Le premier mandat du président américain a été si riche en rebondissements et controverses qu’on jurerait que sa trame a été composée par des auteurs de série télévisée. La Presse s’est livrée à une petite expérience, en invitant quatre scénaristes québécois à imaginer quelle serait la saison 2 de cette série trumpienne, advenant une réélection ou une défaite le 3 novembre. Voici le deuxième et dernier volet.

Le lendemain de veille des Trump de Karina Goma

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La scénariste Karina Goma nous présente une désopilante version de la défaite de Trump, vécue de l’intérieur par sa famille.

Dans la trame conçue par Karina Goma (qui a contribué entre autres aux séries Boomerang, Fugueuse et Prozac, et qui travaille actuellement sur un projet de comédie et un long métrage documentaire), on assiste à la réunion de la famille Trump, accusant le choc d’un cuisant revers électoral. On imagine très bien cette scène comme le premier épisode d’une nouvelle saison de téléréalité addictive !

4 novembre 2020, 6 h 45

Dur lendemain de veille à la Maison-Blanche. L’air hagard après une nuit blanche, les héritiers Trump sont réunis à la demande d’Ivanka pour un conseil de famille d’urgence. Un seul point à l’ordre du jour : qui va aller annoncer la nouvelle à papa ? Tout le monde se dévisage, l’air terrifié.

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Il faut dire que personne n’a vu Donald Trump depuis 72 heures. Ce jour-là, bourré de stéroïdes anti-COVID-19, en pleine crise de paranoïa et vêtu d’une robe de chambre de ratine, le président, alias « A Very Stable Genius », s’est réfugié dans le bunker situé sous l’aile est de la Maison-Blanche, persuadé qu’une horde d’antifas satanistes encercle le bureau Ovale pour lui arracher sa victoire électorale. Comme on a coupé l’électricité et son accès à Fox pour l’encourager à sortir, il ignore que Joe Biden a remporté les élections par une écrasante majorité, contrôlant désormais la Chambre ET le Sénat.

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Deux étages plus haut, comme personne ne se porte volontaire, on finit par tirer à la courte paille. C’est Don Jr, alias Fredo, qui hérite de la tâche ingrate d’affronter le patriarche. Soulagé, Eric lui tend une lampe de poche et Ivanka lui rappelle de ne pas s’éterniser : pour échapper aux procédures judiciaires et à la prison, tout le clan Trump s’embarquera dans moins d’une heure pour un vol nolisé par Vladimir Poutine en direction de Moscou. Au même moment, hirsute et généreusement imbibé de scotch, Rudy Giuliani fait son entrée : « Pis, y est-tu sorti de son trou ? »

Tendu, Don Jr. descend les escaliers et ouvre la porte blindée bloquant l’accès au bunker. Papa ? PAPA ? Aucune trace de Donald. Soudain, il entre dans une salle et fige. Sur le sol, le reste d’une boîte de Beefaroni, une robe de chambre maculée de sauce tomate et un dentier. La porte du tunnel sous-terrain menant à l’extérieur de la Maison-Blanche est à demi ouverte… Sur la table à proximité, un seul mot, griffonné sur un bout de papier : « COVFEFE ».

Un second rôle émergent : Kimberly Guilfoyle

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À la suite de la disparition du patriarche, une question se pose : qui des héritiers Trump prendra la tête du Parti républicain ? Le GOP est plus divisé que jamais entre, d’un côté, Ivanka, la favorite et plus que parfaite, et de l’autre, Don Jr., l’aîné et provocateur en chef. Pendant qu’ils se livrent à une sanglante guerre fratricide, un personnage se faufile habilement entre les deux. Kimberly Guilfoyle (51 ans) – regard de feu et voix tonitruante, sulfureuse avocate latina fiancée à Don Jr., ex-commentatrice de Fox accusée de harcèlement sexuel et ex-démocrate recyclée en égérie de la droite conservatrice – refuse de se contenter du rôle de première dame. En pleines primaires, alors que s’entredéchirent Ivanka et Don Jr., elle quitte ce dernier avec fracas et surprend tout le monde en remportant l’investiture, devenant ainsi la candidate républicaine à la présidence contre Kamala Harris en 2024.

Déclin américain et exil trumpien de René Brisebois

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René Brisebois présente l’inexorable déclin américain alors que Trump s’accroche au pouvoir.

René Brisebois, qui présente un parcours étoffé en matière scénaristique (Les Boys, Taxi 22, Patrice Lemieux 24/7, Ces gars-là, Prière de ne pas envoyer de fleurs, pour ne citer que celles-ci), nous présente l’inexorable déclin américain alors que Trump s’accroche au pouvoir. Le salut viendra d’Orient…

Le 4 novembre 2020

Joe Biden remporte l’élection présidentielle. Mais Donald J. Trump refuse de lui concéder la victoire.

Flanqué d’une armée d’avocats et de constitutionnalistes, il s’attaque aux résultats dans chaque État où il perd la course par une faible majorité de votes, mettant en cause le système de votation « truqué », selon lui, par la poste et d'autres manipulations douteuses. Il se sert de ses pouvoirs présidentiels exceptionnels pour exiger de multiples enquêtes et de nouveaux dépouillements, ce qui le maintient artificiellement en poste.

Les États-Unis se retrouvent plongés dans une profonde crise constitutionnelle et des émeutes éclatent aux quatre coins du pays, en plein cœur de la deuxième vague de COVID-19. Chaque jour, les émeutiers des deux camps s’affrontent, ce qui crée un nombre record d’éclosions et dirige le pays vers l’éclatement du système de santé, dès le début de 2021.

Par décret, et sous peine de graves conséquences économiques, les États-Unis ouvrent les frontières et permettent aux citoyens américains moins nantis d’aller se faire soigner au Canada et au Mexique… provoquant l’effondrement des deux systèmes de santé limitrophes.

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L’Amérique du Nord devient alors le plus grand foyer de COVID-19 sur la planète. Sous pression, Trump signe une entente bilatérale et historique avec la Chine. Des centaines de paquebots de croisière sont mobilisés pour envoyer des milliers de patients américains se faire soigner en Chine, lieu d’origine du virus : la boucle de la pandémie est bouclée. Un plan Marshall chinois est adopté en avril 2022 pour favoriser la « reconstruction » de l’Amérique du Nord.

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Joe Biden est finalement déclaré gagnant de l’élection. Trump, désormais visé par des enquêtes pour fraudes fiscales et inconduites sexuelles, tente de fuir le pays. Un proche conseiller lui recommande d’imiter l’ancien premier ministre français Alain Juppé en enseignant temporairement à l’École nationale d’administration publique, au Québec. Mais Trump craint un puissant ressac des associations étudiantes de l’UQAM et opte pour la Turquie, où Recep Tayyip Erdoğan lui offre une terre d’accueil, après s’être fait refuser l’asile en Corée du Nord par son grand ami Kim Jong-un.

Un second rôle émergent : Kamala Harris

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Joe Biden, atteint d’alzheimer et de démence, doit démissionner. Kamala Harris devient la première femme présidente des États-Unis, et nomme Michelle Obama à la vice-présidence. Le duo devient instantanément le pire cauchemar des républicains. Elles travaillent pour l’accès à un système de santé universel et procèdent à deux nominations importantes à la Cour suprême, tout en préparant l’élection de 2024… contre la républicaine Ivanka Trump et sa colistière Claudia Conway, fille de Kellyanne Conway, ancienne conseillère spéciale de Donald J. Trump.