Après des années d’affrontements TVA-Radio-Canada, l’arène des soirées électorales accueille un nouvel adversaire : Noovo. La Presse a contacté les chefs d’antenne des trois réseaux pour connaître leur plan de match.

Noémi Mercier

Noémi Mercier connaîtra son baptême des soirées électorales en compagnie de Michel Bhérer. Les deux chefs d’antenne dirigeront un plateau qui réunira plusieurs collaborateurs, dont notre collègue Yves Boisvert, mais aussi Philippe J. Fournier, Martine St-Victor, Hugo Meunier, Camille Lopez, la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, Victor Henriquez, Mia Homsy, Jonathan Trudeau et Alexis Wawanoloath.

« Nos analystes n’ont pas tous un profil d’anciens élus, souligne Noémi Mercier. Ils n’ont pas tous couvert la colline Parlementaire non plus. Ça risque de donner un angle différent. »

Pour tirer son épingle du jeu, Noovo tentera de faire les choses « autrement », nous confirme son directeur général de l’information, Jean-Philippe Pineault. « On veut offrir une émission informative, mais aussi divertissante. »

« Notre public, ce n’est peut-être pas un public mordu de politique qui a suivi la campagne très, très, très attentivement, ajoute Noémi Mercier. Ce n’est peut-être pas un public qui maîtrise tout le jargon, tous les codes et toute la mécanique non plus. Notre rôle, ça va être de l’accompagner à travers tout ça. »

On peut couvrir une campagne de manière très nichée en parlant des jeux de coulisses, mais on peut aussi vulgariser, résumer les enjeux, et revenir aux bases.

Noémi Mercier, cheffe d’antenne à Noovo

Un défi colossal

Cette soirée électorale survient moins de six mois après l’entrée en ondes des bulletins d’information de Noovo.

Pour une salle de nouvelles aussi jeune, le défi est colossal. L’équipe a mis les bouchés doubles au cours des dernières semaines pour s’assurer d’être prête. « On n’avait pas envie de rater ce rendez-vous avec l’histoire, explique Jean-Philippe Pineault. Mais c’est du sport. »

Quant à Noémi Mercier, elle aborde cette soirée avec enthousiasme et humilité.

« Le défi de tenir les ondes pendant au moins six heures sans pauses publicitaires… Honnêtement, je n’ai pas le choix d’en rire, parce que c’est énorme comme mandat ! Mes confrères des autres réseaux ont l’habitude d’être en ondes aussi longtemps. Ils ont déjà animé des soirées électorales. Ils ont déjà animé des émissions spéciales. C’est vraiment des marathoniens, des athlètes, alors que pour moi, c’est tout nouveau. »

« Je sais qu’on ne sera pas parfaits et qu’on va faire des erreurs, mais je sais aussi qu’on va avoir du fun, conclut-elle. C’est cliché, mais c’est vrai pareil ! »

Sur Noovo à compter de 19 h.

Pierre Bruneau

Pourquoi changer une formule gagnante ? Lors des dernières élections fédérales, en 2019, TVA avait enregistré une pointe de 1,5 million de téléspectateurs en cours de soirée.

PHOTO MARTIN CHEVALIER, VIA REUTERS

Pierre Bruneau

Personne ne s’étonnera donc d’apprendre qu’encore une fois, le réseau a choisi d’entourer Pierre Bruneau d’un groupe d’analystes composé d’Emmanuelle Latraverse, Mario Dumont, Jean-Marc Léger et Paul Larocque. Le champion des cotes d’écoute sera également appuyé par trois panélistes politiques, l’ancien chef du Nouveau Parti démocratique Thomas Mulcair, l’ex-mairesse de Longueuil Caroline St-Hilaire et l’ancien conseiller de Brian Mulroney, Luc Lavoie. Ce dernier a récemment repris, après trois années d’absence, son poste de débatteur à l’émission La joute. Philippe-Vincent Foisy participera aux discussions, et Pierre-Olivier Zappa gérera la carte électorale interactive.

