De manière générale générale, Marie-Soleil Dion parle vite. Mais ce matin, son débit atteint une vitesse inégalée. Un flot de mots par minute qui rendrait même jaloux Louis-José Houde. Le deuxième café qu’elle déguste y est sûrement pour quelque chose, tout comme la perspective de bientôt tomber en vacances. Mais plus que tout, on sent l’actrice galvanisée par l’abondance de projets qui l’occupent sans arrêt depuis six mois.

Depuis septembre, elle enfile les enregistrements d’un nouveau magazine intitulé C’est humain, qui atterrira à Télé-Québec en janvier. On parle d’une quotidienne de 30 minutes dans laquelle Marie-Soleil Dion, épaulée par Manal Drissi, Meeker Guerrier et 13 experts et scientifiques, tentera de comprendre les comportements humains.

Un exemple de questions qu’elle abordera durant cette première saison ? Pourquoi est-ce qu’on n’aime pas faire du ménage et qu’est-ce qu’on peut faire pour l’apprécier davantage ?

« J’ai vraiment appris plein d’affaires ! s’exclame Marie-Soleil Dion dans un entretien avec La Presse. Je fais tout le temps référence à l’émission. Mon fils est dans son bain ? Je suis comme : “Je sais pourquoi tes doigts ratatinent, parce qu’on en a parlé l’autre jour !” Béa [Béatrice, fille de Louis-Olivier Mauffette, son conjoint] me dit qu’elle est sûre de réussir son examen de maths, je suis comme : “Attention, ça peut être l’effet Dunning-Kruger, qui fait qu’on surestime nos compétences dans quelque chose qu’on connaît mal, et qu’on se sous-estime dans quelque chose qu’on maîtrise.” »

Je suis vraiment devenue cette fille rushante qui veut montrer toutes les notions qu’elle a acquises !

Marie-Soleil Dion

Ceux qui connaissent Marie-Soleil Dion depuis longtemps ne s’étonneront pas d’apprendre qu’elle prend son pied aux commandes de C’est humain.

« J’ai toujours été première de classe, admet la principale intéressée. J’aimais l’école. Oui, j’avais des bonnes notes, mais surtout, ça m’intéressait. Mes deux parents sont dans l’enseignement. Avant chaque rentrée scolaire, j’allais avec eux laver les bureaux, préparer les classes… J’aimais l’odeur des corridors, des tables propres, des manuels scolaires… »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Marie-Soleil Dion durant l’enregistrement de C’est humain

Marie-Soleil Dion a passé une audition pour C’est humain. Bien qu’elle n’avait pas énormément d’expérience en animation, hormis Ça va bien aller (avec Fabien Cloutier), On joue au docteur et Lip Sync Battle : face à face (avec Joël Legendre), la comédienne est sortie du lot.

« On voulait une personnalité rassembleuse, pétillante et curieuse, et Marie-Soleil est toutes ces choses, explique la productrice Julie Lavallée chez Trio Orange. En plus, elle a beaucoup de répartie. C’est vraiment un match parfait. »

Un nouveau chapeau

En cette dernière journée d’enregistrement, Marie-Soleil Dion a beau se décrire comme « un téléphone cellulaire avec 2 % de batterie », rien n’y paraît. Il faut dire qu’un autre projet la garde bouillonnante en cette fin d’année : la sortie de Gazebo sur l’Extra d’ICI Tou.tv.

Pour cette série de 10 épisodes de 10 minutes, l’actrice a également mis son chapeau d’autrice. Avec Louis-Olivier Mauffette, elle signe les textes – et tient la vedette – d’une comédie vitaminée qui raconte les tribulations d’un couple d’acteurs montréalais, Marie et Loulou, qui déménage en banlieue avec Mathilde (Mathilde Boucher), une adolescente née d’une ancienne union de Loulou, et Paul, leur bébé.

C’est nous, mais exposant 1000.

Marie-Soleil Dion.

Cette précision nous rassure, puisque dans Gazebo, Loulou est curieusement obsédé par Patrice Godin, panique à l’idée de perdre ses cheveux et adopte un alpaga pour réaliser son rêve de devenir autosuffisant à Boucherville. Quant à Marie, elle fait des pieds et des mains pour jouer dans le prochain film de Xavier Dolan, mais finit dans le remake de Bibi et Geneviève. « Je suis tannée d’être la comique de service ! », lance-t-elle dans une scène.

