Quel étrange personnage, que cette Nathalie Claude qui cultive et embrasse son excentricité. Une femme et une artiste dans une classe à part, qui joue avec son physique atypique pour créer des êtres inquiétants, des créatures de films d'horreur. Et c'est tout à son honneur.

Hôtesse souveraine de son Salon automate, Mademoiselle Claude s'est entourée de trois «robots» animés par les voix de Marie-France Lambert, Céline Bonnier et Patrice Coquereau. Coiffée d'une perruque à boudins noirs, le visage translucide, elle en impose avec sa tenue de soirée rouge sang et ses bottes de cuir lacées, qui complètent son allure d'énigmatique mondaine solitaire.

 

Elle échange donc futilités, mots d'esprit et graves questions existentielles, avec ses trois convives automates: la Mécène Buveuse (Marie-France Lambert), l'Artiste de cabaret (Céline Bonnier) et le Poète dandy (Patrice Coquereau.)

Nathalie Claude

Mais bien que les automates soient tous dotés une personnalité distincte - chapeau aux concepteurs Raymond Marius Boucher et Simon Laroche qui ont créé des êtres auxquels on fini par s'attacher! - la vedette de la soirée est bel et bien Nathalie Claude.

La maîtresse de la soirée nous en met plein la vue, avec son délirant goût pour l'époque où l'on échangeait des propos édifiants en sirotant du champagne et en dégustant des canapés. Très rapidement, se laisse-t-on entraîner dans sa fantaisie surannée, son imaginaire qui fait se côtoyer de cyniques blasés parents d'Oscar Wilde avec des énergumènes de la maison hantée du Parc Belmont.

L'humain et la machine

Une folie très assumée, que celle du Salon automate qui passe par toutes sortes de détours et de fantaisies, pour finalement échouer dans le coeur du sujet: la fatalité de la maladie, de la mort, et pire, de l'inexorable solitude.

Nathalie Claude aborde avec humour et originalité le rapport entre l'humain et la machine, un sujet qui a été décliné de mille façons, au fil des âges. Elle établit avec ses amis androïdes une complicité très comique, de sorte que l'on finit par se laisser prendre dans son jeu. On dirait souvent une petite fille qui a grandi avec ses poupées à qui elle servait le thé l'après-midi.

Cependant, le ludisme tourne parfois à vide et dans tous les sens. Et après un moment, le charme et l'indéniable talent d'hôtesse bizarroïde de Nathalie Claude ne suffisent plus pour soutenir notre intérêt. Reste que ce Salon automate est une curiosité très amusante qui nous fait passer un agréable moment en compagnie de Nathalie Claude. Une comédienne qu'on souhaiterait d'ailleurs voir plus souvent sur nos scènes.

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Le salon automate, de et avec Mlle Nathalie Claude, jusqu'au 25 octobre à l'Usine C.