J’enfile trois paires de gants, pour ne pas contaminer la scène de crime, en écrivant les phrases qui suivent. Parce que a) j’adore ce feuilleton policier et b) je suis pleinement conscient que pondre 120 demi-heures de District 31 par année, c’est un défi colossal, titanesque, digne d’un ultramarathonien du clavier, bravo Luc Dionne.

Mais là, le prolifique scénariste doit resserrer et clarifier ses intrigues, car il est en train de nous perdre.

L’assassinat du juge Pelland (Jean-Bernard Hébert), les liens avec la puissante famille Trottier, le bizarre chargé de cours Vincent Lemaire (Patrick Drolet), le tueur fou du salon de massage Yan Gadbois (Jean-Denis Beaudoin), le fugitif à la main coupée Alain Naud de la compagnie de livraison Ké-Pac, l’étrange Daniel Dujardin (Benoît St-Hilaire) qui a tiré sur Gabrielle Simard (Geneviève Brouillette), et ce même Daniel Dujardin dont le cadavre a été retrouvé dans une chambre de motel, c’est un magma d’informations confuses.

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Le personnage de Nick Romano (interprété par Mathieu Baron) est au cœur d’une des nombreuses intrigues non résolues de District 31.

Bien sûr, tous ces personnages et évènements disparates ont un lien commun, qui s’étire depuis plusieurs semaines déjà. Sporadiquement, un enquêteur saupoudre des indices à propos de cette nébuleuse criminelle. Du genre : le juge Pelland a tranché en faveur de la famille Trottier dans une cause de 500 à 600 millions, mais ça n’avance pas plus loin. L’équipe du 31 fouille encore le meurtre de ma préférée, Virginie Francœur (Catherine-Audrey Lachapelle), et là aussi, ça part dans toutes les directions.

Le coupable est-il le visqueux Nick Romano (Mathieu Baron), qui espérait piéger Francis Garand (Frédérick De Grandpré) et reprendre au rabais son entreprise de construction ?

Le coupable pourrait-il s’appeler Emmanuel Jean (Maxime Mompérousse), qui aurait vengé son frère Léopold, tué en 2017 par quatre prostituées, dont Virginie Francœur ? Les services secrets ont-ils trempé dans ce coup pour tenter de récupérer les diamants bien en sécurité en Italie ? Toutes les hypothèses se tiennent.

Aussi, on prendrait bien des nouvelles de Nesly (Karl Walcott), qui a tabassé Ben Biron (Éric Hoziel) avant de disparaître dans sa voiture de patrouille.

Luc Dionne devrait également régler le cas de Nick Romano, qui en mène large, trop large, en toute impunité. Ce volet traîne la patte et ça commence à tourner en rond. Diamants volés, François Labelle (Peter Miller), Romano, la clé du coffret, l’Italie, faut boucler ça.

Quant au meurtre du juge Pelland, la bande du 31 s’y attardera dans les prochaines semaines. Le nouveau personnage campé par Myriam LeBlanc, la sergente-détective Madeleine Depault, experte des crimes économiques, aidera Patrick Bissonnette (Vincent-Guillaume Otis) et compagnie à démêler tous les fils qui se croisent autour du magistrat, abattu par un livreur de Ké-Pac à son domicile.

Le plus impressionnant, c’est que District 31 ne perd aucun accro malgré la complexité de ses histoires. On a tendance à sous-estimer l’intelligence des téléspectateurs, qui savent que Luc Dionne ne les abandonnera pas dans un cul-de-sac.

Tenez, dans les deux premières semaines de janvier, 1 837 000 accros n’ont pas raté une seconde des aventures de nos policiers préférés. District 31 est un phénomène télévisuel dont on ne mesure pas encore toute la puissance.

Ah oui, j’adore le trio du Service des enquêtes indépendantes (SEI) formé d’André Dallaire (Pierre-François Legendre), de Mélissa Corbeil (Brigitte Paquette) et de la taupe à Yves Jacob (Marc Fournier).

Sans rancune, sans sous-titres

Quelqu’un chez TVA a manqué de vigilance dans l’approbation de l’épisode spécial de Sans rancune, qui a été diffusé dimanche soir. Il y avait 25 anciens académiciens dans les gradins et quand la caméra en montrait un ou une en gros plan, une fois sur deux, on ne savait pas qui c’était.

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D’anciens académiciens se trouvaient dans les gradins lors de la diffusion de l’épisode spécial de Sans rancune.

Bien sûr, les Olivier Dion, Suzie Villeneuve et Marie-Élaine Thibert étaient facilement identifiables. Mais les autres, non. Quand ils ont refait chacune des chansons thèmes de l’émission depuis 2003, ç’aurait été si simple d’afficher leur nom en bas d’écran. Émilie Lévesque, Marc Angers, François Babin, Jean-Philippe Audet, Martin Giroux, Sandy Duperval, Audrey Gagnon ou Sophie Vaillancourt, c’est loin dans notre mémoire collective.

S’il n’avait pas autant réagi à la parodie que Pierre-Yves Roy-Desmarais a faite de lui, jamais je n’aurais reconnu William Deslauriers. Sans rancune a intéressé 997 000 fans dimanche soir, un excellent score. Sans rancune a ainsi battu la soirée d’élimination de Big Brother Célébrités (688 000) sur Noovo. Tout le monde en parle a été l’émission la plus regardée du dimanche avec ses 1 054 000 fidèles.

Pour revenir à Big Brother, il faudrait que la production assume ses choix. On ne montre jamais les extraits litigieux, pour ne pas froisser les téléspectateurs, mais on construit plusieurs épisodes autour de ces fameux propos blessants en laissant les concurrents en jaser ad nauseam.

Les conflits façonnent l’histoire dans le manoir. C’est ça, la téléréalité. Soit on l’accepte, soit on n’en parle juste pas.