Le tournage de Manuel de la vie sauvage tire à sa fin ces jours-ci à Montréal. La Presse est allée rencontrer quelques-uns des artisans de cette série attendue pour le printemps prochain sur Séries+.

Rien à voir avec le luxe et les décors hyper léchés qu’on associe généralement au milieu des jeunes pousses technologiques. En ce mardi de septembre, l’équipe de Manuel de la vie sauvage tourne dans le décor froid et vaguement déprimant d’une chambre d’hôpital.

Élisabeth, personnage interprété par Kim Despatis, vient d’accoucher. Autour d’elle sont réunis son conjoint et génie informatique Laurent (Rodley Pitt), ainsi que les associés aux dents longues de ce dernier, Kevin et Ève (Antoine Pilon et Virginie Ranger-Beauregard).

« Cette scène n’est pas tellement représentative de la série », lance d’emblée le réalisateur Christian Laurence. On a déjà tourné dans des appartements au 28étage du centre-ville et dans une salle hyper techno du Reine Elizabeth… » Un décor qui sied à merveille à cette série en six épisodes, produite par KOTV, qui est campée dans l’univers hyper compétitif des jeunes entreprises technologiques, où des entrepreneurs sont parfois prêts à tout pour réussir.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

De gauche à droite : les comédiens Kim Despatis, Antoine Pilon, Virginie Ranger-Beauregard et Rodley Pitt

L’auteur du roman dont s’inspire la série, Jean-Philippe Baril-Guérard, a travaillé de concert avec Christian Laurence pour adapter le texte pour la télévision. Il a aussi signé l’adaptation théâtrale de la pièce présentée actuellement chez Duceppe. « On fait des choix différents selon le format, dit le romancier qui tient aussi un rôle dans la série. Pour la télévision, c’est la psychologie des personnages qui est au centre de l’intrigue. Il y a aussi des microdétails du livre, des travées secondaires, qui se déploient davantage. Par exemple, tout l’épisode trois est inspiré de deux phrases du roman… On a aussi ajouté des personnages, notamment des employés de bureau qui doivent composer avec un climat de travail toxique. »

Faire tomber le quatrième mur

Pour garder le ton du roman, qui oscille entre fiction et conférence de motivation, Christian Laurence a choisi de faire tomber à l’occasion le quatrième mur pour laisser les personnages s’adresser directement à la caméra. C’est surtout vrai pour Kevin Bédard, personnage principal de la télésérie, incarné par Antoine Pilon.

Christian Laurence et Antoine Pilon se connaissent bien : les deux hommes ont tourné une publicité ensemble il y a 20 ans… pour des petits gâteaux Vachon aujourd’hui disparus des rayons ! « C’était ma première pub comme réalisateur et la première d’Antoine comme acteur. C’est quelqu’un qui a beaucoup de métier et je sentais qu’il était mûr pour porter un projet comme celui-là. En plus, il a la hargne de Kevin ! »

Le principal intéressé ne s’est pas fait prier pour se joindre à l’aventure.

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Antoine Pilon incarne Kevin Bédard dans Manuel de la vie sauvage.

Je connais bien Christian, mais aussi Jean-Philippe. On avait fait la websérie Faux départs ensemble sur Tou.TV. C’est un vrai plaisir de travailler de nouveau avec eux.

Antoine Pilon, qui incarne Kevin Bédard dans Manuel de la vie sauvage

Comment perçoit-il Kevin ? « La plus grande différence entre lui et moi, c’est que je suis très expressif dans la vie et dans ce que je joue. Avec Kevin, on est dans la froideur. Ce n’est pas quelqu’un de très émerveillé… Dans le livre, Kevin dit que toutes les relations humaines sont des transactions… C’est du génie d’écriture ! »

Louis Morissette, qui interprète Damien l’investisseur-requin dans Manuel de la vie sauvage, agit aussi à titre de producteur. Sa boîte, KOTV, a d’ailleurs annoncé cette semaine son intérêt à tirer une série d’un autre roman signé Jean-Philippe Baril-Guérard, Haute démolition. Ce dernier travaille déjà sur une adaptation.

« Il y a de l’intérêt de certains diffuseurs, mais le projet est encore jeune. Pour Manuel de la vie sauvage, je vois des possibilités de faire la série en anglais. Cette série a tous les attributs pour se vendre à l’étranger. Le sujet est jeune et il n’a rien de régional ! »