Deux séries québécoises se distinguent à l’étranger pour leur diversité. Six degrés et L’effet secondaire sont finalistes aux Diversity TV Excellence Awards du MIPCOM de Cannes, qui célèbrent l’inclusion en télévision.

Racontant l’histoire de Léon (Noah Parker), un jeune malvoyant de 16 ans, la comédie dramatique Six degrés est retenue dans une catégorie intitulée Disability – Scripted (Handicap en fiction). Offerte sur Tou.tv et diffusée au printemps dernier sur ICI Télé, elle affronte deux téléfilms : Bienvenue dans l’âge adulte (France), une offrande de TF1 qui relate le parcours d’une jeune femme trisomique de 20 ans qui rêve d’indépendance, et Christmas Ever After (Canada), une romance de Noël du réseau Lifetime mettant en scène une auteure en fauteuil roulant.

Également en provenance de Radio-Canada, L’effet secondaire est citée du côté des productions pour adolescents. Elle affronte Lockdown – The Confession (Canada), une série de mystère hébergée par YouTube qui brosse le portrait d’un groupe d’amis en pleine pandémie, post-George Floyd, et FYI’s Kidversation (Royaume-Uni), un bulletin d’information hebdomadaire destiné aux jeunes.

Adaptation québécoise d’un format originaire des Pays-Bas, L’effet secondaire plonge le téléspectateur au cœur d’une polyvalente de Montréal.

Faire bouger les choses

Joint au téléphone, l’auteur de Six degrés, Simon Boulerice, s’est avoué très touché de voir son œuvre s’illustrer ainsi hors des frontières du Québec.

« Je voulais fabriquer une série qui misait sur l’inclusion. Je m’étais toujours dit : “Quand je vais écrire ma première série, je veux me sentir convié à la noce.” Parce que quand j’étais plus jeune, je ne me retrouvais pas toujours à la télé. J’ai donc eu envie de déployer dans une même série une multitude de diversités. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Simon Boulerice, auteur de Six degrés

Je voulais souligner l’inclusion en parlant de grossophobie, de pansexualité, de fibrose kystique et, bien sûr, de déficit visuel.

Simon Boulerice, auteur de Six degrés

Par ailleurs, Simon Boulerice salue des MIPCOM Diversity TV Excellence Awards. Selon l’auteur et metteur en scène, leur existence pourrait « faire bouger les choses ».

« Peut-être que dans quelques années, on n’aura plus besoin d’organiser ce genre d’initiatives, mais pour l’instant, elles sont bienvenues. C’est comme quand on parle de créer des quotas. Des fois, les quotas, c’est douloureux. On n’est pas toujours d’accord au départ, mais c’est juste pour faire bouger les choses. Ces prix vont peut-être éveiller davantage certains auteurs à déployer un peu leur regard. Je sais que pour écrire, il faut partir de soi, mais c’est quelque chose qu’on peut faire en étant branché sur l’autre. »

Encore du chemin à faire

Les discussions entourant le manque de représentativité à la télé québécoise défraient la chronique depuis quelques années. Qu’un jury étranger chargé de saluer la diversité au petit écran sélectionne deux séries du Québec montre que notre industrie enregistre des progrès, souligne Diane England, productrice de L’effet secondaire chez Zone 3.

« On a encore du chemin à faire, mais on a quand même plus de diversité maintenant qu’on en avait il y a cinq ans. En tant que productrice, aujourd’hui, je n’oserais jamais présenter un casting sans diversité ethnique. C’est impensable ! Je sens aussi cette préoccupation chez mes collègues. La preuve ? Il n’y a jamais eu autant de couleurs dans nos émissions. Et quand je regarde des séries qui viennent d’ailleurs, des États-Unis ou d’Europe, je vois la même chose. On représente mieux la société actuelle. »

PHOTO FOURNIE PAR KARL JESSY

La distribution de L’effet secondaire

L’équipe de L’effet secondaire a multiplié les efforts en début d’aventure, en 2019, pour bâtir une distribution diversifiée qui reflétait la réalité des écoles. Diane England affirme avoir rencontré de 300 à 350 jeunes en audition.

On n’avait pas seulement envie d’une diversité multiethnique ; pour bien refléter la réalité, on voulait une diversité corporelle, de genre, de style… Radio-Canada y tenait aussi.

Diane England, productrice de L’effet secondaire

Un troisième représentant

Grand marché international des contenus télé qui réunit chaque année à Cannes des professionnels de partout, le MIPCOM 2021 démarre ce lundi et prendra fin jeudi.

Une autre production québécoise pourrait y être primée. La websérie Je voudrais qu’on m’efface avec Julie Perreault est sélectionnée en compétition officielle au quatrième festival de télévision Canneseries, qui bat son plein jusqu’à mercredi en marge du MIPCOM.

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Julie Perreault, Malik Gervais Aubourg et Sarah-Maxine Racicot dans Je voudrais qu’on m’efface.

Réalisée par Eric Piccoli (Écrivain public) et adaptée du roman du même nom d’Anaïs Barbeau-Lavalette, Je voudrais qu’on m’efface est offerte sur Tou.tv. Sur huit épisodes, elle relate le parcours parsemé d’embûches de trois jeunes issus du quartier Saint-Michel à Montréal.