L’année 2022 marque le 100e anniversaire de la naissance de René Lévesque et le 35e de sa mort. Une occasion de revenir sur son parcours et sur son héritage, ce que fait le journaliste Guillaume Bourgault-Côté dans Qui se souvient de René Lévesque ?, un documentaire présenté mercredi à Télé-Québec, qui montre que les Québécois n’ont pas toujours la mémoire courte.

« Il n’y a clairement pas, au Québec, un politicien dont la mémoire ou l’aura auront été aussi grandes et demeurent aussi grandes », tranche Guillaume Bourgault-Côté, journaliste politique à L’actualité qui porte le documentaire Qui se souvient de René Lévesque ? Les chiffres lui donnent raison : un sondage réalisé pour le film révèle que 66 % de la population juge que René Lévesque est le premier ministre le plus marquant depuis la Révolution tranquille.

« Il y a lui et il y a les autres », résume le journaliste. Lui-même admet une fascination pour le fondateur du Parti québécois, qui fut premier ministre de 1976 à 1985. « Ça m’a toujours frappé dans les campagnes électorales, dans les différentes assemblées auxquelles j’assiste, dans mes discussions avec des politiciens de vraiment tous les partis : c’est un nom qui revient, avec beaucoup de respect », explique Guillaume Bourgault-Côté, qui a été journaliste politique au Devoir pendant une dizaine d’années.

PHOTO ANTOINE DÉSILETS, ARCHIVES LA PRESSE

René Lévesque, le 7 avril 1972

L’idée derrière Qui se souvient de René Lévesque ? était bien sûr de voir comment on se rappelle cette figure politique qui s’impose au-delà des lignes partisanes. Ce que le journaliste fait en interrogeant autant des observateurs de la scène politique (l’ex-ministre libérale Liza Frulla, notamment) que d’anciennes collaboratrices (Pauline Marois et Martine Tremblay, qui fut sa directrice de cabinet). Claude Lévesque accorde aussi une rare entrevue au sujet de son père dans ce documentaire.

Il en ressort deux choses fondamentales : son intégrité et son souci de la collectivité. Pauline Marois résume ces deux aspects dans une phrase que lui a dite René Lévesque : « On ne va pas en politique pour se servir, mais pour servir. »

Son intégrité s’incarne notamment dans sa manière de recevoir le verdict de la population le soir du référendum de 1980, juge Guillaume Bourgault-Côté, et sur le plan très concret de la loi sur le financement des partis politiques.

« Cette loi-là, pour lui, était la plus importante qu’il a adoptée. Elle a complètement changé le mode de financement — ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de problèmes après, nuance-t-il. C’est une étape importante et c’est une idée qu’il portait : sortir des caisses occultes, donc de la corruption. »

Du développement durable

Qui se souvient de René Lévesque ? ne s’attarde pas à la loi 101 ni au projet national, ce qui peut paraître paradoxal étant donné que ces deux enjeux ont laissé une empreinte profonde sur la société et marquent encore les débats politiques au Québec. « L’idée était d’aller voir au-delà de ce qu’on connaît de René Lévesque, explique Guillaume Bourgault-Côté. D’aller voir ce qui résonnait encore en 2022, d’une part, et aussi ce qu’on a un peu oublié avec le temps, parce que c’était plus en arrière-plan. »

Il a facilement trouvé : Loi sur la protection du territoire agricole, Loi sur l’assurance automobile, réforme de la Loi sur la protection du consommateur, création du ministère de l’Environnement, du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement et le « déclubage », qui a contribué à redonner aux citoyens l’accès au territoire. Deux autres réalisations qui auront une importante résonance dans la société sont aussi attribuables au premier gouvernement de René Lévesque : la fin des tavernes réservées aux hommes et l’interdiction de la discrimination basée sur l’orientation sexuelle.

Le gouvernement Lesage avait fait beaucoup aussi, mais quand tu regardes ce qui s’est passé entre 1976 et 1981, ça demeure inédit, je pense, en termes d’ampleur et de résonance.

Guillaume Bourgault-Côté

Ce n’est pas seulement de l’homme politique qu’on se souvient, rappelle toutefois le documentaire. L’aura de René Lévesque demeure parce que l’homme tout court a marqué la population dès sa carrière journalistique, notamment à travers l’émission Point de mire, où il expliquait des enjeux complexes « en respectant l’intelligence des gens ». Guillaume Bourgault-Côté croit que cet aspect est « fondamental » dans la relation que René Lévesque avait avec la population. Le respect dont il était l’objet était le miroir de celui qu’il avait pour ses concitoyens.

Sur Télé-Québec, mercredi, 20 h