De Phaneuf à Miss BBQ en passant par Brière et Mélissa Corbeil, ces personnages secondaires ont marqué les fans de District 31, qu’ils aient traversés les six années où qu’ils y soient passés pendant quelques saisons. Huit comédiens et comédiennes nous ont raconté « leur » District.

Emmanuel Auger (Christian Phaneuf)

Quatre ans déjà que Christian Phaneuf a été tué, dans les circonstances que l’on sait. Mais encore aujourd’hui, le public continue d’aborder son interprète, Emmanuel Auger, pour lui parler de ce chef criminel que tous ont adoré détester. « Ça arrive encore plusieurs fois par semaine. Même avec mon masque, les gens me reconnaissent ! J’ai maintenant une barbe ; les gens disent que c’est parce que je vis caché et que je ne suis pas définitivement mort ! Ça fait trois ans que j’entends toutes les conspirations possibles sur le retour de Christian Phaneuf ! »

Pour Emmanuel Auger, quitter les habits du chef des Sixers a été un deuil particulièrement difficile. « Je ne m’y attendais pas du tout. J’ai appris que mon personnage disparaissait quelques jours avant le tournage. Ça n’a pas été plaisant, car je m’étais attaché à Christian. »

En plus, le nom de Phaneuf a continué à sortir tout le temps dans la série. Si j’avais eu 100 $ chaque fois, ça m’aurait fait un gros chèque ! J’ai regardé les autres saisons de la série, et chaque fois que j’entendais son nom, ça me faisait de la peine.

Emmanuel Auger

« Mais bon, ç’a été un immense privilège de pouvoir jouer dans District 31, surtout que le rôle m’a été offert par Luc Dionne sans audition. »

Un autre rôle vient d’ailleurs de lui être offert sans audition : celui de Mom Boucher dans une docufiction en deux épisodes intitulée Les Hells, la chute qui sera présentée sur Historia. « C’est drôle, car le rôle de Phaneuf était inspiré de Mom Boucher, selon ce que Luc Dionne m’a dit. Je boucle la boucle ! », lance celui qui travaille aussi en rénovation.

Stéphanie Morin, La Presse

Brigitte Paquette (Mélissa Corbeil)

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Brigitte Paquette

Brigitte Paquette le sait bien : le public a adoré détester Mélissa Corbeil, du Service des enquêtes indépendantes. Son personnage un peu pitbull – « C’est normal, c’est la police de la police ! » –, qui est arrivé pendant la quatrième saison, a marqué les esprits.

« Même en vacances, je me faisais accoster, raconte la comédienne. C’est le fun, jouer les méchants, c’est un exutoire. Le personnage permettait ça, par sa position d’autorité, elle pouvait se permettre d’être baveuse et confrontante. »

Si le personnage dérangeait autant, c’est parce que le public « adorait les gens du 31 », estime Brigitte Paquette.

Après Céline Dion, c’est la gang du 31. C’était toucher à des intouchables. Quand Luc m’a contactée, il voulait justement pousser les gens dans une réflexion sur le plan de l’éthique. [Mélissa] amenait un questionnement intéressant, mais on a retenu plus son tempérament que son message.

Brigitte Paquette

Quand Luc Dionne lui a offert le personnage de Mélissa Corbeil, Brigitte Paquette ne savait pas pour combien de temps elle serait là. « Est-ce que c’est trois épisodes, trois mois, trois ans… » Elle se sera finalement rendue jusqu’au dernier épisode, même si elle était moins présente cette saison. « J’ai une belle scène avec Gildor, j’espère qu’elle ne sera pas trop coupée. »

Ce retour devant les caméras n’a pas encore eu d’impact concret, sinon qu’elle est davantage appelée en audition. « En même temps je ne me conte pas d’histoires. C’est un métier de jeunes, et des rôles de femmes de 60 ans, il n’y en a pas beaucoup. » Malgré tout, District occupera toujours une place à part.