Avec un CV qui comprend des titres comme Like-moi, Caméra café, Ça décolle ! et Tranches de vie, Marie-Soleil Dion est effectivement devenue une spécialiste des séries humoristiques depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique du Québec, en 2007. Mais contrairement à Marie, elle n’en fait pas une maladie.

« C’est un running gag avec mon chum : j’ai fait le Conservatoire, j’ai joué Iphigénie, je pensais faire des drames, et finalement, je fais Atomes crochus ! », rigole-t-elle.

Renouer avec l’écriture

Marie-Soleil Dion souhaitait se lancer dans l’écriture depuis quelque temps. Elle a conçu une série avec Tammy Verge, mais leur projet semble avoir du plomb dans l’aile. Gazebo a émergé au cours d’un souper « sushis-Benny » (les autres mangeaient des sushis ; elle s’est fait livrer du poulet) avec Valérie Beaulieu, productrice et présidente de Trinome & filles.

J’ai toujours eu ça en moi. C’est quelque chose que je faisais au Conservatoire : j’écrivais du théâtre avec mon ami Steve Gagnon. On avait des projets, mais la vie est arrivée.

Marie-Soleil Dion

« En sortant de l’école, je pensais que j’allais faire des shows au Périscope à Québec, mais j’ai été chanceuse, et j’ai pogné Vrak la vie. Ça a tout changé. Ça m’a catapultée dans le métier. J’ai déménagé à Montréal, j’ai fait Dieu merci, et tout s’est enchaîné super rapidement. Le temps de m’asseoir et d’écrire, je ne l’ai pas eu. J’aime ma job, j’aime ma vie, je travaille beaucoup, je suis privilégiée, mais des fois, j’étais comme : la créatrice, la fille du Conservatoire qui voulait créer des choses, qui voulait écrire, elle est rendue où ? »

De Contre-offre à ÉquiLibre

Entre deux pubs de RBC à Montréal ou Toronto, La semaine des 4 Julie et L’échappée, Marie-Soleil Dion a également tourné dans Contre-offre en 2021, cette comédie dans laquelle elle campe l’agente immobilière Christine Lévesque. Déjà offerte sur Crave, la deuxième saison sera relayée par Noovo dès janvier.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

L’été dernier lors du tournage de Contre-offre

L’actrice poursuit également ses activités comme porte-parole d’ÉquiLibre, un organisme qui prône une image corporelle positive.

« Pour les femmes, c’est difficile de vieillir à l’écran, observe l’actrice de 37 ans. C’est pour ça que c’est inspirant de voir des femmes comme Kate Winslet [dans Mare of Easttown] qui font : “Fuck it. Je vais me montrer telle que je suis. Sans retouches.” On parle beaucoup de diversité culturelle à la télé, mais il faut aussi qu’on parle de diversité corporelle. »

Il faut qu’il y ait différents modèles. Le garçon avec un problème de poids, ce serait le fun qu’il se voie autrement que dans le rôle du petit gros qui doit maigrir ou dans le rôle du rejet.

Marie-Soleil Dion

Le sujet passionne visiblement la comédienne. On l’entend au rythme auquel elle débite ses phrases.

« Moi, quand j’étais jeune, j’avais un Filles d’aujourd’hui par mois, et j’arrivais quand même à me taper sur la tête. Aujourd’hui, les jeunes voient passer 600 images par jour sur leur téléphone. La plupart retouchées. C’est inhumain, la pression sociale qu’on leur met de correspondre à tel ou tel standard de beauté. »

Sur cette envolée, Marie-Soleil doit y aller. Les enregistrements de C’est humain doivent commencer. L’actrice-autrice-animatrice nous salue et part rejoindre l’équipe de tournage. Sans oublier son café.

Télé-Québec présente C’est humain du lundi au jeudi à 18 h 30 à partir du 3 janvier. Noovo diffuse la deuxième saison de Contre-offre à partir du mardi 11 janvier à 19 h 30. Gazebo atterrit dans la section Véro.tv d’ICI Tou.tv Extra vendredi.