Avec tambour et trompette, le premier épisode de House of the Dragon sera diffusé dimanche. Très attendue, la série dérivée de Game of Thrones applique la même recette que l’originale : des luttes de pouvoir, du sexe et beaucoup de sang.

Intitulé La maison du dragon en version française, cet antépisode est l’adaptation du roman Fire & Blood de George R. R. Martin. Antépisode, car l’action commence 200 ans avant l’arrivée de Daenerys Targaryen, campée par Emilia Clarke dans Game of Thrones.

Cette nouvelle offrande de HBO, relayée par Crave au Québec, brosse le portrait des ancêtres de l’héroïne aux longs cheveux argentés : la princesse Rhaenyra Targaryen (Emma D’Arcy), son père, le roi Viserys Ier (Paddy Considine), et son oncle, le prince Daemon (Matt Smith).

Les premiers épisodes atteignent leur cible… en partie. Rapidement, on comprend qu’on assistera au déclin du clan Targaryen, qui menace d’imploser en raison des nombreux conflits internes qui perturbent son équilibre. Certains extraits recréent la magie du Game of Thrones des beaux jours, mais dans l’ensemble, on reste sur sa faim. (Parlant d’appétit, une scène d’accouchement particulièrement pénible nous l’a coupé d’un coup. Soyez prévenu : il s’agit d’une vraie boucherie.)

Une chose est sûre, les séquences d’action sont saisissantes. Il fallait s’y attendre, puisque cette première saison est comenée par Miguel Sapochnik, réalisateur de l’un des épisodes les plus célèbres — et réussis — de Game of Thrones, Battle of the Bastards.

Promotion monstre

L’arrivée de House of the Dragon s’accompagne d’une campagne de marketing monstre. Au Canada, l’opération comprend notamment la diffusion de publicités télé et radio, un rabais de 50 $ sur l’abonnement annuel à Crave, la projection d’une bande-annonce au cinéma et l’utilisation de panneaux d’affichage à Montréal, Toronto, Ottawa et Vancouver.

Une application de réalité augmentée a également été créée. Nommée House of the Dragon : DracARys, elle permet aux amateurs d’« élever leur propre dragon virtuel ». Les dragons peuvent également reconnaître des points d’intérêt du monde entier. À Montréal, ils reconnaissent le Stade olympique, la place Victoria et l’oratoire Saint-Joseph, nous précise-t-on.

IMAGE FOURNIE PAR HBO

Dragon de la série

Fait à signaler, en regardant attentivement House of the Dragon, les utilisateurs pourront apprendre quelques mots de valyrien (la langue de fiction parlée par certains personnages). Ils pourront s’en servir pour gérer leur dragon, qui franchira ainsi diverses étapes de développement pour devenir une bête gigantesque.

(Nous avons tenté d’installer House of the Dragon : DracARys, mais notre téléphone n’était apparemment « pas compatible » avec l’application…)

Autre outil promotionnel, la série a été présentée mercredi à Toronto, en présence de Steve Toussaint, qui défend le rôle de Lord Corlys Velaryon. En entrevue téléphonique au lendemain de l’évènement, l’acteur semblait satisfait de l’accueil réservé aux premiers épisodes.

PHOTO OLLIE UPTON, FOURNIE PAR HBO

Steve Toussaint incarne Lord Corlys Velaryon.

« Après la projection, une femme a dit qu’elle avait été tellement déçue du dénouement de Game of Thrones qu’elle n’avait pas envie de regarder House of the Dragon. Mais après avoir regardé les premiers épisodes, elle a changé d’idée. C’était une victoire pour nous ! »

Commentaires racistes

Steve Toussaint a obtenu le rôle de Lord Corlys Velaryon au terme d’un long processus d’audition. Lors des premiers essais, il n’avait aucune idée de la teneur du projet qu’il tentait d’intégrer. Tout était top secret.

Au cours des derniers mois, le comédien a rencontré de nombreux fidèles de Game of Thrones, notamment en participant au Comic-Con de San Diego. « Les fans sont extraordinairement passionnés, observe-t-il. Ils sont très, très attachés à l’œuvre de George R. R. Martin, un peu comme si c’était la leur. »

Cette tournée a permis au comédien de panser des plaies formées après l’annonce de la distribution de House of the Dragon.

Certains internautes m’ont envoyé des messages pour m’expliquer pourquoi un homme noir ne pouvait pas jouer le rôle de Lord Corlys Velaryon…

Steve Toussaint

« Je suis ami avec Idris Elba, qui a vécu quelque chose de semblable quand il s’est joint au monde de Marvel. Je suis ami avec Noma Dumezweni, qui joue Hermione dans l’adaptation théâtrale de Harry Potter. Je viens de tourner avec John Boyega, qui était dans Star Wars… Eux aussi ont été victimes de remarques racistes. Ça devait être mon tour, je suppose. »

Une superproduction

Selon différents articles de presse, House of the Dragon aurait bénéficié d’une enveloppe de 25 millions par épisode. Une équipe de 2000 personnes a planché sur l’œuvre.

Au bout du fil, Steve Toussaint raconte qu’il s’est rendu compte de l’énormité du budget lorsqu’il a foulé le plateau du fameux trône de fer.

« C’était gigantesque comme décor ! L’endroit, les fenêtres… Ce n’était pas recréé par ordinateur. Tout a été construit. C’était vraiment impressionnant. J’ai pensé : mon Dieu qu’il y a beaucoup d’argent sur Terre… et une bonne partie se trouve ici. »

PHOTO OLLIE UPTON, FOURNIE PAR HBO

Matt Smith joue le prince Daemon Targaryen

House of the Dragon arrive au début d’une saison riche en séries dérivées d’œuvres immensément populaires. Le 2 septembre, Prime Video lancera The Rings of Power (Les anneaux de pouvoir), qui découle du Seigneur des anneaux. Trois semaines plus tard, Disney+ proposera Andor, qui découle de Star Wars.

Pour Stéfany Boisvert, professeure à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal, l’objectif de Warner Bros. Discovery, le géant médiatique qui détient HBO, est clair : reproduire le succès de Game of Thrones pour continuer d’exploiter cette franchise. Une suite axée sur le personnage de Jon Snow est d’ailleurs en chantier, rapportaient récemment The Hollywood Reporter et Variety.

Ces grands conglomérats veulent tirer le plus d’histoires possible d’un même univers, un univers connu et familier, pour créer d’autres contenus. C’est leur stratégie pour survivre.

Stéfany Boisvert, professeure à l’École des médias de l’UQAM

« C’est d’autant plus vrai pour Warner Bros. Discovery. Ses dirigeants misent gros, parce que financièrement, les choses ne vont pas super bien pour eux », poursuit la professeure.

La série House of the Dragon triomphera-t-elle comme ils l’espèrent ?

« On peut difficilement prédire le succès d’une série, dit Stéfany Boisvert. La dernière saison de Game of Thrones a déçu beaucoup de fans. Il y a un public à reconquérir. Les créateurs de House of the Dragon vont devoir montrer qu’ils ont tenu compte des commentaires. »

La maison du dragon débarque sur Crave dimanche à 21 h. Un épisode sera déposé chaque semaine.