« Je n’ai jamais fait quelque chose d’aussi regardé, à part peut-être Omertà. District 31, on va s’en souvenir tout le temps. » On lui parle encore d’Omertà, d’ailleurs, plus de 25 ans plus tard. Comme si les deux séries étaient des jalons dans sa carrière. « J’espère que ce n’est pas le début et la fin ! »

Josée Lapointe, La Presse

Peter Miller (François Labelle)

PHOTO FOURNIE PAR AETIOS

Peter Miller

Nous joignons Peter Miller en Floride, mais le comédien n’a aucun problème à interrompre ses vacances pour parler de son « chum Labelle ». Le caïd des Sixers devait apparaître durant la troisième saison « dans cinq épisodes garantis, peut-être plus ». Il est finalement devenu le personnage central de plusieurs intrigues jusqu’à la toute fin.

« C’est le méchant, mais je pense que c’est le personnage le plus honnête dans le show. Je vais le défendre jusqu’au bout ! »

Peter Miller a participé à d’autres succès de la télé québécoise, comme Virginie et Lance et compte. Mais jouer dans District 31 aura été une de ses « plus belles rides ».

C’est un autre phénomène. Ma relation avec le public n’a jamais été aussi forte. Tu deviens absolument dans l’actualité !

Peter Miller

Le comédien s’est d’ailleurs beaucoup amusé avec les fans, qui ont de toute évidence le goût de « jouer » avec lui quand ils le rencontrent. Ils me regardent avec un petit air, ils m’agacent. Moi, j’ai du fun, je reste en personnage et je niaise… J’ai tellement de plaisir à faire ça !

Peter Miller n’a pas encore de proposition pour son après-District. Mais il va de l’avant « le cœur ouvert », après cette expérience unique dans sa carrière.

« Quand j’ai reçu les derniers textes, j’étais en voiture. J’ai pris le temps de me stationner et de les lire dans l’ordre. Ça m’a surpris, à quel point j’ai été pris d’émotion, c’est là que j’ai réalisé que c’était la fin. En fait… j’ai braillé comme un bébé pendant un petit moment. »

Vraiment ? « Oui, oui ! C’est le genre de job où tu t’attaches, les collègues de travail, le public… Je suis carrément embarqué là-dedans à 100 miles à l’heure. Mais je passe par-dessus, et j’avance avec optimisme. »

Josée Lapointe, La Presse

Catherine-Audrey Lachapelle (Nancy/Virginie Francoeur)

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Catherine-Audrey Lachapelle

On connaît l’histoire : à l’origine, le personnage de l’escorte Nancy (alias Virginie Francoeur) ne devait apparaître que dans un ou deux épisodes. Finalement, Catherine-Audrey Lachapelle l’a interprété pendant cinq ans !

« J’ai tout appris sur District 31, lance l’actrice. C’était toute une école. Tu sautes dans le train et tu as d’affaire à suivre ! » Comme le public, qui ne savait jamais si ce personnage plein de bagout allait réapparaître ou non dans la série, Catherine-Audrey Lachapelle vivait dans l’incertitude : reviendra, reviendra pas ?

Chaque fois que je recevais un mémo me disant que Virginie était de retour, c’était Noël. Et j’étais avide de savoir ce que Luc allait me faire faire cette fois-ci.

Catherine-Audrey Lachapelle

« Les gens me parlent de Virginie Francoeur quotidiennement ! La phrase que j’entends le plus souvent, c’est : “Ils sont où, les diamants ?” Les commentaires sont toujours positifs. Les gens aimaient ce personnage qui avait du caractère, du piquant. Moi, je suis une personne tranquille dans la vie, mais j’allais puiser Virginie dans cette petite partie de moi où j’ai du cran ! »

Depuis sa mort (violente !) dans District 31, l’actrice a rejoint la distribution de la pièce Le vrai monde ? (en compagnie notamment de Michel Charette, alias Bruno Gagné), pièce signée par Michel Tremblay qui doit partir en tournée panquébécoise en 2023.

