On prête à la musique bien des vertus. Le documentaire Les super pouvoirs de la musique décortique ses effets positifs sur le développement cognitif, sur la naissance du sentiment amoureux et même sur les capacités d’apprentissage de personnes pourtant atteintes de la maladie d’Alzheimer.

L’être humain est une espèce musicale, dit en résumé le neuroscientifique Robert Zatorre, de l’Université McGill, qui mène depuis des années des études sur le cerveau et la musique. « Elle est un phénomène passionnant, dit-il, parce qu’elle dépend de l’interaction entre des fonctions cognitives très complexes, liées à la perception, et des fonctions biologiques élémentaires, liées à la survie. »

On sait depuis longtemps que la musique s’inscrit dans diverses zones du cerveau, ce qui expliquerait en partie pourquoi les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé réagissent favorablement à des chansons datant de leur jeunesse, allant parfois jusqu’à se rappeler les paroles ou de vieux souvenirs. On sait moins, par contre, que des personnes souffrant de cette même affection peuvent apprendre et mémoriser de nouvelles chansons.

Ce constat, fait par des chercheurs français, est l’une des surprises des Super pouvoirs de la musique, documentaire peu avenant dans sa forme, mais au propos fascinant. Emmanuel Bigand, titulaire de la chaire Musique Cognition Cerveau à l’Institut universitaire de France, agit comme guide à travers ses enquêtes qui font le point sur les connaissances actuelles quant aux bienfaits de la musique.

Dès le ventre de maman

Des recherches récentes ont démontré que le fœtus perçoit la différence entre de simples vibrations et des sons organisés. Cette sensibilité ne serait pas un détail : la perception du rythme et de la musique auraient des effets structurants sur le cerveau de l’enfant à naître, puis du nouveau-né chez qui cela favoriserait l’acquisition du langage. Plus tard, l’apprentissage de la musique aurait même un effet hyper positif sur l’acquisition de connaissances dans un cadre scolaire.

« Deux heures de musique par semaine font autant d’effet cognitif que de faire faire des devoirs à la maison », résume Emmanuel Bigand.

L’usage de chansons favoriserait l’apprentissage du vocabulaire et des nombres, l’utilisation de certains instruments contribuerait au développement de la motricité fine (et éventuellement de la graphie) et l’attention mobilisée par l’exécution d’un morceau aurait un impact sur la concentration générale de l’élève.

On a déjà entendu que la musique pouvait améliorer les performances sportives (en atténuant la perception de l’effort et de la douleur, notamment) ou qu’elle constituait un excellent antidote au stress. Or, des chercheurs ont aussi démontré qu’elle a un impact important sur nos relations sociales et le développement du sentiment amoureux : un rendez-vous galant enrobé de musique « groovy » aurait d’ailleurs plus de chance de faire naître des étincelles…

La musique, essentielle pour l’être humain

Le sujet est complexe, mais le réalisateur Jacques Mitsch et ses invités communiquent de façon accessible les expériences menées par les chercheurs et leurs surprenantes découvertes. Emmanuel Bigand et Barbara Tilleman, les deux scientifiques français à la source du film, y défendent de manière convaincante leur thèse selon laquelle non seulement la musique est bonne pour l’être humain, mais qu’elle lui est carrément essentielle, notamment parce qu’elle stimule le système de récompense, associé à des fonctions vitales comme l’alimentation et la reproduction.

« La musique stimule différentes parties du cerveau. Les neurones se coordonnent, se synchronisent comme les musiciens d’un orchestre. Plus l’orchestre a l’occasion de répéter, plus il deviendra bon. C’est pareil avec le cerveau », insiste Emmanuel Brigand dans le film : plus le cerveau à la possibilité de se synchroniser, plus il va développer ses compétences.

Les super pouvoirs de la musique s’inscrit dans la foulée de plusieurs autres documentaires qui décryptent les effets de la musique sur le cerveau et notre santé globale comme De la musique pour le cerveau (Isabelle Raynauld, 2019) et le fascinant Alive Inside : A Story of Music and Memory (Michael Rossato-Bennett, 2014).

Lundi, 20 h, à Télé-Québec