« On sera présents partout au pays avec les chefs de parti, mais aussi dans des circonscriptions chaudes au Québec, comme Trois-Rivières et Chicoutimi », détaille Pierre Bruneau en entrevue.

La force de TVA, c’est qu’on est présents dans 10 régions du Québec. Nos journalistes sont ancrés et connaissent très bien leur communauté.

Pierre Bruneau, chef d’antenne à TVA

Intérêt grandissant

Alors qu’en début de campagne, personne ne semblait vouloir d’élections fédérales, Pierre Bruneau a senti, au cours des dernières semaines, un intérêt plus marqué des téléspectateurs.

« Les commentaires du premier ministre du Québec François Legault, son appui au Parti conservateur, la controverse du débat en anglais… Qu’ils le veuillent ou non, les gens ont été accrochés », souligne le chef d’antenne.

Selon lui, l’arrivée de Noovo n’a pas poussé TVA à revoir sa stratégie pour cette soirée électorale.

« J’applaudis la naissance d’une nouvelle source d’information, mais ce qu’ils [Noovo] font, ce n’est pas une source de préoccupation pour nous, déclare Pierre Bruneau. Tout ce qu’on veut, c’est faire notre travail du mieux qu’on peut et offrir aux téléspectateurs le produit le plus clair possible. »

Sur LCN à partir de 18 h 30. Sur TVA à partir de 19 h 30.

Patrice Roy

On ignore si Patrice Roy sera armé des mêmes lunettes qu’il portait au débat des chefs, lesquelles avaient enflammé les réseaux sociaux à force d’être balancées aussi vigoureusement. Ce qu’on sait, c’est qu’il sera épaulé par quatre analystes : Madeleine Blais-Morin, Alec Castonguay, Hélène Buzzetti et Michel C. Auger. Du côté politique, le populaire chef d’antenne pourra compter sur l’ancienne libérale et néo-démocrate Françoise Boivin, l’ex-ministre conservateur Michael Fortier, l’ancien premier ministre néo-brunswickois Brian Gallant et l’ex-chef du Bloc québécois Gilles Duceppe, dont l’émotion avait traversé l’écran durant la soirée électorale de 2019, quand son fils, Alexis Brunelle-Duceppe, avait été élu dans Lac-Saint-Jean.

PHOTO IVANOH DEMERS, VIA REUTERS

Patrice Roy

« Pour moi, ce qui est important, c’est qu’il y ait de l’émotion », affirme Patrice Roy, joint au téléphone.

Une élection, ce n’est pas toujours rationnel. C’est aussi une affaire de cœur. Il y a des gens qui perdent, il y a des gens qui gagnent. C’est la raison pour laquelle on aime avoir d’anciens politiciens en studio. Ils peuvent en témoigner.

Patrice Roy, chef d’antenne à Radio-Canada

Signalons également la présence de Sébastien Bovet, qui pilotera la carte électorale.

Longue soirée en vue ?

Pandémie oblige, Radio-Canada a repensé le décor du studio dans lequel Patrice Roy dirigera les opérations.

À défaut d’être réunis autour d’une même table, les panélistes auront chacun leur lutrin. Ils seront disposés de manière à respecter la distanciation.

Le chef d’antenne est prêt à passer entre sept et huit heures consécutives en ondes.

« La Colombie-Britannique pourrait faire la différence. Ça veut dire qu’on pourrait attendre longtemps. Mais ça peut aussi aller vite. Les premiers résultats des provinces de l’Atlantique vont rentrer à 19 h 30. Ils pourraient indiquer une tendance… Les libéraux pourraient sortir plus forts que prévu, les conservateurs pourraient surprendre… Bref, ça peut être long, mais ce n’est pas nécessairement un abonnement jusqu’à 1 h du matin non plus. »

Sur ICI RDI à compter de 17 h 55. Sur ICI Télé à compter de 19 h 30.