Elle va aussi lancer à l’automne son premier LP avec son groupe Véranda. « C’est un groupe que j’ai avec mon conjoint. On fait de la musique acoustique qui emprunte au bluegrass et qui flirte avec le country, le folk… On va être en tournée tout l’été, dont un mois au Yukon. »

Pourra-t-elle pour l’occasion ressortir les bottes de cowboy portées à l’écran par Virginie Francoeur ? « En fait, c’était les miennes ! Le responsable des costumes a décidé de les garder pour mon personnage ! »

Stéphanie Morin, La Presse

Jeff Boudreault (Jean Brière)

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Jeff Boudreault

Le personnage du journaliste Jean Brière, qui est apparu dès le quatrième épisode, est un des rares à avoir traversé les six saisons. Pour son interprète Jeff Boudreault, qui avait déjà joué dans des téléromans à succès comme La galère, Destinée ou Mémoire vive, l’impact a été immense, en termes de buzz et d’attention médiatique, mais surtout auprès du public.

« Il y a un avant et un après District. C’est pas compliqué, pendant les six dernières années, il n’y a pas une journée où quelqu’un ne m’a pas parlé de District 31. »

Et je pense qu’on va en parler encore dans 25 ans, comme on parle encore du phénomène de La petite vie, de Lance et compte ou des Filles de Caleb.

Jeff Boudreault

Passer à travers toutes les saisons aura été « un beau privilège », même s’il se savait sur un siège éjectable. « Moi, je prenais ça de semaine en semaine. C’est sûr que je souhaitais rester : une belle gang, un beau projet, un succès phénoménal, mais je respectais les choix dramaturgiques de l’auteur. Et à ma grande surprise, j’ai été là les six ans. »

« Si j’ai eu du fun ? Je le referais demain matin. »

Au cours de l’été, le comédien partira en voyage en moto en solo, de la mi-juillet à la fin de septembre, un projet qu’il caresse depuis des années. Pour cette raison, il a dû décliner des offres, par contre, on sait qu’il jouera dans le téléroman Hôtel, qui va démarrer à l’automne à TVA.

« Ce qui m’a sauvé de broyer du noir à la fin de District, c’est que j’ai fini de tourner le 22 mars, et le 23 au matin je recevais mes textes pour Hôtel. J’étais reparti sur autre chose. »

Josée Lapointe, La Presse

Pascale Montpetit (Sonia Blanchard)

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Pascale Montpetit

Incarnée par Pascale Montpetit, la procureure Sonia Blanchard est un autre personnage « de deuxième ligne » qui a traversé les six saisons. La comédienne avait déjà joué dans des téléromans de longue durée, comme Sous un ciel variable et Destinée. Elle a quand même vu l’impact de la quotidienne sur le public : si on a beaucoup aimé son histoire d’amour avec Poupou (Sébastien Delorme), on l’a aussi souvent félicitée pour ses connaissances en droit.

« Les gens étaient impressionnés. Mais je n’y suis pour rien ! Évidemment que je m’arrangeais pour comprendre ce que ça voulait dire, c’est la moindre des choses. Mais c’est Luc qui écrivait les textes, et il se documentait, vérifiait et contre-vérifiait tout ce qu’il pouvait. »

À travers ce rôle, Pascale Montpetit a bien aimé en apprendre davantage sur le fonctionnement du système judiciaire. « Mais pas juste moi. Je pense que Luc a fait œuvre utile en l’exposant sans que ça ait l’air didactique. »

Pascale Montpetit ressort de l’expérience de District avec « une reconnaissance immense » de s’être fait offrir « un cadeau emballé aussi extraordinaire ».

J’ai pu être tranquille pendant six ans, sans multiplier les contrats à droite et à gauche. Ça correspondait au primaire de ma fille, ça me donnait de la stabilité. Et ils ont eu du flair en nous castant, parce qu’on a eu un fun du tonnerre de Dieu, la gang.

Pascale Montpetit

Sans compter l’équipe technique, « qui était en confiance et à qui [la distribution] faisait confiance », ajoute la comédienne, qui n’a pas de grands projets en vue.

