Dans la très belle série Six degrés de Simon Boulerice, qui sera présentée sur ICI Télé à compter de jeudi, Noah Parker interprète Léon, un ado malvoyant, brillant et sensible. Rencontre avec un jeune comédien doué qu’on n’a pas fini de voir au petit et au grand écran.

À 22 ans, Noah Parker a déjà 10 ans de « métier » dans le corps. « Disons que ça fait presque quatre ans que je fais ça à temps plein », nous explique le jeune homme aux traits encore juvéniles, assis à une table de pique-nique dans un parc du quartier montréalais de Pointe-Saint-Charles, où il habite.

Remarqué ces dernières années dans L’échappée et La faille, on a pu le voir récemment dans le film La déesse des mouches à feu, d’Anaïs Barbeau-Lavalette, et maintenant dans Six degrés, qui a d’abord été diffusée en mars sur l’Extra de TOU.TV.

La particularité de Léon, c’est que son acuité visuelle tient, d’un œil seulement, dans l’équivalent du trou d’une paille, d’où le six degrés du titre. Surprotégé par sa mère depuis sa naissance, il devra par la force des choses prendre son envol dans le monde.

Léon n’a peut-être pas été mon personnage le plus difficile à jouer psychologiquement, parce que tous les personnages le sont. Mais dans le jeu physique ? À 100 % !

Noah Parker, comédien

« Ç’a été beaucoup de travail pour développer la posture, la manière dont il regarde les gens, réagit aux stimulus, manie sa canne… »

Pour la première fois, Noah Parker se retrouvait à porter une série sur ses épaules, mais il a surtout senti la pression de ne pas tomber dans les clichés. « Il fallait que je sois bon, c’est un sujet sensible. »

Le comédien a fait ses devoirs, regardé des vlogues et le film Parfum de femme « juste pour voir la version d’Al Pacino », et passé du temps avec Méridick Forest, dont le handicap a inspiré le personnage de Léon à Simon Boulerice.

« J’ai soupé avec lui, on a pris des marches ensemble. Je l’ai beaucoup observé pour décider de ce que j’allais garder au niveau physique. Il y a plein de stéréotypes face aux malvoyants, et je ne voulais surtout pas tomber dans la caricature. »

Adolescence et différence

Léon est « un ado comme les autres avec un parcours vraiment différent », estime son interprète, qui « ne se définit aucunement par son handicap ». Et au-delà du personnage, Six degrés est une série qui parle d’adolescence et de différence, abordant par exemple des sujets comme la diversité corporelle et sexuelle, mais sans jamais appuyer sur les enjeux au crayon gras.

« C’est fait sans mettre d’étiquette, ce n’est jamais forcé. L’approche est vraie et sensible et on y va en profondeur », juge Noah Parker. Il estime d’ailleurs que Six degrés est davantage une série pour la famille qu’une série jeunesse.

C’est une belle porte, une belle ouverture pour des discussions.

Noah Parker

Le comédien a apprécié aussi le réalisme et la fluidité des dialogues de Simon Boulerice. « Des fois, il y a un gap quand une personne plus vieille écrit pour les jeunes, mais là, je ne l’ai pas vu », estime-t-il. Il a aussi noté sa volonté de rester positif et de montrer des jeunes qui ne s’apitoient pas sur leur sort.

« Leur différence les rend uniques et chacun apprend de l’autre. Oui, il y a des moments dark, mais c’est lumineux malgré tout. »

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Noah Parker (au centre, avec la casquette rouge) faisait partie de la distribution de La déesse des mouches à feu, d’Anaïs Barbeau-Lavalette.

La déesse des mouches à feu

Noah Parker l’avoue, il a un petit faible pour le cinéma. Sa mère fait du montage dans le milieu du documentaire, et il s’est gavé plus jeune de la collection de films de ses parents — il adore La haine, In the Mood for Love, Le Parrain. Aller au Festival du film de Berlin avec la distribution de La déesse des mouches à feu aura été une expérience « malade », mais il préfère la discrétion au vedettariat, rester humble et se concentrer sur le travail. « Tu t’enfles moins la tête comme ça. »

La rencontre avec la réalisatrice de La déesse des mouches à feu, en lice dans 16 catégories au Gala Québec Cinéma qui aura lieu le 6 juin, a d’ailleurs été un grand moment dans sa jeune vie d’acteur.

Anaïs Barbeau-Lavalette est une grande réalisatrice. Elle a une présence, elle est hyper intelligente… il y a une force qui sort d’elle, une autorité naturelle et maternelle, c’est une déesse de la Terre !

Noah Parker

« Quand tu travailles avec elle, tu sais qu’elle ne te voudra jamais de mal. Elle a compris le sens du cinéma, qui est un travail collectif. »

Parfaitement bilingue — son père est néo-zélandais, sa mère québécoise —, Noah Parker rêve d’une carrière à l’extérieur du Québec, aimerait parfaire son jeu à l’Actors Studio de New York, aller à l’université pour apprendre le métier de réalisateur. Alors que la deuxième saison de Six degrés est déjà tournée — mais sa date de diffusion n’est pas encore connue —, il a quelques contrats dont il ne peut parler et continuera de choisir les projets qui l’allument, que ce soit en télé ou au cinéma. Et il compte être là pour de bon.

« Si ce n’est pas à l’écran, ce sera derrière. Ce métier me passionne, c’est sûr que je ne m’en irai pas. »

Six degrés, dès jeudi à 19 h 30 sur ICI Télé.