(Montréal) Dimanche soir, c’était au public de dire merci aux personnalités du petit écran et de souligner leur présence dans leur quotidien. Marquée par une année télévisuelle qui a mis un baume sur les cœurs, la 36e édition du Gala Artis a revisité les moments forts de la dernière année, en humour et en musique. La soirée, diffusée en direct devant un public composé des 63 nommés, a été ponctuée de touchants remerciements, de prestations comiques et de vibrants témoignages.

Tout en musique

La prestation musicale en ouverture du gala a ravi le public. L’énergie du populaire Damien Robitaille et la voix profonde de Mélissa Bédard avaient de quoi redonner le sourire alors qu’ils dominaient la scène.

Le chanteur Corneille est venu ajouter une touche d’émotion à cette charmante prestation à laquelle s’est greffée la chanteuse pop Laurence Nerbonne.

On est passé de Pump Up The Jam à Toujours vivant de Gerry Boulet dans une sélection de morceaux rythmés, majoritairement anglophones.

William Cloutier, gagnant de Star Académie, et Josiane Comeau, sortie victorieuse de La voix, ont interprété des morceaux choisis par les nommés de la catégorie Animateur ou animatrice d’émissions de variétés ou de divertissement, dont Freedom, la sélection de France Beaudoin, Tout tombe à sa place et Toutes les femmes savent danser, celle de Charles Lafortune.

Un peu d’humour

L’année n’a pas été drôle, mais l’humour régnait au gala. Le duo Jodoin-Lafortune avait une tâche ardue : faire rigoler à gorge déployée une salle quasi vide. Ils ont taquiné les nommés, lançant une petite pointe au milieu des arts qui « s’est réinventé ». Peu de rires audibles dans un public clairsemé, mais une complicité solide entre les deux animateurs.

Les présentateurs n’ont pas lésiné non plus. On a eu droit à un savoureux gag de Christian Bégin sur les animateurs de cuisine en temps de COVID-19. Martin Matte, gagnant du trophée dans la catégorie Rôle masculin — comédies, y est allé de bonnes blagues spontanées et mordantes qui ont fait leur chemin parmi les internautes.

Des discours revendicateurs

Plusieurs ont pris la parole dans leur discours ou leur présentation pour rendre hommage, mais aussi dénoncer et souligner certaines situations.

« Pour ce qui brasse dans notre milieu, dans la vie ces temps-ci, j’espère que ça ne sera pas en vain […] Je l’aime, mon milieu, et j’ai envie de l’aimer encore longtemps », a déclaré au micro Sarah-Jeanne Labrosse, récompensée pour son rôle de Donalda dans Les pays d’en haut.

Dans un commentaire ironique, Sophie Cadieux s’est étonnée de l’absence de femmes nommées dans la catégorie Animateur ou animatrice d’émissions de jeux.

Gagnant dans la catégorie Animateur ou animatrice de magazines culturels et talk-shows, Guy A. Lepage a rendu hommage à son ex-fou du roi Dany Turcotte en dénonçant au passage l’agressivité, l’intimidation et les propos haineux qui règnent sur les réseaux sociaux. L’animateur de Tout le monde en parle en a profité pour narguer les trolls.

Du lip sync !

Dans un tour de force humoristique, la reine du lip sync Ariel Charest a offert des imitations désopilantes des nommés dans la catégorie d’animation d’émissions de sport. Affublée de perruque loufoque, maquillée d’une barbe grossière, la jeune femme n’y est pas allée de main morte avec des mimiques hilarantes.

Son jeu de comédienne a amusé tout le monde, incluant les principaux intéressés.

Tout était dans les détails : une imitation de Pierre Houde qui détache sa chemise en s’époumonant, le décompte de 42 buts avec Jean-Charles Lajoie, sans oublier les fous rires de Dave Morissette.

« Merci [Artis] de m’avoir laissé carte blanche afin de présenter les nommées dans la catégorie animateur/animatrice d’émissions de sport ! », a commenté Ariel Charest dans une publication Instagram montrant tout le segment.

Féminicides

Un sujet sombre, nécessaire à aborder même dans un gala : les dix féminicides survenus dans les derniers mois ont choqué le Québec. « Ce n’est pas normal que la réalité rejoigne la fiction », s’est exprimé le coanimateur Guy Jodoin. Le tout suivi d’extraits de scènes de violence conjugale tirées des émissions Les beaux malaises et M’entends-tu ?

Dans un témoignage vibrant, les comédiennes Florence Longpré et Ingrid Falaise ont dénoncé l’innommable.

« Est-ce que c’est trop demander d’aimer sans se faire tuer, tsé la base ? », a laissé tomber la tête d’affiche de la série M’entends-tu ?

« Moi, j’ai appris un nouveau mot cette année et ça s’appelle féminicide. Cessons de laisser passer. On peut tous être des vigies au quotidien », a également affirmé l’animateur Gino Chouinard dans son discours de remerciement.