« J’ai quelques jours de tournage sur des projets… des saucettes, mais des beaux personnages. Et j’ai des choses dans ma vie privée, de la formation continue. Mais je ne suis pas inquiète. »

Josée Lapointe, La Presse

Charlotte Legault (Nadia/Amélie Bérubé)

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Charlotte Legault

Elle en a déjà parlé à Tout le monde en parle, mais quand l’offre d’interpréter Nadia, alias Miss BBQ, alias Amélie Bérubé, est arrivée, Charlotte Legault pensait quitter le métier. « Je n’étais plus appelée en audition, je n’avais rien tourné depuis très longtemps… »

C’est donc une actrice « en instinct de survie » qui est arrivée sur le plateau de District 31 pour interpréter un personnage d’escorte qui n’avait rien à perdre. « Il n’y avait plus de barrières, plus de peurs. J’ai saisi l’occasion que m’a donnée ce personnage atypique pour lequel il n’y avait pas de modèle. » Comme pour Virginie Francoeur, le personnage d’Amélie Bérubé ne devait rester qu’un seul épisode… On connaît la suite.

« J’ai vraiment aimé voir les réactions du public par rapport au personnage. Lorsqu’Amélie s’est fait kidnapper par Yannick Dubeau, c’était juste avant Noël. Pendant la pause des Fêtes, les gens n’en pouvaient plus d’attendre la suite !

District 31 a vraiment changé la perception que j’avais de mon travail. J’ai développé de nouvelles habiletés ; j’ai été au-delà de ce que je croyais être capable de faire. J’ai vraiment pu m’épanouir sur ce tournage. Ça m’a permis d’atteindre le niveau de jeu que je voulais pour la suite de ma carrière.

Charlotte Legault

Bilingue, Charlotte Legault espère pouvoir percer le marché anglophone. « J’ai la chance de faire des auditions pour de gros réseaux comme Netflix, Fox, NBC… Et c’est pour des rôles totalement différents de celui de Miss BBQ. »

Déjà, elle a joué dans les deux premières saisons de la série Transplant, qui a été vue dans plusieurs pays du monde. « Je ne sais pas si je serai de la saison 3 ou non. Pour le reste, je suis en pleine période d’auditions. »

Stéphanie Morin, La Presse

Stéphan Côté (Sébastien Durand)

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Stéphan Côté

Mine de rien, l’avocat Sébastien Durand offre ses services aux criminels depuis la première saison de District 31. « Je devais être là juste pour un épisode, mais Luc a dit : “Je l’aime, lui.” Tant mieux ! », lance Stéphan Côté, qui incarne le ratoureux criminaliste.

Comme acteur dans L’auberge du chien noir pendant 15 ans, Stéphan Côté savait déjà ce que c’était, de sentir la reconnaissance du public. Mais rien ne se compare à l’effet District, dit-il. « Dans la rue, le fan de District est assez intense, oui ! Mais quand c’est bien fait, ça ne dérange pas du tout. »

Il a aussi pu en voir l’impact avec son spectacle Il était une fois Félix, un hommage à Félix Leclerc qu’il promène depuis cinq ans.

Veux, veux pas, quand les gens voient ma bouille sur une affiche, la salle est pleine. Je dis souvent que dans cette émission, je défends des criminels, mais que dans la vie, je défends la mémoire de Félix.

Stéphan Côté

Le public a bien aimé haïr ce « fin limier » qui jouait toujours sur la mince ligne entre le bien et le mal, raconte Stéphan Côté, qui n’a pas pu « vivre » sa dernière scène. « J’ai attrapé la COVID le 16 mars, il me restait une scène à tourner, alors elle a été annulée. J’ai tellement braillé… »

Le comédien, qu’on pourra voir à l’été dans Symphorien au Théâtre du Vieux-Terrebonne, est quand même allé assister à la dernière journée de tournage pour voir ses camarades une dernière fois. Et il nous avertit de sortir nos mouchoirs pour l’épisode de jeudi, alors que c’est son amoureuse Roxane Filion, qui est choriste à En direct de l’univers, qui va interpréter la dernière chanson. « Laissez-moi vous dire que ça va pleurer. »

Josée Lapointe, La Presse

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