Le Québécois Yves Jacques donnera la réplique à la grande actrice française Isabelle Huppert au début de l'année prochaine sur les planches de l'Odéon, un des plus beaux et des plus prestigieux théâtres de Paris, de France et d'Europe.

Du 16 janvier au 23 mars 2014, Yves Jacques jouera le rôle du valet Dubois dans Les Fausses Confidences de Marivaux, dans une mise en scène du Suisse Luc Bondy. Bondy, un des grands metteurs en scène européens, est également directeur de L'Odéon-Théâtre de l'Europe (le nom officiel du lieu). Il en dévoile lundi la prochaine programmation, dont Les Fausses confidences, créée en 1737, sera un des moments forts.

La distribution fait déjà rêver: Isabelle Huppert, dans le rôle d'Araminte, sera notamment entourée de Bulle Ogier, Louis Garrel et de Jean-Damien Barbin.

«C'est une chance inouïe de travailler avec Isabelle Huppert, et de jouer à l'Odéon, un lieu qui m'a toujours fasciné», a confié Yves Jacques.

Le rôle est important: Dubois est en quelque sorte le pivot de la pièce. C'est lui qui mène l'action et installe, à coups de fausses confidences, le stratagème compliqué qui doit rendre Araminte amoureuse de Dorante (Louis Garrel).

«C'est le troisième personnage de la pièce. C'est un rôle magnifique. Je travaille tous les jours. Je veux être dans le jeu, dans le message, pas dans la mémorisation quand on va attaquer les répétitions», explique l'acteur.

Yves Jacques ne le cache pas: il est ravi, aussi, de «décrocher un vrai rôle français du répertoire», d'autant qu'il se sait aujourd'hui «bien armé pour le défendre». Il est vrai qu'il n'est pas un débutant au théâtre, même si le cinéma le tient très occupé depuis qu'il a choisi il y a 20 ans de partager sa vie entre Montréal et Paris pour mener de front ses carrières québécoise et française.

Depuis le début des années 90, il est monté sur les planches à Paris à quatre reprises, chaque fois au Théâtre de Chaillot, autre grande scène nationale française. Il y avait fait ses débuts dans L'Importance d'être constant, d'Oscar Wilde, avec l'Anglais Rupert Everett, puis s'était produit dans Le Bourgeois gentilhomme, avant d'être acclamé, seul en scène, en alter ego de Robert Lepage, dans La Face cachée de la lune et Le Projet Andersen.

Yves Jacques a joué les deux pièces pendant dix ans aux quatre coins de la planète, récoltant des critiques enthousiastes. «J'ai fait deux fois le tour de la France et une fois le tour du monde», s'amuse le comédien en regardant le chemin parcouru.

Ce chemin l'a conduit à l'Odéon. C'est en le voyant jouer Le Projet Andersen que Luc Bondy a eu envie de travailler avec lui. «C'est flatteur d'être vu et reconnu par un si grand metteur en scène. C'est une vraie rencontre. On est au diapason», dit Yves Jacques, qui rêve visiblement d'intégrer la «famille» d'acteurs avec lesquels Bondy travaille régulièrement.

Les planches l'éloigneront-elles du grand écran? Sûrement pas, d'autant qu'Yves Jacques n'arrête pas de travailler et que c'est d'abord le cinéma (avec Le Déclin de l'empire américain et Les Invasions barbares) qui l'a fait connaître. À la fin de l'année dernière, il jouait encore dans Thérèse Desqueyroux, de Claude Miller, aujourd'hui disparu et qui lui a confié des rôles dans sept de ses films. Plus récemment, Yves Jacques a tourné dans Grace of Monaco, réalisé par Olivier Dahan, avec Nicole Kidman et Tim Roth, et dans Belle comme la femme d'un autre, une comédie sentimentale de Catherine Castel, avec Zabou Breitman. Il y incarne un mormon de Salt Lake City.

Photo: Reuters

Isabelle Huppert