Les intrigues ont longtemps été immobiles dans Une autre histoire, comme les corps dont Anémone (Marina Orsini) s’occupe avec soin dans le sous-sol du salon funéraire Amora.

Mais depuis que la nouvelle vie rangée d’Anémone Leduc a fusionné avec son ancienne incarnation rock’n roll de Manon Bouchard — et ses mèches rouges —, attention, ça brasse de Laval à Belleville. Une onde de choc ressentie jusqu’au camp de pêche de (feu) Claudio Romero (Manuel Tadros).

Dans nos téléviseurs, les épisodes du téléroman de Radio-Canada, plus compacts, évoquent les belles années de Mémoires vives, de la même auteure, Chantal Cadieux. Les arbres généalogiques poussent dans toutes les directions et les secrets sautent au visage des protagonistes tel un bouchon de bouteille de limoncello à l’apéro.

Même la petite Laurie Berthier (Sophie Paradis), que l’on a tant cherchée à grands coups de battues sur le mont Saint-Hilaire, est revenue sous les traits d’une avocate, qui reçoit ses nouvelles clientes dans le bois.

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Marina Orsini et Marie Turgeon dans une scène du dernier épisode d’Une autre histoire

Honnêtement, pour un non-initié, ça ne doit pas être évident de démêler le clan Romero de celui des Blanchette, et de qui a fait quoi avec le fusil dans la station-service, à la fin des années 80. Mais pour les fans qui suivent Une autre histoire depuis presque deux ans, c’est la récompense de notre patience.

Depuis le dernier épisode, avec la rencontre des demi-frères Simon (Mikhaïl Ahooja) et Jean-Olivier (Adam Kosh), les six enfants d’Anémone/Manon se connaissent tous. De mémoire, peut-être moins vive, il n’y a qu’Olivia (Laurence Barrette) qui n’a pas encore serré la pince de toute sa parenté du côté des Blanchette. Olivia sait cependant qu’ils existent.

Même Patricia (Marie Turgeon), l’épouse actuelle de Ronald (Vincent Graton), a confronté Manon/Anémone entre deux tests de son de karaoké.

Lundi soir, la scène d’affrontement entre Karla (Marilou Morin, toujours excellente) et sa mère (Marina Orsini) à propos du meurtre de la jeune caissière — et sœur du ténébreux Vincent, vous suivez ? — a été bouleversante.

C’est ça, Une autre histoire. Un soap rempli de liens tordus, d’affaires impossibles, qui piquent évidemment notre curiosité. Comme Karla qui a été volée et violentée par son demi-frère Jean-Olivier sans le savoir. Comme Karla qui a eu un bébé avec Émilien (Patrice Godin), l’amoureux de sa propre mère.

Comme Vincent (Sébastien Ricard) qui travaille aux côtés de la meurtrière de sa petite sœur. D’ailleurs, c’est louche cette zénitude soudaine de Vincent, ramenée de Bali. Ça cache quelque chose de pas très net.

Au rayon des choses nébuleuses, il y a le cas de Ron, qui a repris le boulot avec le criminel Valaire Petterson (Steve Banner). Ce même Valaire pourrait être le père biologique de la fille aînée de Ron, la camionneuse Caroline (Debbie Lynch-White), dont la psychiatre est également la mère d’une amie de ses deux jumelles. Vous êtes toujours là ?

La scénariste Chantal Cadieux est la meilleure pour inventer des personnages de fêlés. À commencer par la mante religieuse de Belleville, la couturière Sophie (Nathalie Coupal), qui a de nouveau dévoilé son côté psychopathe.

La gardienne bizarre Amélie (Kim Despatis), et ex-copine machiavélique du pauvre Ghislain (Christian Essiambre), entre aussi dans cette catégorie de gens de type Fatal Attraction.

Et il y a l’avocat Steeve (Francis Ducharme), qui est en train d’étouffer lentement la relation entre Sébastien (Benoît McGinnis) et Érik (Philippe Thibault-Denis). Tout ce beau monde évolue en zone rouge, genre rond de poêle rouge. Gros danger de blessure.

Resto pandémie académie

PHOTO VAN ROYKO, FOURNIE PAR TÉLÉ-QUÉBEC

Cheryl Johnson et Charles-Antoine Crête, meilleurs amis et fondateurs du Montréal Plaza

« Tout le monde est dans marde. » Le chef Charles-Antoine Crête, du Montréal Plaza, résume parfaitement l’état de la restauration au Québec pendant ces deux vagues de COVID-19 qui ont forcé la fermeture de presque toutes les salles à manger.

Pendant six mois, soit de mars à septembre, une équipe de tournage a suivi l’équipe du coloré chef dans la valse de fermeture, réinvention et réouverture de son réputé restaurant de la Plaza Saint-Hubert, une artère dont le réaménagement ne finit plus de finir, c’est interminable. Vous verrez l’intéressant résultat dans Chef en pandémie mercredi à 20 h sur les ondes de Télé-Québec.

Charles-Antoine Crête, qui décrit le Montréal Plaza « comme un cirque russe avec des femmes à barbe, mais dans la NASA », a fait des sandwiches pour l’Accueil Bonneau, ouvert une épicerie et livré des repas aux travailleurs de la santé.

Le 2 septembre, le Montréal Plaza a finalement accueilli ses premiers clients depuis la mi-mars, mais a dû fermer pour le premier défi 28 jours du gouvernement Legault, qui s’est transformé en défi 56 jours par la suite.

Le chef Crête, grand ami de Normand Laprise du Toqué !, est une bibitte à l’écran. Il fume, se ronge les ongles et sacre abondamment. Il accorde même une entrevue à Édouard Baer, au téléphone, en jouant à la pétanque dans la rue Saint-Hubert (encore) éventrée.

Il y a un truc qui m’a dérangé dans Chef en pandémie : l’absence de distanciation physique. Même au pire de la crise sanitaire, la caméra filme à l’intérieur du Montréal Plaza, où les employés se collent et se tiennent à moins de deux mètres, sans masque. C’est toujours frustrant à voir quand on n’a soi-même pas pu serrer ses parents depuis le 13 mars.

Selon Télé-Québec, « Charles-Antoine et son équipe dédiée se sont, en quelque sorte, créé une bulle dès le printemps ». Hum, ouin, OK.