équipe qui est difficile à contenter, à intéresser. Et cette destination nous allait tous: on part en expédition!

Wow, chanceux! Voyages-tu souvent avec tes enfants?

Oui. Et malgré tout l'amour que nous avons tous les quatre [sa conjointe et la mère de ses enfants est la comédienne Martine Francke], j'ai besoin d'un rendez-vous en solo avec chacun d'entre eux. Donc, je fais des voyages tout seul avec ma fille, des voyages tout seul avec mon gars, et Martine a aussi ses moments avec les kids. Malgré ce que les gens peuvent penser, je considère que je suis un père très présent. Maudit, cette crème glacée fond vraiment vite! 

Parle-moi de la pièce Boeing Boeing. Pourquoi ce choix? 

Il y a plusieurs années, j'ai fait une mise en scène à Drummondville avec Marie-Soleil Tougas, c'était sa première et seule fois au théâtre. Et un gars qui était encore à l'École nationale de théâtre, Benoît Brière. Ah, je suis vraiment plein de crème glacée! Faudrait que tu m'aides. Prends-en! Tu vas voir, c'est bon!

Ben voyons! Je ne peux pas manger ta crème glacée. 

Oui, mange, je te dis! (La journaliste s'exécute.) On va se le dire, votre concept ne fonctionne pas. Je ne peux pas manger une crème glacée en parlant! Ça ne marche pas! (rires) 

O.K., revenons à Marie-Soleil Tougas. Est-ce qu'elle était bonne? 

Oh oui! Je m'ennuie de son parfum d'ailleurs. Maudit qu'elle sentait bon! Je m'ennuie beaucoup de cette fille, en fait... Bref, j'ai fait cette pièce avec elle et, au théâtre de Drummondville, ils en avaient gardé un beau souvenir. Alors, lorsque M. Latulippe est mort [le comédien y présentait depuis longtemps des pièces pendant la saison estivale], ils m'ont appelé pour prendre sa place.

Et tu y as présenté Boeing Boeing. Ça doit avoir eu du succès, puisque vous présentez de nouveau la pièce cet été, mais cette fois-ci à L'Assomption. 

Oui, effectivement. À Drummondville, par respect pour M. Latulippe, par respect pour le public et par respect pour ce théâtre, j'ai eu envie de monter un boulevard. Pourquoi Boeing Boeing? Les boulevards sont toujours à huit ou dix acteurs. Je n'avais pas l'argent pour ça. Et celui-là se monte à six acteurs, donc je l'ai choisi! (rires) J'aimais aussi le scénario, mais c'est vraiment un «cache-toi là, ma femme arrive»! Je l'assume. Mais je l'ai monté très tight. Je ne l'ai pas monté à la manière de M. Latulippe: fous rires, baisse tes culottes et face dans les totons. On n'est pas là. 

Ta réponse a l'avantage d'être claire! Donc ça, c'est pour L'Assomption. Et à Drummondville, tu présentes Sylvia. Pourquoi ce choix? 

Je suis dans une salle à New York... Maudit que ça se place bien dans une conversation: j'étais dans une salle à New York! Bref, j'étais dans une salle à New York avec ma blonde et nous avons été charmés par le spectacle. C'est drôle, original et touchant. Pis là, je vous le dis, ça ne chante pas! Ce n'est pas parce que c'était à Broadway que ça chante toutes les deux secondes. Moi, ça m'énerve quand ça chante. 

Oh non! Moi, j'adore ça quand ça chante! 

Bien, ce n'est pas ça, mais tu vas aimer ça! C'est Sarah Jessica Parker et son mari qui ont créé ça. Après l'avoir vu, nous les avons attaqués pour avoir les droits d'auteur et nous les avons eus! Pierrette Robitaille et Marcel Leboeuf forment un duo incroyable. Et Sonia Cordeau, j'ai vraiment eu un coup de foudre pour elle dans Les appendices. J'aime cette fille. Et trouver quelqu'un qui va jouer un chien, ce n'est pas facile. 

Un chien! Tu veux dire qu'elle joue un vrai chien? 

Hey, attends, je parle! (rires) Oui, Sylvia est un chien. C'est un golden retriever qui arrive dans une maison et qui vient déranger l'intimité et l'énergie du couple de baby-boomers. Enfin, les enfants sont partis! Nous allons nous retrouver! Ce classique-là. Et lui, il ramène un chien à la maison. Sonia joue le chien. Mais elle est debout et elle parle. Elle ne fait pas des wouf! wouf!. C'est ce qui est un peu absurde. Mais il y a quelque chose de très tendre dans le récit. C'est d'ailleurs une comédie romantique et je n'en avais jamais monté. Bon, là, je ne mange plus de ce cornet. Je ne suis plus capable! 

O.K., dernière question alors. Pourquoi fais-tu de la mise en scène de théâtre d'été? Tu n'as pas besoin de ça. 

Tu as raison. Je ne suis pas obligé de produire, de jouer ou de faire de la mise en scène. Tu as raison. Mais c'est un besoin. Le besoin artistique d'être dans une salle de répétition et de travailler avec des acteurs. J'aime la littérature. Alors, j'aime raffiner un texte, j'aime travailler un texte. Je prépare Les fourberies de Scapin que je vais jouer au Théâtre du Nouveau Monde en janvier prochain. Ça va faire un an que je suis là-dessus, que je relis tout Molière, que je taponne et que je déplace des virgules. Je suis un petit peu malade comme ça.