Depuis qu’il a tourné dans le film Arsenault & Fils, Pierre-Paul Alain multiplie les rôles à la télévision. Cet hiver, on peut le voir notamment dans À cœur battant. C’est en quelque sorte un retour pour l’acteur qui a été au chevet de sa mère, celle qui l’a accompagné dans tant d’auditions en autocar entre Québec et Montréal.

Pierre-Paul Alain se souviendra toujours de l’appel de Rafaël Ouellet. Quand il a vu le nom du réalisateur sur son téléphone, il a quitté le local de l’entreprise de vaccins où il travaillait pour répondre et apprendre qu’il avait décroché le rôle de « chien fou » d’Anthony dans le film Arsenault & Fils. « Et qui je ne retrouvais pas comme grand-père ? Julien Poulin. J’ai commencé avec lui et je suis revenu avec lui, lance l’acteur de 34 ans. C’est Julien Poulin qui m’a vraiment donné ma chance à 16 ans. »

Après des années d’auditions, Pierre-Paul Alain décrochait dans Bob Gratton : ma vie, my life son premier grand rôle à la télévision, en 2007. Cela a duré trois saisons, soit quatre de moins que le téléroman Destinées dans lequel il a joué de 18 à 25 ans.

Par la suite, l’acteur a eu notamment des rôles dans Vertige et Toute la vérité. Mais les années qui ont suivi ont été difficiles. S’il a continué à auditionner, il était surtout auprès de sa mère qui a été emportée par une maladie neurodégénérative rare. C’est sans compter que son père et sa sœur ont eu des cancers. Les traitements ont été concluants, mais son père a aujourd’hui l’esprit embrouillé par l’alzheimer. « Être proche aidant de ma mère, ça ne mérite pas des bravos. C’est ça qu’il fallait que je fasse. Sinon, j’aurais eu des regrets. »

Sa mère est la première à avoir cru en ses talents d’acteur quand il avait 9 ans. « Avec elle, il n’y avait pas de limite, même si nous étions une famille modeste. »

Ses débuts à 9 ans

Pierre-Paul Alain n’était pas un « enfant de la télé », souligne-t-il.

Celui qui a grandi à Notre-Dame-des-Laurentides était l’un des plus jeunes enfants du Québec à avoir une ceinture noire en karaté, ce qui lui a valu une participation à l’émission de Radio-Canada Ce soir magazine. « Ils m’ont suivi dans des compétitions et j’ai eu une entrevue live avec Bruno Pelletier qui est aussi ceinture noire », raconte-t-il. C’était ma première expérience en télévision. Ma mère m’a vu heureux comme jamais. »

Si bien qu’elle et son fils ont dû faire 100 allers-retours entre Québec et Montréal pendant des années pour que l’enfant puisse auditionner et réaliser son rêve de devenir acteur.

Pierre-Paul Alain a finalement obtenu de petits rôles, notamment dans Trois fois rien, avant d’être choisi par Julien Poulin. Il entend comme si c’était hier ce dernier lui lancer en seconde ronde d’auditions : « Il a fallu aller te chercher à Québec. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Pierre-Paul Alain

Arsenault & Fils

Près de 18 ans plus tard, Pierre-Paul Alain était bien heureux de retrouver Julien Poulin sur le plateau d’Arsenault & Fils. Au début du tournage, c’était même une présence rassurante puisque son personnage devait débarquer dans un repas de famille et y contaminer l’ambiance.

Qui était assis autour de la table ? Luc Picard, Guillaume Cyr, Karine Vanasse et Micheline Lanctôt. « Intimidant un peu », fait valoir Pierre-Paul Alain.

Puis Julien Poulin a lancé sur le plateau : « Il vient de la bonne école, lui ! »

Son protégé a été enchanté de son expérience sur le plateau de Rafaël Ouellet. D’autant plus qu’il avait songé à abandonner le métier et qu’il travaillait comme chef d’équipe dans l’entreprise GSK à la production de vaccins. Un emploi auquel il est revenu après le tournage d’Arsenault & Fils. « Puis quand la bande-annonce est sortie, le téléphone a commencé à sonner. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre-Paul Alain sur le plateau d’Arsenault & Fils

C’est ainsi que Pierre-Paul Alain a décroché plusieurs rôles dans des séries depuis l’automne : un physiothérapeute dans Virage : Double faute, un barman dans Avant le crash ou encore un futur père gai dans Les mecs 3. Des rôles qui le sortent de son « cadre bad ass », souligne celui qu’on verra aussi dans Les bombes.

Dans Anna et Arnaud, il a incarné le tireur Miguel Jutras-Fernandez, alors que dans À cœur battant, il joue Yoan Bilodeau, l’homme qui au début de la série frappe violemment sa femme. « C’était beaucoup de préparation, car c’est un personnage très loin de moi. Je suis quelqu’un d’hyper calme », dit Pierre-Paul Alain, qui anticipait bien entendu la réaction du public.

L’acteur a fait beaucoup de recherche pour comprendre le vécu des hommes violents et de ceux qui font de la prison.

Il y a des hommes vulnérables comme le personnage de Yoan qui ne comprennent pas comment ils ont pu se rendre là.

Pierre-Paul Alain

Pour prévenir la violence conjugale, il faut la comprendre, fait-il valoir. Ce qui résonne avec ce que Roy Dupuis a confié sur le plateau de Tout le monde en parle en parlant de son père violent.

Pierre-Paul Alain vante d’ailleurs « la présence » de Roy Dupuis et il souligne à quel point tourner dans une ancienne prison de Sorel sous la direction de Jean-Philippe Duval fut riche pour un acteur.

PHOTO ERIC MYRE, FOURNIE PAR AETIOS PRODUCTIONS

Pierre-Paul Alain dans À cœur battant

Rôles variés

Pierre-Paul Alain souhaite bien entendu que l’élan actuel se poursuive. « J’aimerais jouer, je ne sais pas, moi… un homme d’affaires, tiens. »

Il remercie par ailleurs sa mère de lui avoir donné de bons conseils capillaires pour décrocher des rôles plus variés. « Ma mère, qui aimait beaucoup Rafael Nadal, me disait toujours : fais-toi donc pousser les cheveux. Tu lui ressembles un peu […] Je pense que cela me donne plus de caractère. »

Sa mère n’est plus, mais elle guide toujours celui dont la force tranquille irradie la pièce où il se trouve. « J’aurais aimé qu’elle soit là pour voir ce qui m’arrive, mais je sens qu’elle n’est jamais loin. »