À écouter Michel Charette énumérer d’un seul souffle ses multiples engagements estivaux, une pensée nous traverse l’esprit : a-t-il sciemment rempli son agenda mur à mur pour éviter d’éprouver un blues post-District 31 ? « C’est une très bonne question », nous répond l’acteur, légèrement déboussolé.

Après quelques secondes de silence, le temps d’une courte introspection, Michel Charette poursuit sa réflexion. « Je ne l’avais pas vu comme ça, mais peut-être qu’inconsciemment, je n’avais pas envie de vivre cette espèce de… “mais qu’est-ce qui va m’arriver ?” »

Depuis quelques mois, Michel Charette gère effectivement un horaire de premier ministre. Deux projets télé en chantier, la création d’un one man show, la mise en scène et l’écriture d’une pièce de théâtre, le tournage d’une série, la préparation d’un gala ComediHa ! et l’animation d’une quotidienne à la radio.

C’est d’ailleurs dans les locaux de Rouge FM, à Montréal, que nous rencontrons le touche-à-tout, qui connaît visiblement la recette pour amortir l’inévitable chute qui accompagne la fin d’une aventure aussi étourdissante. Depuis le 20 juin, il tient les rênes de l’émission du retour, Copilote pour l’été, avec Jessica Barker. Il qualifie l’expérience d’« extrêmement positive », en dépit d’une première journée éprouvante.

« J’avais l’air d’un chevreuil devant des lumières sur l’autoroute, se rappelle-t-il en exécutant sa meilleure imitation de cervidé. Avant l’émission, j’avais la chienne. Et pourtant, j’avais fait mes devoirs, j’avais assisté à quelques enregistrements. Mais la technique, la feuille de route, les pauses publicitaires, la météo, la circulation… C’était beaucoup. »

Après le show, je suis arrivé chez moi, et dix minutes plus tard, j’étais couché. J’étais vidé ! J’avais l’impression qu’un truck m’était passé dessus.

Michel Charette

Heureusement, la plupart des morceaux du casse-tête sont tombés en place le lendemain, et rapidement, Michel Charette a trouvé son erre d’aller.

« Est-ce que je vais en faire une carrière ? Je ne sais pas. Est-ce que je vais répéter l’expérience ? Je ne sais pas. Mais je suis content de l’avoir fait. »

En route vers son premier one man show

Autre expérience inédite pour Michel Charette : il pilotera mercredi son premier gala ComediaHa ! en solo au théâtre Capitole de Québec. Outre des monologues de stand-up comiques comme Stéphane Fallu, Dominic et Martin, et Sylvain Larocque, Michel Charette promet la participation de Gildor Roy, son co-maître de cérémonie de 2021, ainsi qu’une conclusion spéciale réunissant plusieurs « personnages » d’un projet qui aurait « bien marché ». Une œuvre de fiction populaire à laquelle l’acteur a participé ? Quand on observe sa feuille de route, l’éventail de possibilités est large. Radio enfer ? Watatatow ? Cover girl ? Les Boys ? Les pays d’en haut ? Ladies Night ? District 31 ? Impossible d’en savoir davantage.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DE YOUTUBE

Dans Radio enfer, diffusée de 1995 à 2001, Michel Charette campait le mémorable Jean-Lou Duval.

Le one man show qu’il prépare pour 2024 n’a cependant rien d’un secret, et Michel Charrette décrit en termes clairs la pression qu’il s’impose pour combler les attentes.

« Un gala, c’est des numéros de six, sept minutes, alors qu’un one man show, c’est une heure et demie non-stop, tout seul. C’est une autre game. Je vais faire du rodage. Je vais m’assurer d’être 100 % satisfait du résultat. C’est mon nom sur l’affiche. Je suis orgueilleux. Ça fait 30 ans que je travaille comme un fou pour bâtir ma carrière. Ce n’est pas dans ma nature de présenter quelque chose d’à moitié prêt. Les gens doivent en avoir pour leur argent. »

Sans arrêt

On s’en doute, peu de choses ralentissent Michel Charette. Même lorsqu’il a contracté la COVID-19, le mois dernier, le bourreau de travail a continué d’animer Copilote pour l’été à partir de chez lui, en Montérégie.

La pandémie n’a pas non plus freiné À l’institut, la pièce qu’il a écrite et mise en scène avec François Chénier, son fidèle complice. Alors que d’autres superproductions comme Symphorien et Annie ont – temporairement – baissé pavillon lorsque la septième vague a frappé leurs distributions, celle du Théâtre des Hirondelles, à Saint-Mathieu-de-Belœil, a été épargnée.

Michel Charette s’en réjouit, car À l’institut attire les foules et provoque les rires malgré un sujet sensible, la maladie mentale.

« C’est la quatrième pièce que j’écris avec François [Chénier], et bien humblement, je pense que c’est la plus achevée, la mieux construite. Il faut dire qu’on prend de l’expérience, aussi. On fait moins d’erreurs de débutants. »

Un dilemme cruel

Parmi toutes ses activités professionnelles, Michel Charette trouve encore le temps de jouer. Il tourne actuellement dans Haute démolition, l’adaptation télévisée du roman de Jean-Philippe Baril Guérard pour Séries+. Dans cette réalisation de Christian Laurence (La dérape, 5e rang), il campe Sylvain, un ex-humoriste qui reprend le collier après une crise d’angoisse.

Dans quelques semaines, il tournera la deuxième saison du Bonheur, cette comédie de TVA écrite par François Avard et Daniel Gagnon, dans laquelle il interprète un professeur qui décide de tout quitter pour aller s’établir à la campagne. La suite, qui sera réalisée par Yannick Savard (Piégés, L’heure bleue) en remplacement d’Alain DesRochers, sera « plus décapante », promet le comédien.

Les gars se sont gâtés. Ça varlope encore plus. Je suis en train de lire les nouveaux épisodes, et ça n’a aucun crisse de bon sens !

Michel Charette, à propos du Bonheur

Pour conclure l’entrevue, La Presse décide d’aborder un sujet épineux avec Michel Charette : Indéfendable ou STAT ? Dès septembre, ces deux nouvelles fictions quotidiennes occuperont la case de 19 h laissée vacante par District 31 au printemps. La première sera diffusée à TVA, la seconde, à Radio-Canada.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DE L’ÉMISSION

Bruno Gagné (Michel Charette) dans District 31

Il s’agit d’un cruel dilemme pour l’acteur. D’un côté, Indéfendable met en vedette son ami et ancien collègue sergent-détective Sébastien Delorme ; de l’autre, STAT rassemble une grande partie de l’équipe derrière District 31, incluant ses producteurs, Fabienne Larouche et Michel Trudeau, qui sont également responsables du Bonheur.

« Honnêtement, je vais regarder les deux, déclare Michel Charette, en bon politicien. Je vais donner une chance aux deux. C’est deux univers complètement différents : les avocats, les médecins. J’ai hâte de voir ce que mon chum Delorme va faire dans Indéfendable. Je suis content qu’il ait pogné ça après la mort de Poupou. Et j’ai des amis dans STAT : Patrick Labbé, Geneviève Schmidt… Ce sont des gens avec qui j’ai beaucoup travaillé. Mon cœur balance entre les deux. »

Michel Charette animera un gala ComediHa ! au Théâtre Capitole de Québec le mercredi 17 août. Jusqu’à jeudi, il anime Copilote pour l’été à Rouge, en semaine de 16 h à 18 h. La pièce À l’institut, qu’il a écrite et mise en scène avec François Chénier, est présentée au Théâtre des Hirondelles de Saint-Mathieu-de-Belœil jusqu’au 27 août.