J’ai ca-po-té sur la comédie Hacks de HBO Max, présentement offerte sur la plateforme Crave+, donc avec l’abonnement à HBO. Je l’ai recommandée à plusieurs de mes amis, qui ont tout autant ca-po-té que moi.

Non, nous ne jouons pas ici dans un mauvais épisode du Loup-garou du campus. C’est que nous avons été soufflés par cette série étincelante, trop courte, qui parle du difficile milieu de l’humour, de solidarité féminine et de relations intergénérationnelles – boomers contre génération Z – avec beaucoup de cœur et de gags efficaces.

C’est à la fois super drôle, émouvant, intelligent et parfois étrange, mais de l’étrange intéressant, je dirais. La version sous-titrée en français de Hacks passera à Crave Super Écran plus tard cet été. Huit des dix épisodes de 30 minutes ont déjà été mis en ligne. C’est du bonbon.

Donc, Hacks. C’est l’histoire de deux femmes humoristes. Une boomer fin soixantaine, qui a évolué aux côtés d’hommes hyper machos, et une Z dans la vingtaine, vraiment brillante, mais égocentrique.

La boomer s’appelle Deborah Vance (parfaite Jean Smart). C’est la reine de Las Vegas depuis trois décennies. Les plus jeunes, qui ne connaissent pas toute son histoire, la trouvent quétaine.

La riche Deborah vit seule dans un manoir, comment dire, de style Versailles stucco cheapo. Elle porte beaucoup de vêtements avec des motifs de léopard. Elle vend des bébelles sur la chaîne de télé-shopping QVC. Son humour de la vieille école repose sur des punchs simples et efficaces. Elle le pratique depuis si longtemps, remplit encore ses salles, alors pourquoi changerait-elle cette formule gagnante, hein ?

Le propriétaire de l’hôtel-casino où joue Deborah pense autrement. Il souhaite rajeunir sa clientèle et manigance pour tasser sa vedette vieillissante de la scène.

PHOTO FOURNIE PAR HBO MAX

La jeune Ava Daniels (Hannah Einbinder) dans une scène avec Deborah Vance (Jean Smart)

À Los Angeles, la scénariste cassée Ava Daniels (Hannah Einbinder) perd tous ses contrats après une série de tweets malheureux. Ava la woke est une snob de l’humour. Condescendante et égoïste, elle crache sur les trucs populaires, contrairement à Deborah, qui ne méprise pas son public floridien friand du pain à l’ail chez Olive Garden.

Ava et Deborah ne se connaissent pas, mais partagent le même agent à Hollywood, qui force leur rencontre. Ava pondra du nouveau matériel pour Deborah, qui rajeunira alors son auditoire. Tout le monde gagne !

Mais les univers de ces deux femmes talentueuses et ambitieuses se cognent avec fracas. D’un côté, il y a Deborah, un peu dépassée, qui a tout sacrifié pour sa carrière. De l’autre, il y a Ava, plus au diapason avec son époque, mais qui n’a aucune idée du terrain qu’a défriché Deborah – une sorte de Joan Rivers – et de tout ce que Deborah a accompli pour les femmes dans le stand-up.

En fait, ni Deborah ni Ava n’ont conscience des obstacles surmontés par l’une ou par l’autre. La série, bien nuancée, ne prend pas le parti d’une génération en particulier. Au rythme de leurs séances d’écriture, elles s’engueulent, s’assouplissent et prennent conscience d’un paquet de trucs sur le prix du succès, la solitude ou les relations personnelles.

Hacks est une touchante et amusante réflexion sur la place des femmes, jeunes comme âgées, dans le showbiz. Et ça passe trop rapidement, comme un gag de coronavirus à Las Vegas. Bien quoi ? Ce qui se passe à Vegas devrait rester à Vegas, non ? C’est bon aussi pour la COVID-19 et ça nous aurait évité une pandémie mondiale, merci de votre écoute, Montréal, bonne soirée !

SOS, SAS !

Autre saison, autre docusérie sur un corps de métier. Dans la nouveauté SAS : section agressions sexuelles, offerte depuis vendredi sur Crave (quatre premiers épisodes), la caméra suit des enquêteurs, mais surtout des enquêtrices, appelés à résoudre des crimes d’ordre sexuel.

Confessions d’un pédophile repentant, viol d’une jeune femme droguée à l’hydromorphone dans un crack house, ado qui se masturbe dans le métro ou agresseur du cimetière du Mont-Royal : des cas lourds défilent dans les épisodes de 30 minutes. La série détaille bien le travail minutieux et souvent frustrant de ces policiers. Quand la victime retire sa plainte ou quand les preuves demeurent introuvables, les cas se ferment, et des heures et des heures de boulot s’évaporent.

Bien sûr, comme les caméras ne sont pas présentes lors de la perpétration des actes criminels, il y a moins d’action dans SAS que dans Huissiers, par exemple.

Par contre, si voulez comprendre comment ça fonctionne à l’intérieur de cette escouade, jetez-y un œil. Plusieurs des sergentes-détectives qui y participent, dont Caroline Morin et Marie-Hélène Sévigny, sont fort attachantes. Bonus : c’est Christine Beaulieu qui assure la narration.

En terminant, j’ai omis de mentionner le deuxième scénariste du thriller policier Lac-Noir du Club illico dans ma chronique de jeudi. Il y a Martin Girard (Le jeu), mais aussi Charles Dionne (Jusqu’au déclin, Alertes). À tout seigneur, tout honneur.