Heureusement qu’il y a eu Les beaux malaises 2.0 à TVA l’hiver dernier, hein ? La brillante et grinçante comédie de Martin Matte a valu à TVA 4 des 16 trophées remis dimanche soir pendant le trop long 36e Gala Artis, copiloté par Charles Lafortune et Guy Jodoin.

Au final, TVA a remporté dix prix, contre cinq pour Radio-Canada. En garde partagée, l’Artis récolté par Pier-Luc Funk dans la catégorie jeunesse (14 mille millions de choses à savoir, Pour toujours plus un jour) passera une semaine à Radio-Canada et l’autre, chez Bell Média.

PHOTO ERIC MYRE, FOURNIE PAR TVA

Martin Matte

Malgré son année exceptionnelle, avec des cotes d’écoute presque toujours au-dessus du million, France Beaudoin a mordu la poussière dans les deux catégories où elle concourait. C’est très étonnant. En direct de l’univers a été l’émission réconfort de tellement de téléspectateurs en cette année pandémique. Tous les chroniqueurs lui prédisaient d’ailleurs au moins une statuette.

Au moins, Jean-René Dufort, d’Infoman, qui l’a battue en divertissement et variétés, a eu de jolis mots pour elle : « France Beaudoin, cette année, tu as été trop forte pour la ligue, tu as fait des affaires impossibles en télé. »

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Jean-René Dufort

Autre truc incongru : la victoire de Marc Messier dans les téléséries. Son mini-rôle dans La faille, soit le proprio de la mine de Fermont, est extrêmement moins costaud que celui, par exemple, de Vincent Leclerc dans Les pays d’en haut, qui méritait cette reconnaissance après six années de Séraphin Poudrier.

Lucide et bon joueur, Marc Messier a même admis au micro se sentir mal. « J’ai vraiment un rôle périphérique dans La faille », a-t-il rappelé. Puis, l’acteur vétéran a ajouté, en rigolant : « J’imagine que je suis beaucoup là pour mon cher passé ». Son discours, humble et rigolo, a été parfait.

Martin Matte et Julie Le Breton, des Beaux malaises 2.0, ont amassé les deux premiers prix (en comédie) et les deux derniers (personnalités de l’année) de cette soirée de 2 h 45 min, plantée dans le décor de Star Académie des studios MELS de Saint-Hubert.

C’est la deuxième année de suite que le public élit Julie Le Breton personnalité de l’année. En 2020, c’est Épidémie qui l’a catapultée au sommet. Bon flash que d’avoir demandé à Farah Alibay, de la NASA, de lui décerner cet honneur.

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Julie Le Breton

Véritable pro, Martin Matte maîtrise l’art du remerciement baveux et sincère. Il l’a prouvé en égratignant gentiment Guylaine « Je suis Justine » Tremblay et Christian Bégin.

Pour l’animation de Tout le monde en parle, Guy A. Lepage a empoché son quatrième Artis d’affilée. Comme il pilotait son talk-show en même temps que le gala de dimanche soir, Guy A. Lepage avait préenregistré son laïus, qui s’est conclu sur une note percutante : « Quant à moi, si vous voulez continuer de m’écœurer sur les réseaux sociaux, gâtez-vous, parce que je m’en câlisse ». La foule a explosé de rire. Bien envoyé.

Le nom de Maripier Morin, qui a elle-même retiré sa sélection, n’a pas été prononcé, mais a flotté au-dessus du parterre toute la soirée. Dans leur monologue d’ouverture, qui n’a jamais levé malgré sa forte teneur en autodérision, Charles Lafortune et Guy Jodoin ont évoqué l’absence de l’actrice et animatrice, sans plus.

Il a fallu attendre les remerciements de Sarah-Jeanne Labrosse et Julie Le Breton pour crever l’abcès. Je paraphrase, mais les deux comédiennes ont plaidé pour des milieux de travail plus sains, bienveillants et respectueux des autres. C’était nécessaire d’en parler.

Parlant des remerciements, mais où se trouvait la « petite musique » pour circonscrire le temps à lire des feuilles sur scène ? Certains discours s’enfonçaient et s’étiraient inutilement, au secours. Coupez ! Par contre, Maude Guérin (championne pour 5e Rang) a su meubler son temps de parole de façon fort originale.

Bien franchement, ce gala manquait de direction claire. Comme s’il fallait ratisser extra large – les féminicides, le slam de David Goudreault ou du Motown – pour rejoindre le plus de gens possible. C’était confus et décousu.

Le choix des chansons en ouverture était douteux. Il aurait fallu identifier le nom des émissions associées aux finalistes, seigneur. C’est la base, me semble. Les présentations de prix ont été ordinaires, sauf celle de Christian Bégin, qui aurait été 100 fois meilleure en étant moins éparpillée.

Ce qui a le mieux fonctionné, c’est le lip sync d’Ariel Charest (suivez-la sur Instagram, elle est hilarante) pour introduire la catégorie des sports. Les vedettes en studio croulaient de rire. Et nous aussi.

Bien sûr, les éternels gagnants de TVA ont été récompensés : Gino Chouinard de Salut bonjour, Dave Morissette de Dave Morissette en direct sur TVA Sports, Pierre Bruneau du TVA Nouvelles et Guy Jodoin du Tricheur, indélogeables depuis la création de Télé-Métropole. J’exagère… à peine. Le public ne lâche jamais ses chouchous.

En affaires publiques, Mario Dumont a freiné la séquence victorieuse de Charles Tisseyre de Découverte, lauréat depuis 2018. Mario Dumont a posé ses mains pour la première fois sur un Artis.

Tous les soirs de ce gala, j’ai toujours une pensée pour les (excellents) finalistes de RDS (Chantal Machabée, Pierre Houde et Alain Crête), qui se pointent à la réception et qui en repartent systématiquement bredouilles.

Même constat pour les Céline Galipeau, Patrice Roy ou Pascale Nadeau, qui n’agrippent jamais de prix, mais qui se prêtent quand même à l’exercice, de bonne foi, pour les téléspectateurs qui les aiment et qui les suivent. Gros respect ici.