Euphémisme : les 12 derniers mois de pandémie ont été pénibles sur notre santé mentale et nos compétences sociales.

En fait, la mèche de la société québécoise n’a jamais été aussi courte que maintenant. À la moindre contrariété ou minicontroverse, les gens s’envoient (bip) sur Twitter et ça s’insulte copieusement sur Facebook. C’est lourd longtemps. Un peu de bienveillance et de civilité, s’il vous plaît.

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L’animatrice d’En direct de l’univers, France Beaudoin, est l’une des personnalités féminines favorites aux prix Artis.

Pendant cette période accablante, de nombreuses personnes (bonjour !) ont trouvé répit, accompagnement et réconfort en s’assoyant devant la télévision, qui a rendu l’isolement covidien beaucoup plus tolérable. La pertinence d’Infoman, la Montagne coupée d’OD, les conseils de Louise Sigouin, la gang du 31, les épisodes d’En direct de l’univers, Lara Fabian à Star Académie, la grand-messe en direct de Tout le monde en parle, Patrice Roy et Sébastien Bovet avant les points de presse de François Legault, Guylaine Tremblay et France Castel dans M’entends-tu ? : on s’est accrochés collectivement à tous les petits bonheurs qui passaient.

Dans son dernier numéro, le magazine Rolling Stone a même publié un excellent essai intitulé L’année où la télé nous a sauvés. Totalement d’accord avec cette affirmation.

La télé a guéri bien des angoisses et meublé d’interminables soirées de couvre-feu. Merci à ceux et à celles qui la fabriquent.

C’est ce que célèbrera le 36gala Artis, que TVA diffusera en direct dimanche à 19 h 30. Mettons de côté notre cynisme ici et pensons à tous les artisans du petit écran sans qui la dernière année aurait été encore plus déprimante. Ils méritent cette tape dans le dos du public, qui passe par l’attribution d’un trophée doré.

Maintenant, qui triomphera dimanche soir à TVA, dans cette fête copilotée par Guy Jodoin et Charles Lafortune ? Nostradumas se risque au jeu des prédictions.

Pour la personnalité féminine de l’année, France Beaudoin part favorite. Son émission En direct de l’univers a été un baume sur bien des cœurs. L’animatrice et productrice du rendez-vous du samedi soir se mesure à Sarah-Jeanne Labrosse, Julie Le Breton (gagnante l’an passé), Julie Snyder et Guylaine Tremblay.

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Gildor Roy (District 31) est l’un des favoris dans la course de la personnalité masculine de l’année.

Chez les hommes, Gildor Roy risque de remporter la statuette au détriment de Gino Chouinard, Pier-Luc Funk, Charles Lafortune et Martin Matte. Le phénomène District 31 ne s’essouffle pas et comment ne pas aimer le bon commandant Chiasson, hein ? Le Québec l’adore.

Parlant de District 31, son puissant effet balaie la catégorie des téléromans avec la sélection, par les gens à la maison, de Sébastien Delorme (Poupou), Vincent-Guillaume Otis (Patrick), Michel Charette (Bruno) et Gildor Roy (Daniel). Seul Roy Dupuis (Toute la vie) ne joue pas dans le feuilleton policier. Prédiction ? Victoire de Gildor Roy, champion dans cette catégorie depuis 2018.

Du côté des femmes en téléroman, deux actrices de District 31 sortent du lot, soit Catherine St-Laurent (Noélie) et Geneviève Brouillette (Gabrielle). Hélène Bourgeois Leclerc (Toute la vie), Maude Guérin (5e Rang) et Marina Orsini (Une autre histoire) complètent le quintette de finalistes.

Deux constats, ici : Radio-Canada domine entièrement les catégories de téléromans et Hélène Bourgeois Leclerc remerciera ses fans, notamment parce que la qualité de Toute la vie a grimpé en flèche cette saison.

Évidemment, il y a des lauréats coulés dans le béton depuis des lunes, dont Pierre Bruneau (bulletin de nouvelles), Dave Morissette (sports), Gino Chouinard (services) ou Guy Jodoin (jeux). Percer dans ce métier, c’est difficile. Mais durer aussi longtemps, c’est un exploit.

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Guy Jodoin, qui coanimera la soirée avec Charles Lafortune, est un habitué des prix Artis. On le voit ici recevant son trophée du meilleur animateur de jeux au printemps 2019.

Il n’y a rien d’anormal que Guy Jodoin récolte systématiquement ce prix, même si ça torpille le suspense du gala. L’animateur apparaît dans nos téléviseurs quatre soirs par semaine depuis presque 10 ans, avec des cotes d’écoute de près de 1 million. Même chose pour Gino Chouinard : il fait partie du quotidien de tellement de téléspectateurs.

En talk-show, la menace la plus sérieuse au règne de Guy A. Lepage s’appelle Patrick Huard. Sa Tour a été une des belles surprises de la saison télé 2020-2021.

Au rayon des téléséries, Donalda (Sarah-Jeanne Labrosse) affronte Délima (Julie Le Breton) des Pays d’en haut, sans oublier Loulou (Guylaine Tremblay) de la minisérie Le Phoenix et Céline (Isabel Richer) de La faille. Je mise sur Julie Le Breton, étant donné que Le Phoenix de Séries Plus n’a pas obtenu un immense rayonnement.

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Vincent Leclerc a incarné avec brio le personnage de Séraphin dans Les pays d’en haut.

Vincent Leclerc, le Séraphin des Pays d’en haut, mériterait ce prix chez les hommes. Michel Charette, le père Ovide de la même série, incarne son rival le plus dangereux. Les autres en lice sont Guy Jodoin et Sébastien Delorme de La dérape, de même que Marc Messier de La faille. Les pays d’en haut brillera ici sans aucun doute.

Je ne sais pas si ça vous fait cet effet, mais en épluchant la liste des finalistes du gala Artis, ça saute de nouveau aux yeux : on fait de la saprée bonne télé au Québec, avec des moyens financiers qui n’ont rien à voir avec ceux, démesurés, des Américains. Peut-être qu’on ne se le dit pas assez souvent.